Alberto Giacometti La vérité du sculpteur

Giacometti était chez lui à Saint-Paul-de-Vence, autant qu’à Paris ou à Stampa, dans les Grisons. C’est ce dont témoigne cette nouvelle exposition, intitulée «Giacometti & Maeght – 1946-1966», proposée par la Fondation éponyme jusqu’au 31 octobre.Décidément, les expositions sur l’artiste suisse se succèdent à un rythme d’enfer: Beyeler a eu lasienne l’été dernier, et le Musée Rath à Genève vient à peine de refermer ses portes sur les bronzes longilignes si caractéristiques de Giacometti. Pourtant la Fondation Maeght ne craint pas de proposer une nouvelle rétrospective, consacrée pour l’essentiel aux relations étroites entretenues par Alberto Giacometti avec la famille Maeght.En 1946, Giacometti est de retour à Paris, dans son atelier de la rue Hippolyte-Maindron, après avoir été retenu, plus ou moins contre son gré, durant les années de guerre, à Genève; en effet, sa nationalité suisse lui interdit de revenir sur le territoire français. Il y rencontre Aimé Maeght, un jeune galeriste qui souhaite organiser une Exposition internationale du surréalisme. Maeght a le soutien de Duchamp, qu’il est allé voir à New York, et c’est André Breton lui-même qui les présente l’un à l’autre. En effet, si le retour de Giacometti à la figuration, au milieu des années 30, lui valut d’être exclu du mouvement, au sortir de la guerre, il est encore connu comme le meilleur sculpteur du groupe surréaliste. À ce moment, cela fait plus de dix ans qu’il n’a pas exposé, pris dans une quête artistique qui le consume en même temps que ses sculptures. Alberto veut...

Giacometti était chez lui à Saint-Paul-de-Vence, autant qu’à Paris ou à Stampa, dans les Grisons. C’est ce dont témoigne cette nouvelle exposition, intitulée «Giacometti & Maeght – 1946-1966», proposée par la Fondation éponyme jusqu’au 31 octobre.
Décidément, les expositions sur l’artiste suisse se succèdent à un rythme d’enfer: Beyeler a eu lasienne l’été dernier, et le Musée Rath à Genève vient à peine de refermer ses portes sur les bronzes longilignes si caractéristiques de Giacometti. Pourtant la Fondation Maeght ne craint pas de proposer une nouvelle rétrospective, consacrée pour l’essentiel aux relations étroites entretenues par Alberto Giacometti avec la famille Maeght.En 1946, Giacometti est de retour à Paris, dans son atelier de la rue Hippolyte-Maindron, après avoir été retenu, plus ou moins contre son gré, durant les années de guerre, à Genève; en effet, sa nationalité suisse lui interdit de revenir sur le territoire français. Il y rencontre Aimé Maeght, un jeune galeriste qui souhaite organiser une Exposition internationale du surréalisme. Maeght a le soutien de Duchamp, qu’il est allé voir à New York, et c’est André Breton lui-même qui les présente l’un à l’autre. En effet, si le retour de Giacometti à la figuration, au milieu des années 30, lui valut d’être exclu du mouvement, au sortir de la guerre, il est encore connu comme le meilleur sculpteur du groupe surréaliste.

À ce moment, cela fait plus de dix ans qu’il n’a pas exposé, pris dans une quête artistique qui le consume en même temps que ses sculptures. Alberto veut représenter l’essence des choses, la vérité ontologique, pourrait-on dire, de la figure qu’il veut rendre. Pour lui, l’unique façon d’accomplir cette gageure réside dans la mise à distance de la figure, ce qui le conduit, mécaniquement, à la rétrécir, parfois jusqu’à une disparition complète. Les rares sculptures qui subsistent de ces années noires ne dépassent pas le centimètre, pour la plupart. Ce n’est qu’à son retour à Paris que Giacometti va trouver dans les silhouettes filiformes bien connues le mélange de distance et de proximité, d’universel et de particulier qui lui permettra enfin d’avancer dans sa quête.C’est donc à ce moment-clé que se place la rencontre entre le sculpteur et Aimé Maeght. Les deux hommes s’estiment, et comme Giacometti n’a plus de marchand en Europe, la décision de travailler ensemble est rapidement prise. Maeght veut éditer tous les plâtres en bronze de Giacometti, ce qui va lui coûter une petite fortune, et représente pour le galeriste un risque financier certain. Alberto clame dans les rues de Paris «avoir rencontré un fou», mais il est ravi de cette marque de confiance; c’est le début d’une longue collaboration, et surtout d’une amitié fidèle entre Giacometti et la dynastie Maeght, dont témoignent par exemple des œuvres telles que le portrait de Marguerite, présenté ici.Plus tard, lorsque les Maeght, qui viennent de perdre leur jeune fils, décident de faire face à leur chagrin en se lançant dans le projet de la Fondation, ils le font avec le soutien du phalanstère artistique qui s’est constitué autour d’eux au fil des années, Braque et Léger entête. Les artistes s’impliqueront largement dans la conception et la création de ce lieu conçu pour eux, et lorsqu’Aimé Maeght propose à Giacometti d’occuper l’agora, le sculpteur, particulièrement attaché à la mise en espace de ses sculptures, accepte avec empressement: il dispose dans la cour quatre de ses sculptures, qui exceptionnellement sont peintes et non simplement patinées. Elles y sont toujours, témoins muets, entre autres trésors, de cette aventure artistique et humaine.

Artpassions Articles

E-Shop

Nos Blogs

Instagram Feed