Jacques Prévert

Comme chacun le sait, l’œuvre foisonnante de Jacques Prévert accorde une large place à l’humour. «Depuis trop longtemps on prenait l’humour à la légère», a déclaré le poète, «il s’agit maintenant de le prendre à la lourde» ! Cet humour décapant, corrosif, réglait aussi son quotidien, comme le montre le document publié ici, soit une de ces cartes dont il faisait grand usage. Une fente permettait d’y glisser d’autres petits papiers. Par exemple un chèque, adressé à son tailleur, avec ces mots: «Mieux vaut tard que jamais» ! Dans le cas présent, il s’agit d’un billet portant la réponse à un solliciteur: «J’autorise la reproduction dans l’anthologie de la poésie contemporaine…» suit l’énumération des trois textes concernés. Sur cette carte, Prévert s’est représenté en diablotin, tout noir, avec cornes et longue queue. Mais que son correspondant se rassure ! Le poète n’a pas de mauvaise intention à son égard, témoin la fleur qu’il a mise dans sa main. Le dessin date de 1964. Son auteur se trouve alors au faîte de sa carrière. Le grand public l’a adopté. Et l’on va jusqu’à l’enseigner dans les écoles. Des dessins comme celui-ci, et d’autres plus élaborés, ce diable d’homme en a laissé beaucoup. Avec les collages, dans la manière des surréalistes dont il a partagé un temps l’idéal militant, ils constituent une œuvre graphique non négligeable, bien que marginale et sans prétention. Reste la question: pourquoi Prévert s’identifie-t-il au démon ? Probablement que ce choix n’est pas étranger à son athéisme, doublé d’un...

Comme chacun le sait, l’œuvre foisonnante de Jacques Prévert accorde une large place à l’humour. «Depuis trop longtemps on prenait l’humour à la légère», a déclaré le poète, «il s’agit maintenant de le prendre à la lourde» !

Cet humour décapant, corrosif, réglait aussi son quotidien, comme le montre le document publié ici, soit une de ces cartes dont il faisait grand usage. Une fente permettait d’y glisser d’autres petits papiers. Par exemple un chèque, adressé à son tailleur, avec ces mots: «Mieux vaut tard que jamais» ! Dans le cas présent, il s’agit d’un billet portant la réponse à un solliciteur: «J’autorise la reproduction dans l’anthologie de la poésie contemporaine…» suit l’énumération des trois textes concernés.

Sur cette carte, Prévert s’est représenté en diablotin, tout noir, avec cornes et longue queue. Mais que son correspondant se rassure ! Le poète n’a pas de mauvaise intention à son égard, témoin la fleur qu’il a mise dans sa main.

Le dessin date de 1964. Son auteur se trouve alors au faîte de sa carrière. Le grand public l’a adopté. Et l’on va jusqu’à l’enseigner dans les écoles.

Des dessins comme celui-ci, et d’autres plus élaborés, ce diable d’homme en a laissé beaucoup. Avec les collages, dans la manière des surréalistes dont il a partagé un temps l’idéal militant, ils constituent une œuvre graphique non négligeable, bien que marginale et sans prétention.

Reste la question: pourquoi Prévert s’identifie-t-il au démon ? Probablement que ce choix n’est pas étranger à son athéisme, doublé d’un anticléricalisme intransigeant, féroce. Voir, par exemple, sa version sulfureuse du fameux prologue de l’Évangile de Jean: 

«… et puis le Verbe s’est fait cher et il a quêté parmi nous.»

Prévert est mort le 11 avril 1977; et l’on préfère se souvenir de l’enchanteur qu’il pouvait être, lui qui avait conservé de son enfance «la clef du grenier des rêves éveillés».

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