Jean-Francois Fourtou

En 2012, il enchantera les vitrines Hermès rive gauche à Paris et sera exposé à la JGM. Galerie. Ce sculpteur planétaire ne fixe pas de limite à son aire de jeu, de l’armory Show à New-York à l’affordable art Fair de Bruxelles, en passant par Miami art Basel et Shanghaï… Mais c’est à Marrakech qu’il magnifie, façon Lewis Carroll, un domaine de 10 hectares. Visite d’atelier… A «Dar el Sadaka», la maison de celui qui cherche en sanscrit, Jean-François Fourtou sculpte son empreinte. Enfant du paradis à la mèche angélique, il installe à 46 ans son laboratoire à ciel ouvert au cœur du domaine familial et révèle la magie de sa démesure artistique. Grandeur nature, sans socle, pour leur donner l’air vivant, les animaux d’une arche de Noé enchantent l’architecture. La brebis borde la piscine, la girafe veille aux repas – Oraïto en possède la jumelle dans son loft parisien – oies, orangs-outangs, cheval et trompe d’éléphant jouent aux anges gardiens loufoques. Plasticien iconoclaste, diplômé des Beaux-Arts de Paris, l’artiste construit des maisons à échelle variable, toujours liées à son histoire intime. Au détour d’un labyrinthe d’oliviers, la Maison de Géant, ressuscite le séjour de sa grand-mère. Immenses, les meubles et les objets ont les proportions qu’il en percevait enfant. La chambre de sa fille est réservée aux Lilliputiens et Tombée du Ciel, une maison à l’envers, reproduit celle du grand-père. Aussitôt, une histoire s’imagine… L’émotion provoquée par la notion d’échelle décapsule les souvenirs. L’enfant roi à la recherche du temps...

En 2012, il enchantera les vitrines Hermès rive gauche à Paris et sera exposé à la JGM. Galerie. Ce sculpteur planétaire ne fixe pas de limite à son aire de jeu, de l’armory Show à New-York à l’affordable art Fair de Bruxelles, en passant par Miami art Basel et Shanghaï… Mais c’est à Marrakech qu’il magnifie, façon Lewis Carroll, un domaine de 10 hectares. Visite d’atelier…

A «Dar el Sadaka», la maison de celui qui cherche en sanscrit, Jean-François Fourtou sculpte son empreinte. Enfant du paradis à la mèche angélique, il installe à 46 ans son laboratoire à ciel ouvert au cœur du domaine familial et révèle la magie de sa démesure artistique. Grandeur nature, sans socle, pour leur donner l’air vivant, les animaux d’une arche de Noé enchantent l’architecture. La brebis borde la piscine, la girafe veille aux repas – Oraïto en possède la jumelle dans son loft parisien – oies, orangs-outangs, cheval et trompe d’éléphant jouent aux anges gardiens loufoques. Plasticien iconoclaste, diplômé des Beaux-Arts de Paris, l’artiste construit des maisons à échelle variable, toujours liées à son histoire intime. Au détour d’un labyrinthe d’oliviers, la Maison de Géant, ressuscite le séjour de sa grand-mère. Immenses, les meubles et les objets ont les proportions qu’il en percevait enfant. La chambre de sa fille est réservée aux Lilliputiens et Tombée du Ciel, une maison à l’envers, reproduit celle du grand-père. Aussitôt, une histoire s’imagine… L’émotion provoquée par la notion d’échelle décapsule les souvenirs. L’enfant roi à la recherche du temps perdu met en scène le passé dans un hoquet d’enfance où l’art fait patiner le temps.

Qu’avait de magique votre enfance ? J.-F. Fourtou: Mon premier monde est ponctué de déménagements. Jusqu’à 8 ans, à Ménilmontant, avec mes parents et mes deux petits frères, je voyais quotidiennement mes grands-parents. En partant pour Neuilly-sur-Seine, la greffe, plutôt une déchirure, n’a jamais pris ! La logique l’a emporté sur la magie, l’analyse a gelé l’émotion et tout s’est gâté… Heureusement, ma professeur de dessin a eu l’intuition de mon adolescence malheureuse et a éveillé en moi une façon d’exprimer ma spontanéité par un bac option dessin lourd ! Mais je souffrais de ne plus voir autant mes grands-parents.

Qu’incarnait ce grand-père dont, 30 ans après la mort, vous restituez la maison comme si elle tombait du ciel ? Mon grand-père maternel avait une bienveillance et une disponibilité extraordinaires. Il m’a transmis des valeurs d’amour et d’attention envers les autres que j’essaie à mon tour d’insuffler. Avec rien, il fabriquait des choses magiques comme un bas-relief sculpté sur une feuille de magnolia et je garde comme un trésor les cartes postales calligraphiées qu’il m’envoyait. Cet état de pureté liée à la petite enfance me construit.

Votre discipline de fer vous rassure-t-elle ? J’ai d’abord suivi une analyse, mais se mettre au service du mental pour avancer dans la quête de soi est un puits sans fond qui ne me convient pas. Grâce au yoga et à la méditation, j’ai appris à observer et à prendre de la distance pour retrouver une pureté originelle. Cartésien, notre esprit a besoin d’analyse; moi, je cherche l’harmonie dans l’instant pour la partager. Me réveiller au lever du soleil, méditer, être végétarien sans être radical pour ne braquer personne, me permet de retranscrire cette pureté. Et je ne suis pas le seul de la famille à être imprégné d’enfance, mon frère écrit un livre sur notre grand-père !

Pourquoi sculpter des animaux ? Ma première sculpture était une brebis. J’ai commencé par dessiner des animaux pour Disney en créant une société de produits dérivés. Je les photographie puis démarre un travail d’atelier solitaire, selon des techniques de modelage acquises aux Beaux-Arts. J’ai longtemps sculpté des femelles enceintes puis j’ai pensé arrêter! Mais ce désir m’accompagne toujours: orang-outang, girafe, éléphant, cheval, escargots, oies et abeilles composent mon bestiaire.

Aujourd’hui vous apparaissez sur vos photos. Cela ne participe pas d’un ego trip mais d’un état d’harmonie, de connexion avec moi-même. Je raconte mon histoire! En cherchant, même sans trop savoir ce que l’on cherche, on trouve des réponses sur l’essentiel et pour moi, c’est de l’ordre de l’amour. J’entre en scène après mes aïeux et mes parents dans la Maison Ruche que je termine. Comme des abeilles, ils travaillent tout le temps dehors et rentrent peu. Frustré de n’être pas architecte – l’architecture est une sculpture encore plus complexe – j’apprends sur le terrain! Cet art profondément matriciel offre dans le retour à la maison une sensation de protection que je traque. À Paris, je partage une maison de poupée avec ma fille de 7 ans. Place des Vosges, mon atelier de jeunesse est une miniature envahie de sculptures escargots. À Marrakech, j’habite la plus petite chambre du Riad. Et dans la Maison Ruche, l’une des alvéoles, les toilettes sont une boîte à musique en miroir dont 4 portes ouvrant au hasard perturbent la sensation d’espace.

La notion de trace, c’est votre oxygène? Elle est essentielle à partir du moment où le passé n’empêche pas d’avancer. À la nostalgie, je préfère l’idée de transmission des valeurs du passé. Tel un poids lourd, j’avance lentement et construis sur le long terme. Avoir des yeux d’enfant est un travail herculéen!

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