Penseur éclairé, à la fois peintre et écrivain, d’origine polonaise, Józef Czapski, né à Prague en 1896 et mort à Maisons-Lafitte en 1993, a vécu les tragédies et les bouleversements du XXe siècle . Il sera confronté à la Première et à la Seconde guerre mondiale en tant que soldat et officier. Il en connaîtra les affres et revers , il sera notamment emprisonné dans les camps soviétiques. Après guerre, Czapski s’installe près de Paris et ne pourra plus jamais retourner en Pologne. Il deviendra un membre actif de la revue de dissidence polonaise « Kultura »éditée en France. Il ne cessera de dénoncer le totalitarisme et les mensonges de l’histoire.
La destruction de ses œuvres, pendant la guerre, le poussera à se remettre au travail dès le début des années quarante et cela pendant plus de cinquante ans. Les trois cents volumes de ses journaux intimes quotidiens en sont le témoignage . Ce sont des notes, des recherches, des dessins et des aquarelles entremêlés qui seront la source de tous ses textes littéraires , de ses essais sur l’art et de ses tableaux.
Tels « Souvenirs de Starobielsk », « Terre inhumaine », « L’Oeil », « Tumultes et spectres ».
C’est surtout la peinture qui donnera un sens à sa vie, un language pictural fondé sur la tache de couleur, concentré sur la nature distillée, épurée visant l’essentiel. Cette exposition, à travers un choix de journaux, de livres, de dessins, de tableaux, d’autoportraits, de natures mortes, de paysages, de scènes du quotidien , donne à voir le processus de création de l’écriture à la peinture , fruit d’une âme humaniste.
Parallèlement, une cinquantaine de tableaux sont présentés à Chexbres à la Maison des arts Plexus de Richard Aeschlimann, ami galeriste suisse depuis les années soixante-dix. La Suisse lui fut aussi un lieu de refuge où se sont noués des liens privilégiés avec d’autres artistes , des écrivains et des éditeurs : L’Âge d’Homme et Noir sur Blanc notamment .
Une exposition à ne pas manquer , le parcours d’un artiste qui a vécu les ravages d’un monde en guerre et ses conséquences douloureuses .
Fondation Jan Michalski, Montricher, Suisse jusqu’au 17 janvier 2021.