Maître de la lumière et de la couleur, Henri Matisse (1869-1954) a trouvé dansla Riviera méditerranéenne sa terre d’élection, s’installant à Cimiez dès 1938. C’est là, quelque dix ans plus tard, qu’il commence à travailler pour la chapelle du Rosaire à Vence, inaugurée le 25 juin 1951. Bien que souffrant d’asthme et d’angine de poitrine, il se donne tout entier à cette lourde tâche, en commençant par les vitraux, préparés sous forme de gouaches découpées.C’est durant cette période qui correspond aux dernières années de sa vie, que la ville de Nice lui consacre une exposition, peu avant la grande rétrospective du Moma à New York. L’exposition de Nice, beaucoup plus modeste, se tient à la galerie des Ponchettes, sise au 77 du Quai des États-Unis. Elle occupe les locaux d’un ancien arsenal du XVIIIe siècle reconverti en caserne des pompiers avant de trouver son affectation définitive comme centre d’art.Nous reproduisons ici l’esquisse de l’affiche annonçant l’évènement. Elle est de la main même de l’artiste. On y lit:HENRI MATISSE PEINTURES DESSINS SCULPTURES TAPISSERIES du vendredi 20 janvierau dimanche 19 mars 1950de 10 heures à 17 heures GALLERIE (sic) DES PONCHETTESL’artiste a indiqué en marge (verticalement) la couleur qu’il entendait donner à chaque partie du texte, noire pour la première et la dernière ligne, rouge pour les quatre du milieu, bleue pour les trois qui suivent.Au-dessus du texte, il a tracé un rectangle hachuré (38 cm de long), destiné à recevoir l’illustration. Une illustration sans couleur, comme l’indique l’adjectif «noir», esquissé au crayon.On remarquera que la date donnée par Matisse pour l’inauguration de l’exposition ne correspond pas à celle de l’ouverture officielle de la galerie des Ponchettes, qui eut lieu – on le sait par ailleurs – le 26 juin 1950. Il faut donc croire que les travaux d’aménagement ont tardé plus que prévu, obligeant les organisateurs à modifier le libellé.Ce document où Matisse s’est efforcé d’imiter les caractères d’imprimerie ne permet pas l’analyse graphologique, qui seule nous dévoilerait quelques aspects de son caractère. On peut simplement relever que le trait appuyé, sans tremblement, ne laisse rien deviner de son état de santé déclinant.À noter aussi que la galerie des Ponchettes organisa encore trois expositions après la mort de l’artiste, «Matisse et Tahiti» (été 1986), «Matisse, une apparente facilité» (automne 1986) et «La Donation Marie Matisse» (1992).