Karl Lagerfeld

Il y a une silhouette, une figure, une «marionnette», ou «un diamant noir»selon lui. Il y a Karl le magnifique et il y a Lagerfeld, un nom qui claque aux vents des tendances et de la mode. Il y a des lunettes noires qui protègent des yeux uniques, ceux d’un homme qui retient tout; un boulimique d’images, de formes et de mouvements. Il y a un regard singulier qui s’exprime par la photographie. Passage à l’acte ou passage à l’art ? Christophe Mory :Vous publiez de nombreux ouvrages de photos, et on aimerait bien cerner davantage votre regard.Karl Lagerfeld :Je viens de me faire opérer de la myopie. J’ai juste fait enlever un tout petit peu de myopie pour ne pas devenir presbyte. Car je n’aime pas dessiner avec des lunettes bien que dans la vie de tous les jours, je porte des lunettes pour avoir une protection. La myopie laisse une part de rêve, elle permet d’idéaliser. On vit ainsi avec une réalité qui est à soi et qui reste son propre regard.On dit que vous avez un regard d’ordinateur, que vous êtes un boulimique d’images.Oui, un boulimique de tous les savoirs des curiosités. Je suis une caisse enregistreuse comme on dit. A force de tout regarder, j’ai en moi une espèce de référence instantanée qui me rend imbattable: ce qui est vu est retenu. C’est assez curieux, non ? Alors je m’en sers et je peux motiver, encourager, corriger des personnes qui travaillent avec moi et qui n’ont...

Il y a une silhouette, une figure, une «marionnette», ou «un diamant noir»selon lui. Il y a Karl le magnifique et il y a Lagerfeld, un nom qui claque aux vents des tendances et de la mode. Il y a des lunettes noires qui protègent des yeux uniques, ceux d’un homme qui retient tout; un boulimique d’images, de formes et de mouvements. Il y a un regard singulier qui s’exprime par la photographie. Passage à l’acte ou passage à l’art ?

Christophe Mory :Vous publiez de nombreux ouvrages de photos, et on aimerait bien cerner davantage votre regard.Karl Lagerfeld :Je viens de me faire opérer de la myopie. J’ai juste fait enlever un tout petit peu de myopie pour ne pas devenir presbyte. Car je n’aime pas dessiner avec des lunettes bien que dans la vie de tous les jours, je porte des lunettes pour avoir une protection. La myopie laisse une part de rêve, elle permet d’idéaliser. On vit ainsi avec une réalité qui est à soi et qui reste son propre regard.On dit que vous avez un regard d’ordinateur, que vous êtes un boulimique d’images.Oui, un boulimique de tous les savoirs des curiosités. Je suis une caisse enregistreuse comme on dit. A force de tout regarder, j’ai en moi une espèce de référence instantanée qui me rend imbattable: ce qui est vu est retenu. C’est assez curieux, non ? Alors je m’en sers et je peux motiver, encourager, corriger des personnes qui travaillent avec moi et qui n’ont pas forcément ces références en elles.Votre premier rapport à la photographie, vient de votre mère qui possédait une collection de Leica.Oui, c’est loin, ça, c’est de la préhistoire…Quel fut votre premier appareil photo ?Enfant, j’avais un truc de chez Kodak, mais je n’en étais pas dingue. Puis on m’a donné un Minox quand j’avais seize ans avec mon nom dessus, ce qui était très rare à l’époque. Or la qualité de ce truc -je ne sais pas ce que c’est devenu- était une chose miraculeuse. Les agrandissements étaient d’une perfection hallucinante. On ne peut pas croire que la pellicule qui était si mince fut aussi impeccable. On me l’a volé, hélas, et je n’en ai jamais acheté d’autre.Vous préférez au mot photo le mot image. Pourquoi ?La photo, englobe toute sorte de chose que ce soit le reportage, le portrait, l’événement, la photo de famille… On met tout et n’importe quoi derrière ce mot. La photo est vague alors que l’image est composée.Composée et onirique ?J’aime appliquer le rêve à la réalité. Mon truc dans la photographie est d’amener la réalité à une utilisation quelconque qui ne tombera pas forcément dans l’onirique qui est trop souvent abstrait, absurde et trop écarté de la réalité.Dans Farewell to Daylight, vous publiez une photo de la statue équestre d’Henri IV à Paris. Avez-vous pensé à Don Giovanni ?C’était exactement l’inspiration à ce moment-là. J’y ai été très sensibilisé par le cinéma muet allemand dans lequel toutes les images sont composées. Aujourd’hui, on a des films rapides avec une action en flux où l’on monte dans des voitures, où tout repart très vite. A l’époque, le storyboard ne comportait que des images. Or, moi, ce que je veux au cinéma, c’est que ça ne parle pas trop et que visuellement on se souvienne de chaque plan. Il y a des films que je connais par cœur et dont je puis me souvenir des séquences mais surtout des plans. Je pense ici aux travaux de Carl Mayer et au Cabinet du Docteur Caligari. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à me souvenir d’un plan. Le cinéma muet allemand est sans doute ce que j’aime le plus au monde.Retrouvez-vous ce goût de la théâtralisation chez Helmut Newton (1920-2004) ?Non, là c’est encore autre chose ! Newton se place dans un univers où l’érotisme joue un rôle principal, ce qui n’est pas le cas de mes photos qui relèvent d’une esthétisation, et non d’une érotisation. J’ai des visions idéalisées de la vérité et je veux que la vérité soit. Avec Helmut, même si on n’aime pas le sujet ou l’anecdote qu’il met en image, il y a toujours au final une belle photo. Il a été beaucoup imité par des photographes qui suivent ces sujets mais le résultat n’est pas là; les photos sont moches et n’ont pas du tout la même force graphique. On retient tout de suite une photo d’Helmut tandis que tant d’autres tombent dans l’oubli peut-être parce qu’ils croient faire de l’art avec du luxe au lieu de faire du luxe avec de l’art. Il a fait plus d’une trentaine de portraits de moi qui n’ont jamais été publiés.

Toute cette série s’appelle Wilhemstrasse parce que j’y suis habillé en redingote grise, comme les personnes d’avant la guerre de 14 et qui eurent des responsabilités jusqu’au IIIe Reich. Les prises de vue ont été faites à Paris, dans le jardin de mon actuelle maison avec un maître d’hôtel en second plan ce qui fait très Wilhemstrasse. Mais personne ne les a jamais vues parce qu’Helmut est mort quelques temps après au volant de sa voiture, à 83 ans. Cette série n’avait pas été réalisée pour une publication. Même à la Fondation Newton de Berlin personne n’a de tirages de cela.Dans votre univers photographique, il y a Clarence H. White (1871-1925), Edwards Steichen (1879-1973) ou Paul Strand (1890-1976) qui photographie New York et les américains de la rue…Et aussi Alfred Stieglitz (1864-1946), l’un des plus grands au début du XXe siècle mais encore Tina Modotti (1896-1942) qui a fait des choses sublimes trente ans après lui. Sa modernité étonnante alliait son tempérament mexicain, sa soif de liberté et un sens inné de la présence. Dans le registre du picturalisme français, j’aime beaucoup Robert Demachy (1859-1936) mais préfère un Paul Citroen (1896-1983) qui, comme Man Ray (1890-1976), organisait soigneusement une perspective pour produire un effet réaliste. Puis, ils déformaient intentionnellement les images pour les adapter à leur thème.Quand vous êtes attiré par une photo, la construction vous attire mais aussi la lumière. Comment l’envisagez-vous ?Envisager ? Ce n’est pas une chose qu’on décide froidement. On voit un truc et lalumière donne le plus d’ambiance et d’atmosphère à ces jeux. Sinon, une chaise est une chaise. Il dépend comment vous la regardez et avec quelle lumière vous la photographiez.Comment avez-vous opéré pour votre série Vases de Ciboure, votre livre qui mêle personnage quasi sculpté et natures mortes ?C’est réalisé sans flash ni rien. C’est à l’intérieur d’une pièce avec une broderie foncée comme ça, et juste la lumière de la fenêtre. Dans tout ce truc-là, il n’y a pas un apport de lumière. Mais vous savez Helmut n’utilisait pas de flash ni d’ampoules ni rien… Il venait seul avec ses films et sa caméra qui devait avoir cent ans. Irving Penn avait un studio partagé en trois: une partie pour les natures mortes, l’autre pour la mode, la dernière pour les portraits. Il a du acheter son premier appareil dans les années 1955 et il en sort comme des champs entiers de modestie. C’est sublime ! Aujourd’hui, on a trois cents assistants, c’est complicado.Vous dites: «La lumière me fascine davantage et m’aide à progresser». En quoi ?Si vous voulez de la photo et si vous n’avez pas le sens de la lumière, c’est la connaissance de la lumière et de la technique de sa captation qui va vous aider. Mais la lumière est fascinante à capter selon l’inspiration.Quel est le rapport entre la lumière et le mannequin ?Il faut distinguer la photographie et la photographie de mode. Et la personne qu’on photographie. Les mannequins sont d’abord des personnes sans quoi, je prends n’importe quelle vitrine où l’on trouve des mannequins. Il y a une humanisation qui fait que ce mot doit être utilisé à bon escient. Je voudrais que l’alchimie entre le vêtement, la personne et la lumière évoque un climat. Pour cela, il faut chercher plusieurs solutions et y trouver la solution idéale pour obtenir cet effet. Et cela vient parfois de très peu de chose ! On est toujours surpris de constater que parfois il faut peu de choses.Inès de la Fressange, Claudia Schiffer, Kate Moss, Nicole Kidman… Des personnalités que vous connaissez de l’intérieur. Qu’est-ce qu’elles vous apportent ? Comment les regardez vous en tant que personnes ?Avec une grande bienveillance. Cela m’est très difficile de photographier des gens qu’on n’aime pas. Ca m’est arrivé. Je ne vous donnerai pas les noms. Mais elles ne reviendront pas une deuxième fois car même auprès des assistants, il y a eu une antipathie qui s’est propagée dans tout le studio. En revanche, les femmes que vous citez me connaissent et je les connais. Le travail en sort toujours plus passionnant. Il faut parfois jouer sur la rapidité, l’instinct.Votre livre La Brochure ne donne pourtant pas une idée d’instinct ni de rapidité.Détrompez-vous ! L’expérience fut assez drôle. J’ai donné une broche à des gens et je leur ai demandé de la placer sur euxmêmes pour être photographié, habillé ou non, comme ils le souhaitaient. En réalité, j’ai photographié le choix de chacun et non pas, comme on pourrait le croire, des portraits agrémentés d’une broche. Tout venait de leurs initiatives à eux, bien que je sache influencer les gens…Sur la photo de mode, avez-vous la même intention lorsque vous photographiez pour Chanel, pour Fendi ou pour H&M ou avezvous un parti pris de créateur ?Dans la mode, je suis assez honnête entre ce que je produis, ce que je photographie et l’usage qui va en être fait. Il y a des moments où je réalise beaucoup de photos pour un usage dit «commercial» mais je n’ai rien contre. J’aime la publicité parce qu’elle fait partie de notre époque. Je travaille pour Audi mais ne conduis pas, j’ai fait la publicité pour Dom Pérignon mais n’ai jamais bu une goutte d’alcool. Alors on s’étonne en me demandant: «Quoi, vous photographiez de l’alcool ?» Maisje ne porte pas de robe non plus. Je fais des photos tout à fait différentes. J’adore prendre des choses concrètes et en faire des choses abstraites, comme en peinture.Est-ce pour ces raisons que vous aimez les photos d’architectures ?Je suis un architecte frustré. Les structures, les formes, l’espace occupé avec intelligence sont à considérer dans le viseur de l’appareil photo. J’ai surtout étudié l’architecture française des XVIIe et XVIIIe siècles. Le XVIIe devient flamboyant avec Vaux le Vicomte et Versailles. Et ce n’est pas tout ! Il faut citer là Malaparte dans son journal en 1946 qui traverse la Concorde et déclare «Finalement ce qu’il y a de plus moderne en France c’est le Louis XV». Les travaux de Leroux sont en effet d’une grande modernité. En 1705, il a réalisé le portail de la maison que j’habite à Paris actuellement. Y vivant depuis trente ans, je la connais par cœur. Les proportions des pièces à l’intérieur sont parfaites. Pensées par Mouret, elles ont plus de cent mètres carrés. Vous y êtes aussi bien tout seul qu’avec près de cent personnes. Voilà de la proportion ! Plus tard, on a fait des proportions haussmaniennes trop hautes, des pièces trop étroites… Les proportions du XIXe reprennent une sorte de pot pourri de Renaissance, de baroque, de médiéval. Je n’aime pas ça. Le mouvement ne signifie pas que ça parte dans tous les sens et surtout l’architecture ne doit pas se compromettre dans des formes reprises n’importe comment.Vis-à-vis d’un objet, avez-vous une esthétique extrême-orientale qui laisse l’objet respirer ou une esthétique occidentale qui laisse l’objet se posséder ? Dans Les Vases de Ciboure, vous semblez combiner les deux en une image.C’est un regard sur l’Antiquité, le culte du corps et de sa perfection que m’a inspiré la Villa Kerylos et son architecte Emmanuel Pontremoli. Ces photos ont été prises sans flash, sans autre lumière que celle qui venait de la fenêtre. On y retrouve la légèreté antique que voulait Théodore Reinach dans sa propriété. La Villa Kerylos est un des lieux les plus envoûtants qui soient. C’est un miracle architectural et un ordonnancement unique du luxe et du goût. J’y ai pris beaucoup de photos, même de nuit. Les détails y sont parfaitscomme les incrustations d’ivoire dans les objets… J’ai d’ailleurs trouvé dans une vente le miroir de Madame Reinach dont j’avais vu le dessin là-bas. Ce miroir grec en métal ne pouvait être ailleurs, ai-je pensé. Alors je l’ai acheté pour le transmettre. Oh, n’y voyez pas du mécénat, ce n’était que le juste retour des choses. Mais dans cette maison plane aussi une certaine malédiction: Théodore ne l’a pas vue achevée et sa femme n’y aura vécu que douze ans. Certains lieux semblent avoir des ondes de malheur. Comme à Venise… Ne trouvez-vous pas curieux que tous les modèles de Klimt soient morts quelque temps après qu’il les a peints ? Il y a quelque chose comme ça dans ces lieux.Quel est votre univers émotionnel ?C’est très difficile de répondre à cette question parce que ça évolue tout le temps. Ce sont des évocations de ce que je n’ai pas connu, qui ne peuvent pas exister et dont je me fais une idée et qui finissent par devenir une vérité.L’émotion chez vous est toujours maîtrisée ?C’est ma devise. Et elle m’est naturelle. Il ne s’agit pas de transmettre quoi que ce soit ni d’éviter de partir en vrille, mais d’une discipline personnelle pour laquelle je ne me pose pas de question. Oui, je suis un auto-fasciste et cela ne relève ni d’une vision ni d’un projet quelconque. Je n’ai jamais fumé, jamais bu d’alcool, je ne me suis jamais drogué. Il y a un instinct de préservation non voulu qui l’emporte sur tout. Les gens qui se foutent en l’air me fascinent parce que j’en serai incapable par une force naturelle qui m’a toujours entretenu. Il y a des gens qui cherchent comment se sauver et d’autres comment se perdre. Moi, je ne sais que comment me sauver. Il en est de même pour l’émotion, par pudeur aussi. Je trouve indécent les gens qui ne maîtrisent pas leurs émotions. On peut l’exprimer mais en la contenant toujours sans quoi, c’est le laisser-aller, la complaisance, la facilité, le n’importe quoi. Alors c’est dégoûtant, franchement !Et n’avez-vous pas devant le sacré une attitude qui intègre toutes les fibres de l’être ?Le sacré ? S’il ne s’agit pas de «Gott Sei dank !»… On le trouve dans la transparence, dans la lumière… Toutefois, le sacré doit rester plus ou moins inconscient. On ne peut pas partir avec l’idée qu’on va créer du sacré. Ça doit rester à fleur de peau et surtout pas pensé ! Helmut Newton disait: «Si je pensais à tout ce qu’on prête à mes photos, je ne ferais pas de photos». L’intuition doit s’exprimer à travers un objectif mais surtout pas par l’analyse. L’intuition est première et l’emporte sur la connaissance analysée du résultat. Le résultat, vous le verrez après. Tandis que la photo vous devez la prendre avant. On a une vision au bout des doigts et il est amusant de la réaliser par une machine. Exprimer ce qu’on sent.Avez-vous rencontré des objets «in-photographiables» ?L’autre jour, à la Biennale des Antiquaires de Paris, j’ai vu une tête d’Hermès néoclassique de Nadelmann. Ses sculpturesau Lincoln Center de New York sont extraordinaires. J’ai failli acheter cette tête qui était plus grande que nature parce que j’ai compris la force de cette divinité incroyable. Sur un œil, il y avait des cils en bronze. On n’a jamais vu un tel objet. En photo, quelque chose ne passait pas et le résultat donnait une statue plus morte qu’une statue morte.De la photographie à l’art-vidéo il n’y a qu’un pas. Vous aurez un jour envie de le franchir ?J’aime beaucoup le travail de Violla mais je ne suis pas un homme de films. Je n’aime, encore une fois, que les images. Il y a des films très ennuyeux mais dont les images convoquent en vous des objets de l’imagination. C’est tout ce qu’on garde: l’image. Au départ, je voulais être caricaturiste, illustrateur. La composition d’une image dans un cadre déterminé me passionne vraiment. Et je n’ai pas envie ni que ça bouge ni que ça pose.N’avez-vous pas peur que la photo fige les choses et les êtres ?Elle fige toujours quand elle est mauvaise. On doit capter un semblant d’émotion et l’émotion fera que rien n’est figé sur le papier. La photo est une évocation d’un passé instantané puisqu’on ne pourra jamais la refaire. Elle est à retenir comme un adieu: «Au revoir et portez-vous bien !». Cette distance marque la qualité. On ne reprend jamais deux fois la même photo. S’il faut recommencer ? Alors, non ! Je passe à autre chose. Une photo est toujours un adieu.

En quelques mots
Qu’est-ce qui vous émeut……dans un objet ?L’écho qu’il provoque en moi, il n’y a pas de règle. On ne peut pas prévoir à moins de tomber dans le marketing émotionnel.…dans un tableau ?L’écho, toujours, comme pour l’objet et c’est imprévisible.…dans une sculpture ?L’écho encore… Notez qu’un objet peut être une sculpture. L’art nègre me fait peur pour ses significations occultes qui parlent aux marabouts. Si je devais en posséder, j’aurais l’impression d’avoir voler un truc rituel. Je ne suis pas sûr qu’au premier degré cela ne me fasse pas peur. Je ne voudrais pas de ça chez moi. Si la peur est une émotion, notez-le.…dans une photo ?la règle est la même pour tout. L’émotion ne se décrit pas comme un paysage et surtout, elle ne se décrète pas. La structure d’une image me touche.…dans une musique ?«Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise musique», écrit Messager. Il n’y a pas de musique classique et autres… Entre ce que j’utilise dans le milieu de la mode et la musique que j’écoute, l’éventail est large. J’aime la musique baroque, Monteverdi et Lully mais aussi Mahler et Strauss. Je n’aime pas la musique trop gaie. Strauss ne m’est pas étranger. Je connais par cœur, musique et paroles, Le Chevalier à la rose parce que je suis un fan d’Hofmannsthal; ses livrets, sa correspondance… Tout est génial !

«J’aime appliquer le rêve à la réalité»
Si vous deviez choisir une œuvre……dans la peinture ?Il ne sert à rien de choisir parce que les œuvres les plus sublimes sont dans les musées à tout jamais et on n’y touchera pas. Mais j’y prendrais volontiers certains Javleski, Kandinsky (de la période de Murnau), Matisse, Picasso (de l’époque néo-classique).…dans la sculpture ?Un oiseau de Brancusi; vous pouvez me l’envoyer tout de suite.…dans la musique ?Tancrède de Monteverdi ou l’Atys de Lully. Mais aussi de Mahler Le Chant de la Terre et surtout Strauss, Les Quatre derniers lieders et tout ce qu’il a écrit avec Hofmannsthal: Chevalier à la Rose, Elektra……dans l’architecture ?les maisons que j’aimerais sont dans des quartiers devenus immondes: la Villa Savoie, la Casa Malaparte (je n’aime pas Capri) ou la Villa Kerylos.…dans la littérature ?Dans quelle langue ? Je dois toujours posséder les livres. C’est une tragédie personnelle; j’en ai plus de 300’000. En français: les poèmes de Catherine Pozzi, Colette, Racine et Bossuet. En anglais: Virginia Woolf et Emily Dickinson. En allemand: Rilke, Hofmannsthal et Thomas Mann pour certaines choses comme Les Buddenbroocks parce que ça m’est très familier: je suis de là-bas.

Parcours
1938Naissance à Hambourg1952Arrivée à Paris.1955Remporte le premier prix ex æquo avec Yves SaintLaurent du concours organisé par le Secrétariat général de la laine. Entre chez Pierre Balmain.1958Devient responsable de la couture chez Jean Patou.1959En free lance, travaille pour Valentino, Charles Jourdan, Krizia, Chloé…1964Devient le directeur artistique de Chloé (jusqu’en 1984)1965Entre chez Fendi comme consultant pour le prêt-à- porter. Quand la maison est2001Publication de Abstrackt chez Steidl/interart.2002Publication de Waterdance bodywave chez Steidl/ interart. Et de Portfolio ed. Te Neues Gb.2004Sortie de la ligne Karl Lagerfeld pour H&M. Publication des Vases de Ciboure chez Steidl/interart.2005Publication de Back stage and front row chez Steidl/interart.2006Publication de 7 fantasms of a woman chez Steidl/interart.rachetée par LVMH, son contrat est renouvelé.1975Création d’un parfum pour Chloé, Chloé (tubéreuse, ylang-ylang, rose, chèvrefeuille, jasmin, fleur d’oranger, vétiver, mousse de chêne, patchouli, musc, ambre gris).1982Création d’un nouveau parfum, K.L.1983Entre chez Chanel en tant que directeur de la couture et du prêt-à-porter1984Création de sa propre ligne, Lagerfeld.1987Commence à photographier ses propres collections et ses campagnes de publicité.1992Nouveau parfum, Narcisse.1994Publie «Mes plus belles photos» Hachette littérature. Publication de Off the record chez Scalo Verlag1996Publication de Visionnen chez Steidl/interart.1997Fin de la ligne Lagerfeld.1998Création de la Lagerfeld Gallery, rue de Seine à Paris. Publication de Casa Malaparte chez Steidl/ interart.1999Ouverture de la librairie 7L , rue de Lille à Paris. Publication de Tadao Vitra house chez Steidl/interart.2000Création des Editions 7L. Métamorphose spectaculaire du personnage: il perd 42 kg et publie Le Meilleur des régimes (Robert Laffont).

Artpassions Articles

E-Shop

Nos Blogs

Instagram Feed