ALESSANDRO MENDINI LE MAGICIEN DU TEMPS AU SIHH

Prodigieuse incursion au Salon de la Haute Horlogerie à Genève, qui réunit pour la première fois l’art du temps et sa symbolique, grâce à la présentation de treize œuvres sculpturales d’Alessandro Mendini, maître italien de l’objet «hyperhumain». Architecte, intellectuel et créateur charismatique, chantre, dès les années soixante, de la formidable aventure humaine du design radical et du controdesign pourfendeur de l’orthodoxie moderniste, il est ce personnage iconoclaste qui, d’«anomalies» en «anomalies» joyeusement corrosives, ne cesse de transgresser les limites de l’objet pour développer une nouvelle relation au monde. Pour Alessandro Mendini, 80 ans, l’architecture et le design ne sont pas une fin en soi, mais un moyen de retrouver un lien intime avec les choses. Quelles que soient ses œuvres, il part toujours d’une hypothèse anthropomorphique où l’homme est au cœur de la recherche. Une culture incarnée Inviter Alessandro Mendini à interpréter le temps avec des pièces exécutées par des mains virtuoses, c’est rendre hommage à ces métiers de l’art horloger, sommet de la maîtrise en matière d’expertise artisanale. On ne s’étonnera pas que ce soit à la Fondation des Métiers d’Art de Milan obsédée par la sauvegarde de cette culture des savoir-faire que revient l’initiative de l’exposition, aux côtés de la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain, institution parisienne qui a souvent fait appel à Mendini dans ses expositions et scénographies. Dans l’exposition organisée par la Fondation de la Haute Horlogerie dans le cadre du SIHH, impossible de ne pas citer également le soutien de la manufacture genevoise Vacheron Constantin qui,...

Prodigieuse incursion au Salon de la Haute Horlogerie à Genève, qui réunit pour la première fois l’art du temps et sa symbolique, grâce à la présentation de treize œuvres sculpturales d’Alessandro Mendini, maître italien de l’objet «hyperhumain».

Architecte, intellectuel et créateur charismatique, chantre, dès les années soixante, de la formidable aventure humaine du design radical et du controdesign pourfendeur de l’orthodoxie moderniste, il est ce personnage iconoclaste qui, d’«anomalies» en «anomalies» joyeusement corrosives, ne cesse de transgresser les limites de l’objet pour développer une nouvelle relation au monde. Pour Alessandro Mendini, 80 ans, l’architecture et le design ne sont pas une fin en soi, mais un moyen de retrouver un lien intime avec les choses. Quelles que soient ses œuvres, il part toujours d’une hypothèse anthropomorphique où l’homme est au cœur de la recherche.

Une culture incarnée

Inviter Alessandro Mendini à interpréter le temps avec des pièces exécutées par des mains virtuoses, c’est rendre hommage à ces métiers de l’art horloger, sommet de la maîtrise en matière d’expertise artisanale. On ne s’étonnera pas que ce soit à la Fondation des Métiers d’Art de Milan obsédée par la sauvegarde de cette culture des savoir-faire que revient l’initiative de l’exposition, aux côtés de la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain, institution parisienne qui a souvent fait appel à Mendini dans ses expositions et scénographies. Dans l’exposition organisée par la Fondation de la Haute Horlogerie dans le cadre du SIHH, impossible de ne pas citer également le soutien de la manufacture genevoise Vacheron Constantin qui, depuis sa fondation en 1755, excelle dans les techniques d’ornementations précieuses et ne cesse d’entretenir une relation passionnée avec les métiers d’art qu’elle couronne par une collection éponyme, témoin de l’ingéniosité humaine.

Du 21 au 25 janvier, sur fond de photos qui en révéleront la genèse et le développement, douze œuvres seront exposées à l’entrée du SIHH, véritables personnages totémiques parcourant le temps autour d’un cadran idéal. Un parcours complice de nos propres rythmes, fragmenté par des pointes ou des taches qui indiquent les moments à ne pas oublier ou les instants sur lesquels il faut s’arrêter. Figurant la couronne d’un remontoir, la treizième sculpture accueille les visiteurs comme une méridienne kaléidoscopique, sorte d’indice polyédrique tourné vers les points cardinaux d’un temps à chérir comme un trésor. Au total, une collection d’identités singulières, mais qui composent un ensemble unitaire troublant. «Le dialogue silencieux mais éloquent des objets et des matières constituent une forme puissante de communication entre soi et l’autre, entre l’homme et les traces par lesquelles nous cherchons à lire et interpréter le cosmos» commente le Directeur de la Fondation des Métiers d’Art.

Bronze, céramique, cuivre doré, verre soufflé, bois incrusté, laqué, mosaïque, dentelles de Cantù, plexiglas ou cristal sérigraphié: «Chaque objet, note Mendini, a été étudié pour mettre l’accent sur les valeurs d’excellence des métiers et des matériaux de l’artisanat. Leur langage visuel est cohérent avec chacune des treize matières utilisées.» De grands fabricants, tels Venini, Bisazza, Riva 1920, Cleto Munari, Gori Lab, Giovanni Scacchi ont prêté leurs compétences manuelles à ce jaillissement créatif.

PARCOURS 1931 | Naissance à Milan.

1959 | D’abord attiré par la peinture et les cartoons, Mendini opte finalement pour l’architecture et obtient le diplôme de l’Ecole Polytechnique de Milan.

1970-1976 | Directeur de la revue Casabella, il fonde parallèlement la contre-école de design Global Tools en1973.

1978 | Création du fauteuil Proust.

1977 | Il fonde la revue Modo et rejoint en 1979 le Studio Alchimia. Il reçoit la même année le Compasso d’Oro du design pour ses recherches théoriques.

1979-1985 | Direction de la revue Domus, reprise en 2010.

1981 | Compasso d’Oro pour son «Mobile Infinito».

1989 | Crée l’Atelier Mendini avec son frère Francesco, à Milan.

2002 | Exposition «Fragilisme», Fondation Cartier pour l’Art Contemporain, Paris.

2009 | Rétrospective à l’Ara Pacis Museum à Rome. Colonne Cartier, Art Basel.

2010 | Nouvelle version du Groninger Museum aux Pays-Bas, qu’il réinvente avec la jeune génération de designers: Maarten Baas, Studio Job et Jaime Hayon.

2012 | Scénographie de l’exposition «Histoires de voir», Fondation Cartier pour l’Art Contemporain, Paris.

2013 | «Art & Craft & Design. Le temps vu par Alessandro Mendini et ses artisans». Exposition itinérante, en première au SIHH, Genève du 21 au 25 janvier.

Membre honoraire de la Bezalel Academy of Arts and Design de Jérusalem, Chevalier des Arts et des Lettres en France, prix Architectural League à New York, Alessandro Mendini collabore avec des maisons internationales, telles qu’Alessi, Cartier, Bisazza, Venini. Il a fait partie des créateurs de collections pour les montres Swatch. Ses travaux sont exposés dans divers musées et collections privées

L’autre beauté

Celui pour qui la beauté n’est ni conventionnelle ni esthétique, mais émotionnelle, ne cesse depuis plus de quarante ans de produire du sens. De sa chaise, Scivolavo (1975) sur laquelle il est impossible de s’asseoir sans glisser, en passant par son fauteuil Proust (1978), iconique critique du design de masse inspirée par le pointillisme de Signac, jusqu’au Cavalier de Dürer (2011) né du choc ludique entre mosaïque précieuse et grand jouet d’enfant, tous les objets – pièces uniques ou accessoires du quotidien – qu’il détourne de leur signification première se font signe, tous porteurs de pensée et de sentiment. À la frontière du design et de l’art, multipliant les références culturelles qu’il fragmente, mélange, provoque dans son vocabulaire éclaté, Alessandro Mendini crée des «présences», des formes habitées qui suscitent aussitôt de secrètes connections dans l’imaginaire. «Tous les objets ont une vie» dit-il. Ceux qui nous attendent au SIHH, tourneront ensuite de par le monde en 2013, à commencer par les Journées européennes des métiers d’art qui se tiendront à Milan en avril prochain. Les pièces seront ensuite vendues au profit d’organismes de bienfaisance.

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