12-09-2014 : Valentin Benoît

benoit
Valentin Benoît Considérons d’abord ce décor général des plus réussis, signé Jacques Grange, qui a voulu évoquer les jardins de Versailles. Le murmure d’une fontaine salue votre entrée. Heureux camaïeu de verts ! La moquette pleine d’entrelacs, le treillage sur les parois, les arbustes en bacs, les photographies d’un feuillage montées en paravents, tout s’harmonise, tout  magnifie la structure – verte – de la verrière. L’œil oublie la ville et se prépare à goûter les merveilles de ce jardin éphémère. On entre dans tel ou tel stand comme on entrait jadis dans un bosquet, curieux, cherchant l’ombre et l’éclat qui se peut cacher dans celle-ci. Allons d’abord admirer ce qui était encore, au temps de Molière, la grande affaire : les antiques (nous disons aujourd’hui les « antiquités gréco-romaines »); allons d’abord chez Phoenix Ancient Art. Murs et sols sombres, colonnes grèges. On peut, si on le veut, si on le peut, la preuve est ici, posséder un portrait du Fayoum … Mais une œuvre m’attire plus encore que ce mort barbu couronné d’or. Sur une amphore grecque attribuée au peintre d’Alkimachos, datée du milieu du cinquième siècle avant notre ère, je vois un éphèbe nu, les bras croisés sur la poitrine, les mains sur les épaules. Nulle autre figure. Il est seul. Où sont ses compagnons ? Le vent s’est-il levé ? Il faut se draper à nouveau et rentrer… Le charme particulier de ce vase est simple : ce petit Grec, que je crois soudain si bien comprendre, a… –...
Valentin Benoît
Valentin Benoît

Considérons d’abord ce décor général des plus réussis, signé Jacques Grange, qui a voulu évoquer les jardins de Versailles. Le murmure d’une fontaine salue votre entrée. Heureux camaïeu de verts ! La moquette pleine d’entrelacs, le treillage sur les parois, les arbustes en bacs, les photographies d’un feuillage montées en paravents, tout s’harmonise, tout  magnifie la structure – verte – de la verrière. L’œil oublie la ville et se prépare à goûter les merveilles de ce jardin éphémère. On entre dans tel ou tel stand comme on entrait jadis dans un bosquet, curieux, cherchant l’ombre et l’éclat qui se peut cacher dans celle-ci. Allons d’abord admirer ce qui était encore, au temps de Molière, la grande affaire : les antiques (nous disons aujourd’hui les « antiquités gréco-romaines »); allons d’abord chez Phoenix Ancient Art. Murs et sols sombres, colonnes grèges. On peut, si on le veut, si on le peut, la preuve est ici, posséder un portrait du Fayoum … Mais une œuvre m’attire plus encore que ce mort barbu couronné d’or. Sur une amphore grecque attribuée au peintre d’Alkimachos, datée du milieu du cinquième siècle avant notre ère, je vois un éphèbe nu, les bras croisés sur la poitrine, les mains sur les épaules. Nulle autre figure. Il est seul. Où sont ses compagnons ? Le vent s’est-il levé ? Il faut se draper à nouveau et rentrer… Le charme particulier de ce vase est simple : ce petit Grec, que je crois soudain si bien comprendre, a… – mais pense-t-on jamais à ceci quand on rêve à la vie sur les terres d’Athéna et d’Apollon ? – a froid. J’imagine son frisson discontinu, son indécision, je lui crée une cousine en la personne de la Frileuse de Houdon, etc. Goûtées également : sur le stand plus intimiste de la galerie Gilgamesh, appartenant à une statue brisée, les plus belles fesses de la Biennale; et sur le superbe stand tout en longueur, tout de métal et de miroir de la galerie Chenel (signé Ora ïto), une réjouissante tête de Koré.

Artpassions Articles

E-Shop

Nos Blogs

Instagram Feed