LE PARCOURS DES MONDES: UNE INVITATION AUX VOYAGES

Confronter son regard à des formes nouvelles, découvrir des cultures dont on ignorait jusqu’à l’existence, admirer des pièces inédites présentées, non sans orgueil, par la fine fleur des marchands, voilà ce que le néophyte comme le collectionneur aguerri attendent du Parcours des Mondes, le plus important salon d’art premier. Une fois n’est pas coutume: nous avons décidé de dévoiler en avant-première trois chefs-d’œuvre qui disent l’éclectisme de cette exceptionnelle manifestation. Ouvrez grand les yeux ! MASQUE DE L’EST DU GROENLAND Le galeriste belge Serge Schoffel n’est pas peu fier de présenter ce masque inuit de l’est du Groenland ayant appartenu à un artiste danois. Sans doute, le plasticien qui en fit l’acquisition, fut-il sensible au caractère expressionniste de cette trogne hallucinée, née dans ces immensités désertiques battues par les vents et le froid. Car l’art polaire n’est guère «aimable»: c’est un langage de la transe qui dit les difficultés de ces hommes à dialoguer avec les puissances invisibles de l’au-delà. Dans cet univers hostile où la nourriture se fait rare, il convient donc d’amadouer les esprits avant d’aller chasser la baleine, le phoque ou l’ours. Respecté et redouté tout à la fois, un personnage joue un rôle essentiel auprès de ces communautés: le chaman, le médiateur par excellence entre les animaux et les humains, l’être capable de voyager entre les différents règnes. C’est peut-être l’une de ces métamorphoses que décrit précisément cette face «gorgonienne» au sourire édenté. Un œil ouvert, l’autre plissé, une bouche tordue en un affreux rictus et...

Confronter son regard à des formes nouvelles, découvrir des cultures dont on ignorait jusqu’à l’existence, admirer des pièces inédites présentées, non sans orgueil, par la fine fleur des marchands, voilà ce que le néophyte comme le collectionneur aguerri attendent du Parcours des Mondes, le plus important salon d’art premier. Une fois n’est pas coutume: nous avons décidé de dévoiler en avant-première trois chefs-d’œuvre qui disent l’éclectisme de cette exceptionnelle manifestation. Ouvrez grand les yeux !

MASQUE DE L’EST DU GROENLAND Le galeriste belge Serge Schoffel n’est pas peu fier de présenter ce masque inuit de l’est du Groenland ayant appartenu à un artiste danois. Sans doute, le plasticien qui en fit l’acquisition, fut-il sensible au caractère expressionniste de cette trogne hallucinée, née dans ces immensités désertiques battues par les vents et le froid. Car l’art polaire n’est guère «aimable»: c’est un langage de la transe qui dit les difficultés de ces hommes à dialoguer avec les puissances invisibles de l’au-delà. Dans cet univers hostile où la nourriture se fait rare, il convient donc d’amadouer les esprits avant d’aller chasser la baleine, le phoque ou l’ours. Respecté et redouté tout à la fois, un personnage joue un rôle essentiel auprès de ces communautés: le chaman, le médiateur par excellence entre les animaux et les humains, l’être capable de voyager entre les différents règnes. C’est peut-être l’une de ces métamorphoses que décrit précisément cette face «gorgonienne» au sourire édenté. Un œil ouvert, l’autre plissé, une bouche tordue en un affreux rictus et ces lignes reflétant le tracé de quelque mystérieux tatouage, à moins que ce ne soient des ficelles destinées à provoquer la distorsion, la grimace: tout, dans ce masque, oscille entre le rire et l’effroi. Ce «croque mitaine des glaces» devrait trouver facilement acquéreur tant il dégage une intensité spirituelle, mystique. Il rappelle aussi furieusement les autres masques collectés dans les années trente par Paul-Émile Victor dans la région d’Ammassalik, pour le compte du futur musée de l’Homme. André Malraux n’avait pas hésité à placer l’un d’entre eux dans son Musée imaginaire de la sculpture mondiale. C’est plutôt bon signe ! Masque de l’est du Groenland. Début du XXe siècle, bois, hauteur 23 cm. Ancienne collection Ib Geersten, Danemark.

FIGURE D’AUTEL Il est des marchands à la passion communicative. Dans leur jolie galerie de la rue Visconti, à Paris, figure toujours un choix de pièces exceptionnelles provenant essentiellement d’Indonésie. Sans doute Alexandra Pascassio et Davide Manfredi apprécient-ils le langage raffiné et inventif de ces myriades d’îles qui semblent jeter un pont entre l’Asie et l’Océanie. Cette petite figure d’autel provenant des Moluques ne déroge pas à la règle: on y devine des affinités électives avec les sculptures des tombeaux joraï vietnamiens comme avec les statues korvar du monde océanien. Ici comme là-bas, la mort est souveraine, et le culte des ancêtres devient prétexte à des solutions plastiques d’une rare élégance. C’est aussi le même souffle qui traverse ces peuples: celui de l’antique culture de Dong Song dont on peut suivre la trace jusque dans les tissages de Bornéo et de Sumatra. En dépit de la modestie de sa taille (moins de 20 cm), cette statuette dégage une intériorité profonde. Elle rappelle à tout vivant la brièveté de l’existence, les secrets opaques de la mort… Figure d’autel, Leti, Moluques, Indonésie, XIXe siècle, hauteur 17 cm.

MASQUE DE L’HIMALAYA Alain Bovis fait partie de ces marchands qui aiment arpenter des territoires extrêmes, traquer le Beau là où on ne l’attend pas. Il a été ainsi l’un des tout premiers à goûter l’aspect brut de ces masques primitifs himalayens dont la beauté «convulsive» et la rugosité en déroutaient plus d’un. À l’instar du collectionneur Marc Petit qui publia sur eux un ouvrage magistral salué par la critique, il a su détecter leur incroyable palette de solutions plastiques, qui tendent à prouver que l’art de ces plasticiens est bien plus savant qu’on ne le croit. Pour preuve, ce remarquable exemplaire séduit par sa belle patine sombre, l’élégance de ses traits, la subtilité de son modelé. On est ici bien loin des masques comme taillés à la serpette, ou de ces trognes grimaçantes et bourrues comme l’affectionne d’ordinaire cette région du monde. Mais le Népal est un creuset de cultures et de croyances, un carrefour par lequel ont transité les esprits et les dieux, les artistes comme les chamans. Laissons donc planer sur ce beau visage aux prunelles évidées toute sa part de mystère… Masque de l’Himalaya, Gurung (?), Népal, XIXe siècle ou antérieur, bois et métal, hauteur 21 cm.

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