Philip Jackson, sculpteur figuratif «So british»…Pensez, il a obtenu le privilège unique de reproduire la reine d’Angleterre, sa MajestéElisabeth II, sur son cheval.Il est le grand créateur de monuments et sculptures patriotiques aux allures colossales et surdimensionnées dont les figures étonnantes «à la gloire de…» trônent dans le monde entier, commandes de différents ministères. Ses œuvres sont exposées aussi bien sur les places publiques que dans les galeries (Angleterre, Arabie Saoudite, Suisse, Argentine…).Au moment où sa principale production, semble ensevelie sous une popularité qui peut laisser paraître une certaine facilité, la collection «Mask Series», permet à Jackson de laisser libre cours à sa créativité innée pour nous offrir une immersion au cœur de la Venise du XVIIème et XVIIIème siècle. Marqué par un séjour dans la cité, il est impressionné par l’atmosphère mélancolique et le sentiment indéfinissable d’une certaine «résonance historique» qui confère à Venise, le statut de site hors du temps.Drapées jusqu’à la tête, les masques aux traits simplifiés, les corps dématérialisés sous leurs manteaux aux aspects de linceul, les sculptures sont harmonieuses, élégantes et d’un équilibre parfait. Il émane de ces figures une présence et une sensualité telles qu’elles confèrent à ces formes humaines une puissante expressivité.Elles donnent la sensation d’être en mouvement, prennent possession de l’espace, le déchire à en devenir le centre, les éléments tournoient autour d’elles. L’espace dans lequel elles s’intègrent parfaitement n’a aucune action sur elles.La structure des surfaces faites de sillons, d’ombres et de lumières, de bosses et de crêtes, donne le sentiment qu’elles sont nées de l’abstrait pour aboutir à l’extrême allongement allant de la terre au ciel. Telle une érosion naturelle. L’impression rappelle certaines représentations mystiques du haut gothique.Tout cela confère à l’ensemble cet aspect «inquiétant» et très attirant qui subjugue au premier abord.Nous suivons Jackson dans le monde de la grâce, de la délicatesse où intériorité rime avec pose contemplative. Ici pas d’anatomie tordue, disjointe et disloquée, pas de déformation. Seulement des figures fluides, et exagérément minces sous une simplicité des traits.Il imprime à ces sculptures, une manière très personnelle de traîter la forme humaine et, comme les têtes gigantesques de l’île de Pâques portant la signature divine, les figures de Venise sont «estampillées».On imagine Jackson, homme de petite corpulence, évoluant sans bruit au milieu de ces figures de grandes tailles, qui telles des nymphes de jardin, semblent l’appeler dans leurs songes les plus enfouis.Son inspiration très italienne et même «Manzuettiste» voir le «Cardinal» de Giacomo Manzù, (Bronze, 103 x 56 x 56,5 cm, Museo dÂrte, Milan), … laisse à penser que Jackson, comme beaucoup de représentants de la couronne avant lui, éprouve une passion pour la Sérénissime.