Genève – galeries: la nouvelle donne

Peinture flamande et hollandaise, art contemporain, art aborigène, Genève élargit toujours plus son offre culturelle. Rue de l’Hôtel-de-Ville, à l’angle de la place de la Taconnerie, l’ancienne et respectable galerie de Jacques Bénador, décédé en janvier 2010, est méconnaissable. Les lieux, repeints de blanc, ont été savamment et discrètement remodelés. De l’avis général, ils sont devenus l’un des espaces les plus agréables de la Vieille-Ville. Il est vrai que le spectacle en vaut la peine. De petites salles en enfilade, mansardées, ce qui ajoute à leur charme, aboutissent à la bibliothèque, chaleureuse à souhait. Un cadre de rêve qui n’en met que mieux en valeur les tableaux accrochés aux murs. Et quels tableaux ! C’est tout le faste et la joie de vivre, flamande surtout et hollandaise, des XVIe et XVIIe siècles, qui s’offrent aux regards éblouis et ravis. On a envie de marquer un temps d’arrêt prolongé, devant tant de beauté apaisante, qui passionnait un Marcel Proust. Cette ouverture genevoise est comme le couronnement d’une belle histoire dont le premier chapitre a été écrit en 1976 lorsque Georges De Jonckheere, en compagnie de son père antiquaire, ouvre une galerie à Bruxelles. Sept ans plus tard, ce sera l’ouverture de sa soeur parisienne, quai Voltaire tout d’abord, et dès 1994, au 100 rue du Faubourg Saint-Honoré. «Cette peinture a traversé le temps, commente Georges De Jonckheere. Elle a apporté beaucoup à la peinture occidentale, elle est même à l’origine de la peinture à l’huile. Elle a su regarder la nature,...

Peinture flamande et hollandaise, art contemporain, art aborigène, Genève élargit toujours plus son offre culturelle.

Rue de l’Hôtel-de-Ville, à l’angle de la place de la Taconnerie, l’ancienne et respectable galerie de Jacques Bénador, décédé en janvier 2010, est méconnaissable. Les lieux, repeints de blanc, ont été savamment et discrètement remodelés. De l’avis général, ils sont devenus l’un des espaces les plus agréables de la Vieille-Ville. Il est vrai que le spectacle en vaut la peine. De petites salles en enfilade, mansardées, ce qui ajoute à leur charme, aboutissent à la bibliothèque, chaleureuse à souhait. Un cadre de rêve qui n’en met que mieux en valeur les tableaux accrochés aux murs. Et quels tableaux ! C’est tout le faste et la joie de vivre, flamande surtout et hollandaise, des XVIe et XVIIe siècles, qui s’offrent aux regards éblouis et ravis. On a envie de marquer un temps d’arrêt prolongé, devant tant de beauté apaisante, qui passionnait un Marcel Proust.

Cette ouverture genevoise est comme le couronnement d’une belle histoire dont le premier chapitre a été écrit en 1976 lorsque Georges De Jonckheere, en compagnie de son père antiquaire, ouvre une galerie à Bruxelles. Sept ans plus tard, ce sera l’ouverture de sa soeur parisienne, quai Voltaire tout d’abord, et dès 1994, au 100 rue du Faubourg Saint-Honoré. «Cette peinture a traversé le temps, commente Georges De Jonckheere. Elle a apporté beaucoup à la peinture occidentale, elle est même à l’origine de la peinture à l’huile. Elle a su regarder la nature, créer une certaine verve et manier la couleur comme personne.» L’aura des frères De Jonckheere est telle qu’ils ont prêté sans problème trois Cranach, à l’exposition du Musée du Luxembourg, à Paris. Cet automne, dès le 14 octobre, la galerie présentera Vingt Chefs-d’œuvre Inédits. Galerie de Jonckheere, 7, rue de l’Hôtel-de-Ville, Genève, tél. + 41 22 310 80 81 | www.dejonckheere-gallery.com

À Genève depuis peu, Rodolphe de Causans a fait un choix radicalement nouveau. En louant de façon temporaire un espace dans la Vieille-Ville, selon une mode qui tend à se répandre. Rue Étienne-Dumont, à deux pas du Bourg-de-Four, c’est une antenne de la prestigieuse galerie Salomon Lilian, qui s’offre aux regards fascinés. Encore peu connue sous nos latitudes, établie au bord d’un canal du cœur historique d’Amsterdam depuis 1989, la galerie propose des tableaux hollandais du XVIIe siècle, et flamands des XVIe et XVIIe siècles, dont Salomon Lilian s’est fait une grande spécialité. Ce n’est pas sans raison que l’on invoque, dans les milieux de l’art, la «Lilian quality». Descendant d’une grande famille aristocratique française, juriste de formation, Rodolphe de Causans s’est décidé, il y a six ans, à faire l’acquisition de tableaux pour son propre compte et en partenariat avec Salomon Lilian qui les revendait par la suite. C’est en janvier 2011 finalement qu’a été prise la décision de s’implanter à Genève. Jusqu’au 15 juillet, la galerie propose une quinzaine d’œuvres hollandaises et flamandes du XVIIe siècle. Dont Jan Steen, Willem van de Velde, Frans Francken le Jeune. Autant de découvertes en forme de plaisirs. Galerie Salomon Lilian, 14, rue Étienne-Dumont, 1294 Genève, tél. + 41 79 943 04 01 | www.salomonlilian.com

Dans le paysage artistique genevois, Arnaud Serval occupe une place à part. Ce Genevois n’a pas hésité à partir à 19 ans, non pas pour un banal tour du monde, mais pour rencontrer d’autres hommes à l’autre bout de la planète, en Australie. Deux décennies durant, il a passé plusieurs mois chaque année dans le bush, démontrant ainsi que des découvertes sont encore possibles. Cette vie à ras de terre, au contact quotidien d’égal à égal avec les Aborigènes, en position d’écoute, lui a valu une certaine autorité, un mot qu’il n’aime sûrement pas, mais surtout, lui a permis de constituer une collection unique par son ampleur et par sa diversité. Cette collection est vivante, grâce à de très nombreuses expositions à travers le monde et par suite de prêts à des musées et à des institutions. Elle n’est pas figée mais au contraire en évolution constante. Genève a bien de la chance: Arnaud Serval vient d’ouvrir une galerie d’un genre nouveau. Une sorte de vaste entrepôt, rue des Voisins, à l’arrière du Théâtre de la Comédie, où les murs restent gris et humbles. Ils n’en mettent que mieux en valeur les toiles aux couleurs vives, à la fois simples et raffinées, de créateurs humanistes désireux de transmettre de génération en génération des savoirs encyclopédiques vieux de milliers d’années. La plus belle des évasions… Carry On, Art Aborigène, 18, rue des Voisins, 1205 Genève, tél. 022 328 16 80 | www.carry-on.ch

Charly Bailly est un homme de terrain, cela se sent au premier contact. Expansif, toujours en mouvement, l’enthousiasme est chez lui une seconde nature. Dans la Vieille-Ville, il fait montre d’une certaine furia alla francese, traduisez par joie de vivre, dont témoignait déjà le roi François Ier pendant les Guerres d’Italie. Charly Bailly est né à Paris où son père, Charles, avait ouvert une galerie, quai Voltaire, en 1977. Il a fait ses études à Londres puis il a exploré méthodiquement le monde de l’art en effectuant des stages chez Sotheby’s, à Londres, New York, Amsterdam, Paris, Milan. Après avoir travaillé deux ans chez son père où il apprend toutes les facettes du métier, de la brocante aux expertises, il s’installe à Genève où il crée sa propre société il y a quatre ans. Ce qui ne l’empêche pas de voyager dans l’Europe entière, à la recherche de beaux tableaux, anciens ou modernes. «J’aime chercher et trouver, c’est la dernière chasse au trésor contemporaine», confesse-t-il. De toute cette quête, déjà initiée et pratiquée par son père, il résulte une mémoire prodigieuse, unique, sous la forme d’une bibliothèque de plus de 140 000 livres sur l’art et d’une photothèque de quelque 600 000 photos. Mais sa grande fierté est sa dernière exposition à thème, «Le Cheval dans la peinture», qui lui vaut de nombreuses visites, y compris de la part de très jeunes enfants, avec leurs parents ou en visite d’école. Charly Bailly Fine Art, 10, rue de l’Hôtel-de-Ville, 1204 Genève, tél, + 41 22 827 24 24 | www.charlybailly.com

On ne pénètre pas chez Larry Gagosian sans une pointe d’émotion. Le personnage, mondialement connu, est au centre de bien des conversations, laudatives ou critiques dissimulant mal alors, parfois, une pointe d’envie. Dans un très bel immeuble de style Art Deco – entre rue du Rhône et Vieille-Ville, la surprise est pourtant totale. À l’étage, on se trouve dans une sorte de galerie-bureau, à moins que ce ne soit l’inverse, dont on devine que la simplicité apparente a été attentivement étudiée. Une équipe d’ouvriers est occupée à repeindre les murs blancs en gris, pour accueillir les œuvres de Glenn Brown, un artiste anglais fétiche de la galaxie Gagosian. Une paroi factice a même été ajoutée pour multiplier les accrochages. Et voici que surgit la directrice, vive, pleine de charme. Depuis neuf ans chez Larry Gagosian, cette Genevoise a quitté Londres pour venir diriger, depuis novembre 2010, l’antenne genevoise où tout est bonheur. Les expositions se déroulent à la perfection. Dès la première édition, «Giacometti in Switzerland», les visiteurs et les curieux ont afflué en nombre. Tout comme pour la suivante, sur les dessins de Richard Serra, exposé aussi cet été à la Fondation Beyeler. Bien que légèrement en marge, la galerie est intégrée dans le circuit de l’Art en Vieille-Ville: elle en est comme la porte d’entrée, ce qui constitue la meilleure des cartes de visite. Gagosian Gallery, 19, place de Longemalle, 1204 Genève, tél. + 41 22 319 236 19 | www.gagosian.com

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