CONSÉCRATION ROYALE POUR JOANA VASCONCELOS!

Phénomène de la jeune scène portugaise, née à Paris, la plasticienne au tempérament frondeur installe dix-sept sculptures tentaculaires dans les jardins et les appartements de Versailles… A 40 ans, Joana Vasconcelos compte bien laisser à Versailles une empreinte aussi forte que sa personnalité. Appréciée par François Pinault, qui l’expose au Palazzo Grassi et à la Fondation LVMH, elle trône dans sa théâtrale cape de satin. À l’image de son univers insolent et baroque, avec un sens exubérant du Drama, elle détourne les objets du quotidien et bouscule les symboles. Articulé sur les contraires: masculin – féminin, pouvoir – soumission… son travail ironique ourlé d’humanité puise dans l’architecture royale un terrain d’expression historique. Première femme à investir Versailles après Jeff Koons, Takashi Murakami, Xavier Veilhan et Bernar Venet, elle attaque l’espace par la couleur et l’humour, déjouant l’art viril de la sculpture. Effet coup de poing visuel garanti ! Car en conjuguant son ambition avec le savoir-faire des grandes manufactures, elle respecte une symbiose entre la tradition patrimoniale du château et son ouverture à l’art contemporain. Ses œuvres d’une franche autonomie par rapport aux canons classiques de l’art ne relèvent pas pour autant d’un nouveau dadaïsme kitsch. Elle a produit huit sculptures inédites dans son atelier de Lisbonne avec le soutien du gouvernement portugais et de sa pétillante galeriste parisienne Nathalie Obadia. Pour décoder ce travail cohérent, précis et raffiné, interrogeons son inspiration, plus subversive qu’il n’y paraît… Comment avez-vous ressenti cette invitation ? Comme le défi le plus fascinant de ma...

Phénomène de la jeune scène portugaise, née à Paris, la plasticienne au tempérament frondeur installe dix-sept sculptures tentaculaires dans les jardins et les appartements de Versailles…

A 40 ans, Joana Vasconcelos compte bien laisser à Versailles une empreinte aussi forte que sa personnalité. Appréciée par François Pinault, qui l’expose au Palazzo Grassi et à la Fondation LVMH, elle trône dans sa théâtrale cape de satin. À l’image de son univers insolent et baroque, avec un sens exubérant du Drama, elle détourne les objets du quotidien et bouscule les symboles. Articulé sur les contraires: masculin – féminin, pouvoir – soumission… son travail ironique ourlé d’humanité puise dans l’architecture royale un terrain d’expression historique. Première femme à investir Versailles après Jeff Koons, Takashi Murakami, Xavier Veilhan et Bernar Venet, elle attaque l’espace par la couleur et l’humour, déjouant l’art viril de la sculpture. Effet coup de poing visuel garanti ! Car en conjuguant son ambition avec le savoir-faire des grandes manufactures, elle respecte une symbiose entre la tradition patrimoniale du château et son ouverture à l’art contemporain. Ses œuvres d’une franche autonomie par rapport aux canons classiques de l’art ne relèvent pas pour autant d’un nouveau dadaïsme kitsch. Elle a produit huit sculptures inédites dans son atelier de Lisbonne avec le soutien du gouvernement portugais et de sa pétillante galeriste parisienne Nathalie Obadia. Pour décoder ce travail cohérent, précis et raffiné, interrogeons son inspiration, plus subversive qu’il n’y paraît…

Comment avez-vous ressenti cette invitation ? Comme le défi le plus fascinant de ma carrière ! J’ai choisi de représenter ce que serait la vie à Versailles si cet univers exubérant et grandiose était transféré à notre époque. Avec Catherine Pégard, présidente de l’établissement, j’ai choisi de célébrer la présence de la femme dans cette architecture masculine d’apparence, mais dont l’esthétique évoque bals, robes et perruques. J’y ressens des vibrations entre quotidien et magie, festif et tragique. Tant d’artistes y ont travaillé ! Je poursuis la tradition, mais avec des ordinateurs, dans un langage contemporain pour communiquer avec Phénomène de la jeune scène portugaise, née à Paris, la plasticienne au tempérament frondeur installe dix-sept sculptures tentaculaires dans les jardins et les appartements de Versailles… les visiteurs. Si mon œuvre est politique ? Contaminations, World Game, je montre ici une vision positive de ce que l’on fait de mieux: la paix !

Mary Poppins, œuvre textile, accueille les visiteurs à l’Escalier Gabriel, telle une Super Nanny ses enfants… J’ai découvert Versailles à l’âge d’un an et demi, le château a nourri mon imaginaire de princesse. Pour y recevoir comme à la cour, Mary Poppins, chimère en tricot et crochet cousu main, resplendit de pompons, galons, boutons et autres attributs de valeurs dites féminines. Mais c’est un ensemble cohérent de mes œuvres que je montre. Du Salon de la Guerre où un Cœur Indépendant Noir et silencieux témoigne d’un sentiment intense; au Salon de la Paix avec sa version Rouge qui, sur un air de fado ensorcelant d’Amália Rodriguez, rythme l’amour sur l’espérance. Inspirés d’une pièce de joaillerie portugaise, les cœurs de Viana – médaillons portés le jour du mariage comme un symbole de richesse familiale – sont construits en fourchettes et couteaux de plastique incarnant une vision contemporaine de la femme traditionnelle. À la Galerie des Glaces, Marylin, escarpins en casseroles inox de 4m sur 3, pointe un glamour hollywoodien façon Magicien d’Oz.

Intervenir dans les appartements de la Reine est votre plus gros défi.

La loggia de l’Escalier de la Reine accueille Vitrail, tapisserie polychrome exécutée dans la tradition des Gobelins par la Manufacture de Portalegre. Dans la Chambre, une Perruque en acajou foisonne de cheveux blonds incrustés d’or avec un effet inattendu de barbe à papa XXL. Et un couple de lions monumentaux, prisonniers d’une résille de dentelle blanche ajustée sur mesure, détonne !

Pour la première fois la Galerie des Batailles s’ouvre à l’art contemporain. J’y ai rencontré l’espace parfait pour suspendre cinq Valquerias: (Walkyries) déesses survolant les champs de bataille pour sauver les guerriers. Muséale, cette pièce aux 35 peintures historiques, dédiée par le roi Louis-Philippe à «toutes les gloires de France», avait besoin, comme le pouvoir, d’une introduction féminine. Mes Martiennes, dont la texture va de la plus noble, la soie: Silk, l’or: Golden, le brocart: Royale, à la plus rustique: Trousseau et Excesso, à l’image de Marie-Antoinette vagabondant dans le Trianon, se veulent les témoins de toutes les femmes. Elles incarnent le luxe, la puissance et l’esthétique rurale (motifs traditionnels de Nisa) en dénonçant les modes éphémères. L’ensemble ouvre de nouvelles perspectives en assimilant les femmes aux divinités…

Dans les jardins, vous célébrez les arts de la table avec un goût affirmé de la métaphore. Fidèle à l’idée des contraires, le Pavillon du thé est féminin, celui du vin, Carafon, masculin. Des tonnelles en arabesques de fer de 7m transposent les routines du quotidien dans un monde étrange mais familier. Dans l’antichambre du Grand Couvert, Dauphin et Dauphine, énormes langoustes en céramique enveloppées de crochet, sont inspirées du bestiaire de Rafael Bordalo Pinheiro et s’admirent comme deux amants attendant le repas royal. Au Parterre d’eau, Blue Champagne, chandelier à deux branches réalisé en milliers de bouteilles de champagne Pommery, offre un effet magique de symétrie. Clin d’oeil lumineux au ready-made de Marcel Duchamp, il prolonge un dialogue féerique.

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