Kazimir Malewicz le peintre absolu

Andréi Nakov, spécialiste de l’art moderne russe s’est attelé pendant près de 20 ans à un travail titanesque: l’étude de l’œuvre de Kazimir Malewicz. Grâce à son attachement à ce peintre et à sa détermination, il a restitué à l’histoire de l’art les œuvres et la philosophie du fondateur du suprématisme russe en publiant la première monographie exhaustive consacrée à cet artiste.Le grand public peut désormais découvrir, après de nombreuses années d’attente, l’ensemble de l’œuvre de Malewicz dans les quatre volumes du coffret Kazimir Malewicz- le peintre absolu.Aucune monographie complète n’avait jamais été publiée sur l’artiste car le projet d’envergure fut bloqué par de nombreuses difficultés éditoriales.Il a fallu près de vingt ans à Andréi Nakov pour parvenir à rassembler la documentation nécessaire et pour accéder aux œuvres qui avaient été confisquées par le régime soviétique jusqu’en 1987. En plus de ces difficultés d’ordre politique, il faut souligner l’infortune critiqueque Malewicz a rencontrée pendant plus de quarante ans en URSS. Les années de silence de la critique autour de l’artiste russe se sont traduites par l’oubli collectif d’une nation entière pour celui qui ne plaisait pas au régime soviétique.Cela dit, il est difficile d’imaginer qu’une œuvre aussi aboutie et universelle, fruit du travail d’une vie, ait pu être oubliée pendant près de quarante ans. Malewicz s’était pourtant préparé à rentrer dans les annales de l’histoire de l’art mais l’Histoire en a décidé autrement. La nouveauté de ses idées perturbait l’ordre établi à tel point que le régime a répondu par...

Andréi Nakov, spécialiste de l’art moderne russe s’est attelé pendant près de 20 ans à un travail titanesque: l’étude de l’œuvre de Kazimir Malewicz. Grâce à son attachement à ce peintre et à sa détermination, il a restitué à l’histoire de l’art les œuvres et la philosophie du fondateur du suprématisme russe en publiant la première monographie exhaustive consacrée à cet artiste.
Le grand public peut désormais découvrir, après de nombreuses années d’attente, l’ensemble de l’œuvre de Malewicz dans les quatre volumes du coffret Kazimir Malewicz- le peintre absolu.Aucune monographie complète n’avait jamais été publiée sur l’artiste car le projet d’envergure fut bloqué par de nombreuses difficultés éditoriales.Il a fallu près de vingt ans à Andréi Nakov pour parvenir à rassembler la documentation nécessaire et pour accéder aux œuvres qui avaient été confisquées par le régime soviétique jusqu’en 1987. En plus de ces difficultés d’ordre politique, il faut souligner l’infortune critiqueque Malewicz a rencontrée pendant plus de quarante ans en URSS. Les années de silence de la critique autour de l’artiste russe se sont traduites par l’oubli collectif d’une nation entière pour celui qui ne plaisait pas au régime soviétique.Cela dit, il est difficile d’imaginer qu’une œuvre aussi aboutie et universelle, fruit du travail d’une vie, ait pu être oubliée pendant près de quarante ans. Malewicz s’était pourtant préparé à rentrer dans les annales de l’histoire de l’art mais l’Histoire en a décidé autrement. La nouveauté de ses idées perturbait l’ordre établi à tel point que le régime a répondu par la censure, en détruisant une partie des œuvres et en condamnant le peintre.

En parcourant la monographie, le lecteur se plonge dans l’œuvre de Malewicz et découvre les différents styles de sa peinture. Vers 1890, il commence à peindre des sujets impressionnistes comme la Fleuriste, puis des sujets symboliques apparaissent, notamment dans les motifs de l’Arbre de vie. Avec L’autoportrait sur fond de baigneuses rouges, s’ouvre une phase expressionniste. Avant de définir son propre style, l’artiste passe aussi par des phases cubistes et futuristes.La recherche incessante d’un nouveau sens des images aboutit en 1914 à la «révolution alogique». C’est pendant cette phase que la cohérence de la représentation réaliste volesoudainement en éclat, ouvrant ainsi la voie à une création inédite. Il peint à cette période une toile intitulée Composition alogique qui contient une représentation de la Joconde biffée d’une croix rouge. Il déclare au sujet de cette peinture «avoir banni de son art le sourire de la mignonne Psyché». Par ces propos, Malewicz attaque l’un des symboles les plus puissants de l’ancien ordre esthétique et combat la figuration réaliste.Rompant définitivement avec la peinture mimétique, Malewicz s’engage dans la voie de la peinture abstraite. En 1915, il expose, pour la première fois, 39 peintures abstraites qui heurtent le public. Réalisées avec des plans de couleurs géométriques, elles s’inscrivent hors de tout style artistique connu. Lors de cette exposition, intitulée «0,10» et présentée à Petrograd, le peintre accompagne ses toiles d’une plaquette qui annonce l’avènement du suprématisme, sa nouvelle conception des arts.L’important tableau suprématiste Quadrilatère dit «Carré noir» devient du jour au lendemain une œuvre mythique. Le public reçoit alors cette œuvre comme une véritable provocation sociale ce qui accentue d’autant sa dimension révolutionnaire.Malewicz gravit les marches de la modernité trop rapidement pour son entourage, si bien que même ses collègues proches s’éloignent. Abandonné de tous, il rejoint la pléiade des artistes maudits. Cependant, il continue dans la voie suprématiste. En 1918, il franchit le cap de l’incolore, le suprématisme blanc constituant le climax de cette esthétique du sublime. Dès lors «… la peinture est périmée et le peintre est un préjugé du passé».1 Cette déclaration suscite la stupéfaction, le «réalisme socialiste» clôt brutalement la discussion avec l’artiste et le cortège d’excommunications idéologiques entraîne l’art moderne dans son totalitarisme.Au vu des dangers qui pèsent sur son œuvre et sa personne, il émigre en Allemagne en 1927. Pendant les trente-cinq années suivantes, l’URSS oublie consciemment l’existence du suprématisme ainsi que son fondateur. Ce n’est qu’en 1962 que les œuvres laissées à Berlin, qui avaient échappé aux incendies berlinois de la Seconde Guerre, sont réapparues dans les musées. Le moment est venu pour que Malewicz soit enfin reconnu. Deux ouvrages importants pour la connaissance de son oeuvre paraissent alors et permettent au public occidental de découvrir ce nouveau champ artistique. En 1976, Andréi Nakov s’intéresse aux textes esthétiques de l’avantgardiste et publie un livre intitulé Malewicz –Ecrits (1976). Grâce à cette étude, le public commence à comprendre la portée de son esthétique. En 1984, la parution de L’avant-garde russe (Paris, Hazan, 1984) place désormais Andréi Nakov comme le meilleur connaisseur de l’œuvre de Malewicz. Dès lors, il décide de poursuivre ses recherches en s’intéressant aussi aux écrits philosophiques, aux expériences théâtrale et littéraire de l’artiste. Vingt-cinq ans plus tard, ses recherches sont prêtes à être publiées en quatre volumes intitulés Malewiczle peintre absolu.Cet ouvrage de référence, magnifiquement illustré et accessible à tous, comble aujourd’hui une lacune de la littérature critique et réhabilite en quelque sorte les œuvres et le peintre, qui fut malheureusement oublié par ses compatriotes et reconnu trop tardivement comme l’un des premiers grands peintres abstraits du XXe siècle.

Artpassions Articles

E-Shop

Nos Blogs

Instagram Feed