13-09-2014 : Valentin Benoît

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Valentin Benoît Deux petits stands pour deux grands noms, deux écrins, deux joailliers fascinants : Giampiero Bodino et Alexandre Reza. La difficulté que j’éprouve à définir leur style respectif les rapproche dans mon esprit. Classique, néoclassique ? Moderne, postmoderne ? C’est un peu tout ça et peu importe. Je crois qu’ils partagent une certaine liberté : celle de choisir la primauté de l’objet sur le matériau, autrement dit – comme il se doit, n’est-ce pas ? – de la fin sur les moyens. Chez eux, jamais de prétexte pour sertir, jamais de monture qui ne parle pas, ne raconte rien, ne daigne murmurer... Je me rappelle soudain, en admirant leurs bijoux, qu’on broyait jadis du lapis-lazuli pour obtenir en peinture les plus beaux bleus. Giampiero Bodino et Alexandre Reza ne vont pas jusque-là, bien au contraire ! Ils chérissent manifestement ces raretés que donne le ciel via la terre, les pierres, qu’elles soient dures, fines ou précieuses. Mais tout de même, voyez ce collier de Bodino sur lequel de l’or blanc et des diamants retiennent insolemment, mais en retrait, comme les tenant en laisse et leur laissant jouer au premier plan, de vénérables camées du XIXe siècle… Au sommet de la pyramide se tient donc l’invention. Alexandre Reza fait depuis longtemps souffler sur la place Vendôme un esprit comparable : excentrique sans être extravagant (le secret de toute chose est là) et visant la perfection (cette maison l’atteint quasiment). J’ai « choisi » sur son stand deux paires de boucles d’oreilles. Imaginez d’abord,...
Valentin Benoît
Valentin Benoît

Deux petits stands pour deux grands noms, deux écrins, deux joailliers fascinants : Giampiero Bodino et Alexandre Reza. La difficulté que j’éprouve à définir leur style respectif les rapproche dans mon esprit. Classique, néoclassique ? Moderne, postmoderne ? C’est un peu tout ça et peu importe. Je crois qu’ils partagent une certaine liberté : celle de choisir la primauté de l’objet sur le matériau, autrement dit – comme il se doit, n’est-ce pas ? – de la fin sur les moyens. Chez eux, jamais de prétexte pour sertir, jamais de monture qui ne parle pas, ne raconte rien, ne daigne murmurer… Je me rappelle soudain, en admirant leurs bijoux, qu’on broyait jadis du lapis-lazuli pour obtenir en peinture les plus beaux bleus. Giampiero Bodino et Alexandre Reza ne vont pas jusque-là, bien au contraire ! Ils chérissent manifestement ces raretés que donne le ciel via la terre, les pierres, qu’elles soient dures, fines ou précieuses. Mais tout de même, voyez ce collier de Bodino sur lequel de l’or blanc et des diamants retiennent insolemment, mais en retrait, comme les tenant en laisse et leur laissant jouer au premier plan, de vénérables camées du XIXe siècle… Au sommet de la pyramide se tient donc l’invention. Alexandre Reza fait depuis longtemps souffler sur la place Vendôme un esprit comparable : excentrique sans être extravagant (le secret de toute chose est là) et visant la perfection (cette maison l’atteint quasiment). J’ai « choisi » sur son stand deux paires de boucles d’oreilles. Imaginez d’abord, en deux exemplaires bien sûr, trois petits saphirs cabochons sertis dans une ligne d’or brossé, d’où pend une pluie de diamants blancs taille émeraude ; soit un contraste délectable entre le doux et le mat en haut, le tranchant et le brillant en bas. Imaginez ensuite deux croissants de lune scintillants, noirs, dentelés, dentés de diamants rondelles ; quelle plante carnivore, me dis-je devant la vitrine, quel insecte camouflé ou quel fruit rare et tentant est-ce donc là ? Pour une héroïne digne de Baudelaire (photo).

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