Raffinement d’un autre siècle

De style XVIIIe, le manoir choisi comme résidence date des années 1950. Un parc magnifiquelui sert d’écrin : terrasse avec bassin, vaste pelouse, bosquets, massifs, plates-bandes, buis taillés, ruisseau qui serpente. Au loin, on devine la présence du lac, dominé par le Mont-Blanc, qu’on aperçoit à travers le rideau d’arbres fermant la perspective.Le hall d’entrée de la noble demeure, où prend le majestueux escalier desservant les appartements, ouvre sur le grand salon, qui donne à son tour sur le parc. Les murs de cette vaste pièce sont occupés par des toiles de grand format, signées de quelques grands noms de l’art moderne et contemporain. Les commodes, consoles et guéridons portent une extraordinaire collection de vases en porphyre, montés en bronze doré. Ainsi nommé par les Grecs, qui comparaient sa couleur à celle dela pourpre, le porphyre est une roche magmatique à gros cristaux, qu’on tirait de carrières situées dans le désert oriental d’Egypte. Apanage des empereurs romains, sa réputation a franchi les siècles, comme symbole du luxe. Sa dureté le rend difficile à travailler.Devant la cheminée en marbre, deux canapés se font face, à la manière anglaise. C’est l’endroit où l’on se tient pour converser. La tablette de ladite cheminée sert à présenter, comme on le faisait au XVIIIe siècle, des objets fragiles et précieux, en l’occurrence un ensemble de porcelaines de Sèvres: pendule de Lepaute, «horloger du Roi» pots-pourris et vases montés en candélabres. Ceux-ci ont leur pendant à Waddesdon Manor, construit par James de Rothschild. Et il faut...

De style XVIIIe, le manoir choisi comme résidence date des années 1950. Un parc magnifiquelui sert d’écrin : terrasse avec bassin, vaste pelouse, bosquets, massifs, plates-bandes, buis taillés, ruisseau qui serpente. Au loin, on devine la présence du lac, dominé par le Mont-Blanc, qu’on aperçoit à travers le rideau d’arbres fermant la perspective.Le hall d’entrée de la noble demeure, où prend le majestueux escalier desservant les appartements, ouvre sur le grand salon, qui donne à son tour sur le parc. Les murs de cette vaste pièce sont occupés par des toiles de grand format, signées de quelques grands noms de l’art moderne et contemporain. Les commodes, consoles et guéridons portent une extraordinaire collection de vases en porphyre, montés en bronze doré. Ainsi nommé par les Grecs, qui comparaient sa couleur à celle dela pourpre, le porphyre est une roche magmatique à gros cristaux, qu’on tirait de carrières situées dans le désert oriental d’Egypte. Apanage des empereurs romains, sa réputation a franchi les siècles, comme symbole du luxe. Sa dureté le rend difficile à travailler.Devant la cheminée en marbre, deux canapés se font face, à la manière anglaise. C’est l’endroit où l’on se tient pour converser. La tablette de ladite cheminée sert à présenter, comme on le faisait au XVIIIe siècle, des objets fragiles et précieux, en l’occurrence un ensemble de porcelaines de Sèvres: pendule de Lepaute, «horloger du Roi» pots-pourris et vases montés en candélabres. Ceux-ci ont leur pendant à Waddesdon Manor, construit par James de Rothschild. Et il faut encore savoir que l’ensemble décrit ici fut exposé à Paris, en 1988, dans le cadre raffiné du château de Bagatelle.

Par une porte latérale du salon, on pénètre dans la bibliothèque. C’est manifestement la pièce préférée du maître des lieux, qui s’y tient d’ordinaire. Les éditions rares, aux provenances prestigieuses, se pressent sur les rayonnages, montant jusqu’au plafond. D’époques diverses, bien que le siècle des Lumières y domine nettement, elles ont en commun la qualité de la reliure et l’état de conservation impeccable.On comprend tout de suite que cette bibliothèque n’est pas un décor, une façade: le propriétaire connaît chacun de ses livres, il les a tous lus, y revenant sans cesse. Voir comment il les prend en main, les feuillette, vaut un long discours. Mais ce sérieux n’empêche pas les clins d’œil. Comme cette façon de faire voisiner des livres en maroquin rouge, l’un frappé aux armes de la Pompadour, l’autre à celles de la Du Barry, les favorites de Louis XV. Par la grâce du bibliophile, elles font ici bon ménage ! …Le mobilier de la bibliothèque n’est pas moins riche que celui du salon: bureau Louis XV, méridienne et paire de fauteuils en bois sculpté. Comme une vieille étiquette l’indique, ces fauteuils proviennent du Cabinet intérieur du roi Louis XVI à Fontainebleau. Ils sont estampillés Georges Jacob, 1786. Le «gros de Tours» d’origine y a été remplacé par une soierie tissée à Lyon, sur le modèle de celle utilisée pour la Chambre de la Reine à Versailles.

Sur le bureau se dresse une pendule en forme d’obélisque, supporté par des dauphins. Le cadran est flanqué de deux statuettes en bronze doré, celle de droite représentant le Temps, sous les traits d’un vieillard et celle de gauche, Cupidon, en petit garçon bien en chair. Une pendule analogue de plus petite taille, en marbre jaune de Sienne, peut se voir à Paris, au Musée Nissim Camondo et une seconde à Londres, à la Wallace Collection, en lapis-lazuli, celle-ci étant complétée par un baromètre.À l’aplomb du bureau, sur le mur, sont accrochés deux tableaux en mosaïque de pierres dures, figurant des scènes de chasse. Exécutés par la Galleria dei Lavori de Florence, d’après des peintures à l’huile de Giuseppe Zocchi, ces œuvres sont à mettre en rapport avec la série de 27 autres, commandées en 1751 par le grand-duc de Toscane et empereur d’Autriche, François de Lorraine.Dans le boudoir attenant à la bibliothèque, on peut encore admirer, entre autres merveilles, un secrétaire à abattant, œuvre de Jacques Van Oostenryk, dit d’Autriche, ébéniste d’origine hollandaise, reçu maître à Paris en 1765. Sous le marbre du plateau se cache un numéro d’inventaire, qui atteste l’appartenance au mobilier de la couronne (Versailles).Notre hôte, qui refuse le titre de collectionneur, n’aime pas jouer les guides de musée, encore moins parler de lui-même, en homme pour qui vivre dans le beau est chose naturelle, et cela depuis l’enfance. Il laisse à chacun le plaisir de la découverte, non sans se réjouir quand il tombe sur un connaisseur, seul capable de le rejoindre dans son rêve de perfection. (J.C)

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