Le 25 octobre, une étude nouvellement attribuée au maître de la Haute Renaissance et imaginée pour les Stanze du Vatican, est attendue sous le marteau entre 400 000 et 600 000 euros.
Les collectionneurs chevronnés de belles feuilles sont prévenus : la bataille d’enchères devrait être au rendez-vous. En effet, il est rarissime que le marché des enchères dévoile de telles œuvres sous le marteau, surtout si elles ont été exécutées par Raffaello Sanzio, plus connu sous le nom de Raphaël, l’artiste central de la Haute Renaissance italienne. Ce dessin tardif, estimé entre 400 000 et 600 000 euros, est une véritable (re)découverte comme le souligne Paul Joannides, professeur émérite d’histoire de l’art à l’université de Cambridge, qui a confirmé l’attribution.
Il s’agit plus précisément d’un dessin à la craie rouge sur laquelle on retrouve un cheval et un cavalier. Elle est particulièrement importante en raison de son rôle dans divers projets artistiques plus ambitieux du XVIe siècle : la décoration des appartements pontificaux du Vatican. En réalité, la feuille est une étude préparatoire pour une section de la fresque de la Bataille du Pont Milvius de la Salle des Constantin. Les Stanze, qu’on nomme « Chambres Raphaël », sont aujourd’hui considérées comme l’une des réalisations les plus fondamentales de l’Histoire de l’art. Pour rappel, elles ont été commandées au maître italien par le pape Jules II et ses successeurs.
L’oeuvre de Raphaël est l’un des trois seuls dessins préparatoires survivants de la fresque réalisée par ce dernier, les deux autres se trouvant au Louvre et au Museum d’Oxford. « Les détails de composition et de style confirment qu’il s’agit d’une étude préparatoire de Raphaël pour la célèbre fresque. Il a une énergie, une verve, un mouvement et une qualité qui font de cette feuille une rareté exceptionnelle », explique Mark MacDonnell, spécialiste des maîtres anciens chez Dorotheum.
La feuille a été conservée dans diverses collections privées jusqu’aux années 1930 avant d’être acquise par le collectionneur Iohan Quirijn van Regteren Altena. En 1940, ce dernier a publié l’étude dans un magazine britannique comme étant une œuvre de Rubens. C’est en 2015 qu’elle a refait surface aux enchères, chez Christie’s à Paris, où elle fut décrite comme une école italienne du XVIe siècle et achetée par l’actuel propriétaire. Enfin, et pour l’anecdote, Raphaël n’a malheureusement pas vécu assez longtemps (il est mort en 1520) pour voir son oeuvre finale achevée. C’est Giulio Romano, son élève, qui s’attela à la tâche pour terminer la peinture de son maître. Au verso, on retrouve également des dessins de l’assistant de Raphaël, Polidoro da Caravaggio, exécutés ultérieurement.
« Tableaux anciens », 25 octobre 2023, Dorotheum, Dorotheergasse 17, 1010 Vienne, dorotheum.com