AKASHI MURAKAMI LA STAR DU MANGA TRÔNE À VERSAILLES !

L’artiste japonais, coqueluche des collectionneurs, digère le manga en rêvant pop art avec Andy Warhol. Il installe 24 œuvres au cœur du Château. Takashi Murakami naît à Tokyo dans une famille modeste, en 1962. Son père, chauffeur de taxi, est obsédé par la guerre du Vietnam. Sa mère, restée au foyer, l’initie à l’art et l’oblige à écrire des critiques sur les expositions, faute de quoi il est privé de dîner ! Son frère calligraphe est Trésor national vivant. Attiré par la peinture traditionnelle Nihon-ga, Murakami obtient en 1993 un diplôme de l’Université des Beaux-Arts et de Musique de Tokyo. À la foire de Yokohama, Emmanuel Perrotin le remarque et l’expose deux ans plus tard à Paris. En 2002, à la Fondation Cartier l’exposition «Kawaï» séduit Marc Jacobs. Il l’embarque chez Vuitton où Murakami métamorphose le monogramme avec une palette de 33 couleurs. La planète Art adopte cet étendard. François Pinault l’accueille au Palazzo Grassi en 2006 puis installe la sculpture My Lonesome Cowboy à la Pointe de la Douane. Le marchand roi de New York, Larry Gagosian lui ouvre son écurie en 2007. Sa cote s’envole chez Sotheby’s New York: 15,6 millions de dollars pour My Lonesome Cowboy en 2008 ! Cette année-là, le Brooklyn Museum accueille la rétrospective Murakami après le Moca de Los Angeles et avant le Guggenheim de Bilbao.Versailles célèbre le grand siècledu manga et ouvre 15 salles aubestiaire onirique de TakashiMurakami. À 47 ans, The King of cute comme le baptise les Américains, masque son...

L’artiste japonais, coqueluche des collectionneurs, digère le manga en rêvant pop art avec Andy Warhol. Il installe 24 œuvres au cœur du Château.

Takashi Murakami naît à Tokyo dans une famille modeste, en 1962. Son père, chauffeur de taxi, est obsédé par la guerre du Vietnam. Sa mère, restée au foyer, l’initie à l’art et l’oblige à écrire des critiques sur les expositions, faute de quoi il est privé de dîner ! Son frère calligraphe est Trésor national vivant. Attiré par la peinture traditionnelle Nihon-ga, Murakami obtient en 1993 un diplôme de l’Université des Beaux-Arts et de Musique de Tokyo. À la foire de Yokohama, Emmanuel Perrotin le remarque et l’expose deux ans plus tard à Paris. En 2002, à la Fondation Cartier l’exposition «Kawaï» séduit Marc Jacobs. Il l’embarque chez Vuitton où Murakami métamorphose le monogramme avec une palette de 33 couleurs. La planète Art adopte cet étendard. François Pinault l’accueille au Palazzo Grassi en 2006 puis installe la sculpture My Lonesome Cowboy à la Pointe de la Douane. Le marchand roi de New York, Larry Gagosian lui ouvre son écurie en 2007. Sa cote s’envole chez Sotheby’s New York: 15,6 millions de dollars pour My Lonesome Cowboy en 2008 ! Cette année-là, le Brooklyn Museum accueille la rétrospective Murakami après le Moca de Los Angeles et avant le Guggenheim de Bilbao.

Versailles célèbre le grand siècledu manga et ouvre 15 salles aubestiaire onirique de TakashiMurakami. À 47 ans, The King of cute comme le baptise les Américains, masque son émotion d’un air de faux gai luron au chignon de samouraï. En cachant toute noirceur sous une palette pimpante où l’irréel surgit du banal, il séduit l’élite internationale des arts plastiques. Dans son monde, la nostalgie de l’enfance peuplée de champignons hallucinogènes et de héros flower power questionne la violence adulte. Grâce au mécénat du Qatar Museums Authority, Jean-Jacques Aillagon crée l’événement estimé à deux millions d’euros: «Je me réjouis de la confrontation entre le génie de Versailles précurseur dansl’invention de symboles: fleur de lys, couronne, soleil et celui de Murakami si créatif pour traduire les nôtres.»À la tête d’un empire, entre Tokyo et Long Island, la Kaïkai Kiki Corporation, Murakami revendique la valeur marchande de son art et souligne la contradiction. Accessible en porteclé ou en peluche, il fait exploser les records de vente avec ses sculptures à la sophistication trompeuse mariant métal, résine, laque et matières précieuses. Sotheby’s New York affiche 15,6 millions de dollars pour My Lonesome Cowboy (2008), la foire de Bâle 2 millions d’euros pour Simple Things (2009) coréalisée avec le rappeur Pharell Williams. Emmanuel Perrotin son galeriste déchiffre le visionnaire:«Il fait à rebours le chemin de l’industrie du cinéma, vend d’abord ses t-shirts pour populariser son travail et propose le film c’est-à-dire l’œuvre.» Travailleur acharné, il produit des films d’animation et promeut de jeunes talents qu’il expose dans sa galerie à Tokyo.Pour «Murakami Versailles», 24 œuvres dont 8 inédites entrent en dialogue ou en résistance avec le décor. Commissaire de l’exposition, Laurent le Bon crée une pièce all over: «Du sol au plafond, moquette, toiles, sculptures et vidéo célèbrent sa fleur fétiche» Dans le parc, un spectaculaire Oval Buddha de 6 m, tourné vers le soleil couchant à la gloire de Louis XIV, comme un hommage du Japon, conclut le parcours. Son antenne connectée vers le ciel relie le réel à l’universel. Murakami a non seulement l’art mais les manières…

Quelle est pour vous l’importance de vous trouver à Versailles ?Takashi Murakami: C’est un symbole très fort particulièrement médiatisé au Japon grâce au manga «La Rose de Versailles» (Lady Oscar en France) qui décrypte la Révolution française. Adapté en comédie musicale, il incarne la magie de l’Occident comme un rêve. Alors le Versailles de mon imagination est probablement une exagération. Nous construisons des châteaux comme un acte de guerre pour protéger le pays; Versailles est né d’une ambition culturelle. Républicaine, la France l’a transformé, contemporaine, elle l’ouvre à l’art: quel courage ! Alors comme le chat du Cheshire qui accueille d’un sourire diabolique Alice au pays des Merveilles, je vous invite à découvrir mon pays des merveilles de Versailles.Que représente le manga au Japon ?C’est un art très populaire dont les Japonais ne sont pas encore fiers. Né après la Deuxième Guerre mondiale de la pauvreté, avec une page blanche et un crayon noir, j’y puise la richesse de mon inspiration. Mon challenge à Versailles est la confrontation entre High et Low Art, le mariage manga-chef d’œuvre.Comment avez-vous sélectionné vos œuvres ?J’ai travaillé avec beaucoup d’attention surla signification historique des pièces où elles sont installées. Chaque salle royale a une histoire, chacune de mes œuvres aussi. J’ai cherché des correspondances; lorsque je n’en ai pas trouvé, je me suis lancé dans la création. Sur la vingtaine d’œuvres, huit sont nouvelles, les plus anciennes retravaillées dans des versions différentes.L’univers du Roi est-il compatible avec le vôtre ?Peut-être y a-t-il un décalage entre la compréhension de mon travail et l’élégante sophistication du château codifié à l’extrême. Cette notion m’intéresse. Les visiteurs s’immiscent dans un univers totalement fantastique, je poursuis ce rêve. Certains symboles de la cour existent dans mon travail; les correspondances peuvent paraître décalées, superficielles et produisent de bonnes ou de mauvaises surprises mais c’est un signe d’échange culturel franco-japonais.C’est votre première exposition dans un lieu historique ?Absolument, cette expérience inédite suscite à mon égard au Japon une pointe de jalousie et de frustration. N’essayez pas d’envisager un jour qu’un artiste contemporain français expose au Palais Impérial à Tokyo car je vous l’affirme (iléclate de rire) cela ne se fera jamais !

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