À Paris Photo, j’ai vu une photo vivante

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Sous le toit majestueux du Grand Palais, il y avait des visiteurs dispersés comme des fourmis entre les parois de galeries, il y avait des hipsters habillés comme il faut – chemises faussement vintage mais souliers véritablement inconfortables – il y avait des étudiants en art dégainant leur Leica pour photographier des photographies, des acheteurs anglais très bien vêtus et des Japonaises courtoises coiffées de chignons stylisés. Que faisait cette foule ? Elle observait des photos inanimées, lorsque subitement, surgissant au beau milieu de leurs milliers d’yeux, est apparue une photo vivante. C’est un attroupement qui m’a donné l’alerte : une foule se compressait vers la galerie Edwynn Houk, afin d’apercevoir le photographe américain Elliott Erwitt, invité à dédicacer un livre. Juif russe ayant passé son enfance en Europe, en Italie notamment, ayant émigré aux États-Unis avant la guerre en 1938, l’homme est un Cartier-Bresson d’outre-Atlantique, repéré tôt par Robert Capa, avant de diriger ensuite la mythique agence Magnum. En noir et blanc, avec une tendre ironie, il a photographié les stars mais aussi les chiens, les enfants, la ville, inventant un regard proche de l’absurde magrittien ou du cartoon. Alors, les étudiants en art ont cessé de photographier des photographies, pour entreprendre de le photographier lui, le photographe – mais  cela revenait au même. Dans ce décor chargé d’images, une seule venait de sortir du cadre, pour redevenir, enfin, matière à photographie. Oui, autour de moi, sur les murs comme parmi les spectateurs, tout était démesurément pittoresque, saturé de représentations établies...

IMG_2893Sous le toit majestueux du Grand Palais, il y avait des visiteurs dispersés comme des fourmis entre les parois de galeries, il y avait des hipsters habillés comme il faut – chemises faussement vintage mais souliers véritablement inconfortables – il y avait des étudiants en art dégainant leur Leica pour photographier des photographies, des acheteurs anglais très bien vêtus et des Japonaises courtoises coiffées de chignons stylisés. Que faisait cette foule ? Elle observait des photos inanimées, lorsque subitement, surgissant au beau milieu de leurs milliers d’yeux, est apparue une photo vivante. C’est un attroupement qui m’a donné l’alerte : une foule se compressait vers la galerie Edwynn Houk, afin d’apercevoir le photographe américain Elliott Erwitt, invité à dédicacer un livre.

Juif russe ayant passé son enfance en Europe, en Italie notamment, ayant émigré aux États-Unis avant la guerre en 1938, l’homme est un Cartier-Bresson d’outre-Atlantique, repéré tôt par Robert Capa, avant de diriger ensuite la mythique agence Magnum. En noir et blanc, avec une tendre ironie, il a photographié les stars mais aussi les chiens, les enfants, la ville, inventant un regard proche de l’absurde magrittien ou du cartoon. Alors, les étudiants en art ont cessé de photographier des photographies, pour entreprendre de le photographier lui, le photographe – mais  cela revenait au même. Dans ce décor chargé d’images, une seule venait de sortir du cadre, pour redevenir, enfin, matière à photographie.

Oui, autour de moi, sur les murs comme parmi les spectateurs, tout était démesurément pittoresque, saturé de représentations établies ou définitives, à l’exception de ce vieil homme, né en 1928, qui signait en tremblotant l’ouvrage qui rassemblait une bonne partie de son œuvre. Elliott Erwitt portait tous ses clichés en lui, ils débordaient de ses longues oreilles, les taches sur ses mains ébauchaient  la carte d’un passage secret vers le passé, et la fascination qu’il provoquait était sans doute magique : les millions de négatifs jamais développés, contenus dans sa mémoire, se révéleraient-ils en le photographiant lui, vivante malle au trésor de la photographie ?

Arthur Dreyfus

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