Deux cents œuvres de Toulouse-Lautrec sont réunies au Grand Palais, dans une exposition visant à la fois à réinscrire l’artiste et à dégager sa singularité.
Les biographies regorgent souvent de rapports de cause à effet hasardeux qui n’ont d’autre justification que l’imagination débridée du biographe. Pas impossible en revanche qu’il y en ait un entre le quasi nanisme de Toulouse-Lautrec, né à Albi en 1864, et l’alliance incestueuse de ses parents. C’est qu’il fut un temps, dans la noblesse, où l’on se mariait entre soi – meilleur moyen que l’on avait trouvé pour éviter la partition des terres et des biens –, et ces mariages successivement contractés accouchaient d’une progéniture à la santé fragile et délicate, doux euphémismes pour qualifier des enfants débiles, ou infirmes, ou disgracieux – ou les trois : il n’est qu’à voir la cour d’Espagne au « siècle d’or », et les portraits sans concessions qu’en fit Velázquez : fronts fuyants, mâchoires prognathes, et dans les regards cette impression troublante qu’il n’y a jamais eu la lumière à tous les étages.
Au Grand Palais jusqu’au 27 janvier 2020
Les Toulouse-Lautrec étaient une des plus vieilles familles nobles de France, ils n’échappaient pas à la règle des mariages consanguins : les grands-mères d’Henri étaient sœurs, ses parents cousins germains, et lui fut dès l’enfance affligé d’une maladie osseuse héréditaire : ses fémurs étaient si fragiles que les jambes s’arrêtèrent de pousser. Il ne dépassa jamais le mètre cinquante-deux.