Paris Beaux-Arts 06.04.2015

salon-Paris-Beaux-Arts-2015-Crédits-Tanguy-de-Montesson-P0-580x215
Study of a human decomposition Gaetano Zumbo (Siracusa 1656 -1701 Paris) Polychrome wax H 50 x W 67 x 27 cm Second half of 17th century Pourquoi me suis-je arrêté si longtemps hier, mi-dégoûté mi-charmé, devant cette sculpture présentée sur le stand de Dario Ghio ? Quelles cordes de quel clavecin de l’âme pinçais-je en moi devant cette Étude de décomposition humaine de Gaetano Giulio Zumbo, célèbre céroplaste né à Syracuse en 1656 et mort à Paris en 1701 ? Je l’aurais achetée sans hésitation si ma fortune me l’avait permis. Dans une boîte noir et or, vitrée comme un reliquaire, un arrêt sur image : un buste pourrissant fiché dans l’humus, les yeux au ciel comme chez Guido Reni, un rat gourmand sur l’épaule et partout, rentrant et sortant par la bouche, par les joues, descendant ou remontant la trachée, des vers et des insectes, blancs, bruns, noirs. Horrible mais sublime mais horrible mais sublime… Se peut-il que l’on meure vraiment ainsi en donnant, ne serait-ce qu’à ses propres yeux éteints, pareil spectacle ? Sans doute admirais-je là une « indéniable virtuosité mise au service d’un admirable sens de l’observation » (comme eût dit une notice de catalogue), mais encore une adéquation : cette cire si délicatement travaillée, qui demanda tant de temps à l’artiste, m’a paru vulnérable comme la chair pour laquelle l’Homme se démène. Cette boîte ne renferme-t-elle pas un peu de ce silence effrayant dont parlait Pascal ? Mais en même temps, me suis-je répondu,...
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Study of a human decomposition
Gaetano Zumbo (Siracusa 1656 -1701 Paris)
Polychrome wax H 50 x W 67 x 27 cm
Second half of 17th century

Pourquoi me suis-je arrêté si longtemps hier, mi-dégoûté mi-charmé, devant cette sculpture présentée sur le stand de Dario Ghio ? Quelles cordes de quel clavecin de l’âme pinçais-je en moi devant cette Étude de décomposition humaine de Gaetano Giulio Zumbo, célèbre céroplaste né à Syracuse en 1656 et mort à Paris en 1701 ? Je l’aurais achetée sans hésitation si ma fortune me l’avait permis. Dans une boîte noir et or, vitrée comme un reliquaire, un arrêt sur image : un buste pourrissant fiché dans l’humus, les yeux au ciel comme chez Guido Reni, un rat gourmand sur l’épaule et partout, rentrant et sortant par la bouche, par les joues, descendant ou remontant la trachée, des vers et des insectes, blancs, bruns, noirs. Horrible mais sublime mais horrible mais sublime… Se peut-il que l’on meure vraiment ainsi en donnant, ne serait-ce qu’à ses propres yeux éteints, pareil spectacle ? Sans doute admirais-je là une « indéniable virtuosité mise au service d’un admirable sens de l’observation » (comme eût dit une notice de catalogue), mais encore une adéquation : cette cire si délicatement travaillée, qui demanda tant de temps à l’artiste, m’a paru vulnérable comme la chair pour laquelle l’Homme se démène. Cette boîte ne renferme-t-elle pas un peu de ce silence effrayant dont parlait Pascal ? Mais en même temps, me suis-je répondu, c’est beau, ça vit toujours. Ce que j’aimais surtout dans cette œuvre, ce que j’aurais aimé contempler chez moi, c’était une idée intense de la vie, la vie complexe, complète, où les départs empiètent sur les arrivées et les chutes sur les élans. Souviens-toi, m’a dit ce visage « habité », de Baudelaire pointant la beauté de la charogne, du pot-pourri, de l’odeur du basilic q

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