LE CULTE DE L’OBJET RARE

Du 14 au 23 septembre 2012 aura lieu, à Paris, la 26e édition de la Biennale des Antiquaires. L’un des rendez-vous les plus importants du monde du luxe et de l’art. Comme chaque année, la mise en scène de l’événement a été confiée à un grand créateur, qui choisit un thème susceptible de fédérer les quelque 130 exposants. Après André Crivelli, Jean-Raphaël Millies-Lacroix, Pier-Luigi Pizzi, Jean-Michel Wilmotte ou Christian Lacroix, ce sera au tour de Karl Lagerfeld de faire vibrer l’immense verrière du Grand Palais. Il s’est laissé porter par l’architecture du lieu pour créer une atmosphère de fête «Paris 1900» avec quantité de boutiques ouvertes sur la rue. «Le plus important – dit avec gourmandise Christian Deydier, l’actuel président du Syndicat des Antiquaires, attrapé entre deux long-courriers – c’est la qualité irréprochable des objets proposés.» Et d’ajouter, en caressant une petite sculpture hindoue du XVIIIe siècle posée sur son bureau: «Là-dessus nous sommes absolument intraitables et c’est ce qui assure à la Biennale son caractère unique au monde.» En effet, non seulement les exposants sont triés sur le volet par une commission de sélection, mais chacun des objets exposés est examiné par un comité d’experts composé de plusieurs spécialistes, affectés les uns aux meubles du XVIIe et du XVIIIe, d’autres aux tableaux anciens, d’autres encore à la sculpture pré-colombienne ou extrême-orientale, aux arts d’Afrique et d’Océanie. Car il y a une qualité «Biennale», une sorte de la bel. «Nous sommes un salon cher, mais nous ne transigeons en aucune manière...

Du 14 au 23 septembre 2012 aura lieu, à Paris, la 26e édition de la Biennale des Antiquaires. L’un des rendez-vous les plus importants du monde du luxe et de l’art. Comme chaque année, la mise en scène de l’événement a été confiée à un grand créateur, qui choisit un thème susceptible de fédérer les quelque 130 exposants. Après André Crivelli, Jean-Raphaël Millies-Lacroix, Pier-Luigi Pizzi, Jean-Michel Wilmotte ou Christian Lacroix, ce sera au tour de Karl Lagerfeld de faire vibrer l’immense verrière du Grand Palais. Il s’est laissé porter par l’architecture du lieu pour créer une atmosphère de fête «Paris 1900» avec quantité de boutiques ouvertes sur la rue.

«Le plus important – dit avec gourmandise Christian Deydier, l’actuel président du Syndicat des Antiquaires, attrapé entre deux long-courriers – c’est la qualité irréprochable des objets proposés.» Et d’ajouter, en caressant une petite sculpture hindoue du XVIIIe siècle posée sur son bureau: «Là-dessus nous sommes absolument intraitables et c’est ce qui assure à la Biennale son caractère unique au monde.» En effet, non seulement les exposants sont triés sur le volet par une commission de sélection, mais chacun des objets exposés est examiné par un comité d’experts composé de plusieurs spécialistes, affectés les uns aux meubles du XVIIe et du XVIIIe, d’autres aux tableaux anciens, d’autres encore à la sculpture pré-colombienne ou extrême-orientale, aux arts d’Afrique et d’Océanie. Car il y a une qualité «Biennale», une sorte de la bel. «Nous sommes un salon cher, mais nous ne transigeons en aucune manière sur le caractère exceptionnel de ce que nous voulons proposer.» Voilà qui est clair.

L’institution revient d’ailleurs de loin. Dans tous les sens du terme. Créée en 1962 par le Syndicat des Antiquaires – que Christian Deydier a déjà présidé entre 2002 et 2008 – la Biennale s’était d’abord installée au Grand Palais dont André Malraux avait ouvert les portes. Mais la gigantesque verrière de cet édifice créé pour l’Exposition universelle de 1900 – en même temps que le Petit Palais et le Pont Alexandre III – menaçait de s’effondrer. Le lieu fut donc fermé pour travaux… et ceci pendant plus de dix ans ! Quant à la Biennale, elle fut exilée du côté des Galeries du Louvre, installation prestigieuse, certes, mais plus étriquée, moins festive. Et, surtout, la surface utilisable était beaucoup moins grande. Aussi le nombre des exposants a-t-il diminué considérablement et les jeunes galeries, notamment, se sont fait plus rares. Une perte d’autant plus sensible que les grandes maisons de vente aux enchères rendent la vie des galeristes de plus en plus dure.

Ce n’est qu’en 2004, que la Biennale a pu réintégrer le Grand Palais. Petit à petit, elle a retrouvé le dynamisme d’antan, développant sa surface d’année en année et accueillant jusqu’à 130 exposants dont de plus en plus de jeunes. Les mises en scène festives dues à Christian Lacroix ou à Pier-Luigi Pizzi ne comptent pas pour peu dans la réussite de l’événement. Toutefois, celui-ci ne s’adresse volontairement pas au grand public. «Ce ne sont pas les curieux que nous voulons attirer – précise Christian Deydier – nous nous adressons aux amateurs, aux connaisseurs.» Donc à une clientèle internationale de collectionneurs d’objets d’exception dans tous les domaines. C’est ainsi que la Biennale se situe parmi les autres salons et foires qui ont tendance à se multiplier dans le monde. Paris, capitale du luxe, l’est également dans ce domaine. La Biennale se veut un événement «haut de gamme». On n’y va pas pour chiner, ni pour découvrir quelqu’artiste débutant dont les toiles seraient encore abordables pour de jeunes cadres moyens.

C’est aussi une des raisons pour lesquelles l’art contemporain est quasiment absent de la Biennale. «Pour l’art moderne et contemporain, mieux vaut aller à Artbasel, à la Freeze ou à la FIAC, c’est leur boulot, ce n’est pas le nôtre.» À moins qu’il s’agisse d’une sculpture de Damien Hirst que les matériaux utilisés apparentent à la haute joaillerie. Ou d’un objet de Jeff Koons que le marché a déjà consacré. Ou d’une toile de Basquiat devenue elle aussi également hors de prix.

En revanche, c’est bien à la Biennale que l’on trouvera les plus beaux meubles anciens, signés par les plus grands ébénistes, les plus beaux bijoux venant du monde entier, les livres les plus somptueusement reliés. «Mais nous sommes très regardants pour tout ce qui est restauration», insiste Christian Deydier. En effet, tous les objets sont garantis par des certificats minutieusement détaillés. «Et ceci pendant vingt ans, c’est-à-dire quatre ou cinq fois plus longtemps que ce que vous proposent les maisons de vente !» Décidément, notre interlocuteur tient à défendre la spécificité de son métier. «Nous prenons beaucoup plus de risques ! Nous achetons les objets, nous les gardons parfois pendant des années avant de trouver le client idoine. D’ailleurs, nous ne vendons pas à n’importe qui. Nous connaissons nos clients, nous les écoutons, nous les conseillons. Nous ne nous contentons pas d’établir un catalogue et de pousser les enchères.» Et les objets, ils ne viennent pas vous trouver tout seuls, il faut aller les chercher, quitte à aller au bout du monde.

Le but de la Biennale est donc l’illustration et la défense d’une profession que l’on a presque envie de dire ancestrale, celle d’antiquaire de très haut vol, qui exerce souvent son métier depuis plusieurs générations, mais qui, dans le contexte actuel du marché des objets d’art, est soumis à une rude concurrence, voire menacé. Une économie qui travaille en flux tendu a horreur des stocks; ils immobilisent des capitaux et coûtent cher. Par ailleurs, le public de la Biennale n’est guère extensible. Mais il importe de le fidéliser. C’est pourquoi le rythme bisannuel est parfois mis en cause. «Que faire dans les années impaires ? Des expositions dans d’autres pays ? Des événements parisiens mais d’un ordre un peu différents ? En tout cas, une pause de deux ans, c’est trop, on risque d’être oublié.» On voit que le bouillonnant président du Syndicat n’a aucune envie de gérer le déclin de sa profession, bien au contraire, il déborde d’idées et de projets. L’actuelle Biennale est sa meilleure carte de visite.

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