Au XiXe siècle et au début du XXe siècle, ce sont surtout les écrivains qui faisaient intervenir l’art dans leurs romans ou dans leurs essais, tels Chateaubriand, Stendhal, Aragon, Breton ou, plus tard, l’écrivain et peintre Pierre Klossowski. Aujourd’hui, l’intérêt pour l’art est largement répandu et il est dominé par la critique. Mais le plus perspicace des critiques ne peut commenter que ce qu’on lui offre à voir.
Fils de chef d’orchestre, Pierre Huber s’est entièrement voué à la cause de l’art. Il a ainsi parcouru le monde en quête de nouveaux artistes dans le domaine contemporain. Sa curiosité pour les pays dits émergents lui a permis de faire connaître des artistes de tous les continents, de l’Inde et de la Chine.
Pierre Huber obtient d’abord un diplôme de sport et de gymnastique pour former les athlètes aux compétitions internationales. Il fait également un apprentissage de cuisinier et en 1976, il ouvre à Genève un premier restaurant-galerie, L’Escapade, où sont exposés essentiellement des artistes genevois et suisses, puis un deuxième restaurant: La Parenthèse. Excellent cuisinier, il décroche avec son associé Daniel Studhalter, une étoile dans le guide Miche lin. Il inaugure ensuite, en 1984, la Galerie Pierre Huber à Genève dédiée aux artistes internationaux.
En 1993, la galerie change de nom pour s’appeler Art & Public, et s’installe au quartier des Bains, lieu mythique de l’art contemporain à Genève, qui regroupe le Centre d’art contemporain ainsi que nombre de galeries dévouées à cette période de l’art. Pierre Huber expose dans sa galerie des artistes internationaux de grande renommée, des années 1960 à 1990, tels Richard Serra, Sol LeWitt, Carl André, Daniel Buren, Cindy Sherman, Jeff Koons, Louise Lawler, John Chamberlain, Sherrie Levine, pour ne citer qu’eux. En 1994, il participe activement à la création du MAMCO (Musée d’art moderne et contemporain). Par la suite, Pierre Huber donne une nouvelle orientation à sa galerie et modifie son programme. Il se concentre sur la découverte et la promotion de jeunes artistes suisses et internationaux et expose les premières Wall Paintings de John Armleder, entre autres.
De 1995 à 1998, il préside l’Association suisse des galeries. À ce titre, il est le représentant des galeries suisses à l’«Art» – la foire de Bâle. Il fait partie de la commission, avec les galeristes Félix Buchmann et Gianfranco Verna, qui passera trois jours au Tessin pour réorganiser la foire et créer un nouveau concept, bientôt adopté par le comité et la direction de la foire. Ils participent également à l’«Art Kommission». Son but est d’ouvrir une section dévolue aux tendances nouvelles; ce sera Art Unlimited. Dans l’ensemble, il s’attache à promouvoir la dimension internationale et à intégrer la mondialisation, afin de faire de Bâle la première foire du monde et non une foire locale. Pierre Huber fait partie du groupe de travail Genève, art contemporain, mis sur pied par l’Hôtel du Rhône à Genève, et qui devait impliquer plusieurs palaces, mais qui hélas n’aboutira pas au développement escompté.
En 2003, cet infatigable concepteur crée encore un groupe de travail pour la collection et les expertises, ainsi que pour la réalisation de projets spécifiques avec les institutions et les artistes. Il mène également une réflexion sur le concept intellectuel et commercial du développement des foires de l’art. La République française lui décerne le titre d’officier de l’ordre des Arts et des Lettres. Une année plus tard, il invente un nouveau concept de foire internationale, sur le principe de Best of. En 2007, il est curateur de la foire ShContemporary à Shanghaï.
Après une absence de quelques années, loin du paysage de l’art contemporain genevois, Pierre Huber y revient avec sa galerie Art & Public dans le quartier des Bains. Inlassable voyageur, accompagné de son assistante, Françoise Sunier, qui travaille avec lui depuis 1985 – il se partage entre la Suisse, le Portugal et la Colombie – Pierre Huber a parcouru le monde pour visiter les foires de Hong Kong, de Saõ Paulo, de Miami ou de Bombay. Il a pu constater l’éclosion des galeries d’art à Pékin. La concurrence chinoise est telle que la Foire de Bâle vient de racheter la Foire de Hong-Kong. Et s’il est vrai que les artistes chinois envahissent le marché, non seulement à Bâle, mais dans tous les pays et tous les continents, leur reconnaissance internationale a permis une ouverture politique de la part du gouvernement chinois à laquelle il a largement contribué.
Pierre Huber, riche de son expérience jalonnée de réussites et d’échecs, adulé par certains, critiqué par d’autres, envisage d’écrire un livre sur l’évolution du marché de l’art. Il est l’auteur tout désigné pour cette analyse.