Michel Tournier est allé rejoindre le roi des aulnes de Robert Kopp

Robert Kopp
Robert Kopp
Michel Tournier est allé rejoindre le roi des aulnes Mort le 18 janvier dernier, à l’âge de 91 ans, Michel Tournier aura traversé la vie en homme heureux. Songent un jour à une épitaphe qui lui plût, il retint celle-ci : « Je t’ai adorée, tu me l’as rendu au centuple. Merci la vie ! » Qui aurait le courage de dire la même chose ? Pourtant, il n’a pas gardé de son enfance parisienne un très bon souvenir, ni de ses études, interrompues par son échec – jamais digéré - à l’agrégation, ni de ses petits boulots comme publicitaire, collaborateur de différentes stations de radio et de télévision dans les années soixante. Détestant la capitale, il s’est alors installé dans la vallée de Chevreuse, dans le presbytère de Choisel, qu’il n’a plus quitté. C’est là qu’il composa son premier roman, Vendredi ou les limbes du Pacifique, publié chez Gallimard en 1967 et aussitôt récompensé par le grand prix du roman de l’Académie française. Une réécriture du mythe de Robinson Crusoë, qui tranchait à l’époque du Nouveau Roman et de Tel Quel, par sa pertinence et sa profondeur. Le succès sera immédiat et planétaire, surtout grâce à la version réduite pour les enfants, Vendredi ou La Vie sauvage, en 1971. Traduit en une quarantaine de langues, le livre s’est vendu à plus de sept millions d’exemplaires. En 1970, son deuxième roman, Le Roi des aulnes, obtient le prix Goncourt. Il rejoindra l’Académie deux ans plus tard. Ce récit du mythe de l’ogre dans l’Allemagne nazie...
Michel Tournier est allé rejoindre le roi des aulnes

Mort le 18 janvier dernier, à l’âge de 91 ans, Michel Tournier aura traversé la vie en homme heureux. Songent un jour à une épitaphe qui lui plût, il retint celle-ci : « Je t’ai adorée, tu me l’as rendu au centuple. Merci la vie ! » Qui aurait le courage de dire la même chose ?

Pourtant, il n’a pas gardé de son enfance parisienne un très bon souvenir, ni de ses études, interrompues par son échec – jamais digéré – à l’agrégation, ni de ses petits boulots comme publicitaire, collaborateur de différentes stations de radio et de télévision dans les années soixante. Détestant la capitale, il s’est alors installé dans la vallée de Chevreuse, dans le presbytère de Choisel, qu’il n’a plus quitté. C’est là qu’il composa son premier roman, Vendredi ou les limbes du Pacifique, publié chez Gallimard en 1967 et aussitôt récompensé par le grand prix du roman de l’Académie française. Une réécriture du mythe de Robinson Crusoë, qui tranchait à l’époque du Nouveau Roman et de Tel Quel, par sa pertinence et sa profondeur. Le succès sera immédiat et planétaire, surtout grâce à la version réduite pour les enfants, Vendredi ou La Vie sauvage, en 1971. Traduit en une quarantaine de langues, le livre s’est vendu à plus de sept millions d’exemplaires.

En 1970, son deuxième roman, Le Roi des aulnes, obtient le prix Goncourt. Il rejoindra l’Académie deux ans plus tard. Ce récit du mythe de l’ogre dans l’Allemagne nazie est mieux accueilli en France que de l’autre côté du Rhin, bien qu’il s’inscrive – comme la plupart des livres de Tournier –  dans la tradition du Bildungsroman. Hostile à la littérature de laboratoire qui encombrait les rayons des années soixante aux années quatre-vingts, Tournier disait souffrir « d’une infirmité épouvantable » : « Je ne peux écrire que si j’ai quelque chose à dire ». Il s’est expliqué sur ses intentions l’essai autobiographie, Le Vent du Paraclet, en 1977, revendiquant fièrement son appartenance à la littérature réaliste et naturaliste. Mais il estimait que c’est par les plus jeunes que les lettres survivront ; aussi pensait-il que son travail n’était achevé que lorsqu’il avait réussi à en faire une réduction pour les enfants et les adolescents. C’était son public préféré, si bien qu’à chaque fois que je l’ai invité à l’université de Bâle – et il est venu me voir de nombreuses fois -, il me demandait de lui organiser des rencontres avec des classes de lycéens. Leurs réactions lui apparaissaient comme plus vraies, lui apportaient davantage. Car, comme ses personnages de romans, il estimait que ce sont les enfants qui éduquent les hommes.

Robert Kopp

 

Société d’Etudes françaises de Bâle www.sef-bale.ch

Saison 2015-2016

Cycle de printemps: Transmission et transgression

18 janvier Olivier Millet, L’idée de Renaissance
25 janvier Jean Canavaggio Cervantès humaniste ?
8 février Charles Dantzig L’invention d’un personnage de roman
jeudi à la Fondation Beyeler, à Riehen, à 18h30
3 mars Sophie Webel Pourquoi une Fondation Dubuffet 
7 mars Laurent Nune Ecrire sans le Moi
21 mars Thierry Wolton Le communisme à l’épreuve de l’histoire
4 avril Jean-Pierre Naugrette Sherlock Holmes à Reichenbach
2 mai Loris Petris Fault estre moderé : Michel de L’Hospital, chancelier-poète dans
la tourmente
23 mai William Marx Faut-il prendre la défense de la littérature ? Les conférences 
ont lieu à 18h15 à l‘Université de Bâle, Petersplatz 1, salle 120,

sauf :

•18 et 25 janvier salle 118 
3 mars Fondation Beyeler

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