Amedeo Modigliani Carte de visite insolite

Archétype du peintre maudit, Amedeo Modigliani (1884-1920) appartient à la légende du XXe siècle. Tout le monde se souvient de l’artiste dé-sargenté, contraint de vendre ses dessins à la sauvette; du séducteur impénitent, dont la fidèle compagne, Jeanne Hébuterne, se suicida le lendemain de sa mort; de l’archange déchu, détruit par l’alcool et la drogue.De son œuvre, ce sont les nus que le public vénère. Des corps allongés, offerts, version crue de l’odalisque ingresque («Les plus nus des nus», selon la critique de son temps!). Et il retient aussi ses portraits, femmes ou hommes: têtepenchée; cou étiré, yeux asymétriques, souvent sans pupilles; lèvres pincées; environnement réduit à sa plus simple expression; perspective écrasée. Bref, un style que le moins avisé reconnaît au premier coup d’œil.Pour évoquer Modigliani, quoi de plus émouvant que la relique dérisoire reproduite ici, un paquet de cigarettes sur le couvercle duquel, après l’avoir dépecé, il a écrit au crayon son nom, son adresse, avec l’heure du rendezvous ? Bohème comme il l’était, l’artiste ne pouvait qu’ignorer l’usage des cartes de visite et il a pris sans façon ce qu’il a trouvé dans ses poches (celles d’un gros fumeur).À qui s’adressait cette invitation ? À un client potentiel, auquel il voulait montrer ses œuvres ? À une femme de petite vertu, pouvant lui servir de modèle ? On ne le saura jamais. Mais la date du billet ne fait aucun doute: 1917. C’est l’année où il emménage à la rue de la Grande Chaumière (Montparnasse), en compagnie...

Archétype du peintre maudit, Amedeo Modigliani (1884-1920) appartient à la légende du XXe siècle. Tout le monde se souvient de l’artiste dé-sargenté, contraint de vendre ses dessins à la sauvette; du séducteur impénitent, dont la fidèle compagne, Jeanne Hébuterne, se suicida le lendemain de sa mort; de l’archange déchu, détruit par l’alcool et la drogue.De son œuvre, ce sont les nus que le public vénère. Des corps allongés, offerts, version crue de l’odalisque ingresque («Les plus nus des nus», selon la critique de son temps!). Et il retient aussi ses portraits, femmes ou hommes: têtepenchée; cou étiré, yeux asymétriques, souvent sans pupilles; lèvres pincées; environnement réduit à sa plus simple expression; perspective écrasée. Bref, un style que le moins avisé reconnaît au premier coup d’œil.Pour évoquer Modigliani, quoi de plus émouvant que la relique dérisoire reproduite ici, un paquet de cigarettes sur le couvercle duquel, après l’avoir dépecé, il a écrit au crayon son nom, son adresse, avec l’heure du rendezvous ? Bohème comme il l’était, l’artiste ne pouvait qu’ignorer l’usage des cartes de visite et il a pris sans façon ce qu’il a trouvé dans ses poches (celles d’un gros fumeur).À qui s’adressait cette invitation ? À un client potentiel, auquel il voulait montrer ses œuvres ? À une femme de petite vertu, pouvant lui servir de modèle ? On ne le saura jamais. Mais la date du billet ne fait aucun doute: 1917. C’est l’année où il emménage à la rue de la Grande Chaumière (Montparnasse), en compagnie de Jeanne, âgée de 19 ans. Cette même année 1917 est celle de sa première exposition personnelle, chez Berthe Weill. Exposition d’ailleurs fermée le jour même du vernissage (3 décembre), par ordre de police, les nus étant jugés licencieux, et propres à troubler l’ordre public…Au printemps suivant, Modigliani et Jeanne quittent Paris devant la menace des troupes allemandes. Ils s’installent dans le sud de la France. Ce séjour marque le début d’une période moins sombre. Jeanne accouche d’une fille, le 29 novembre 1918. Des collectionneurs commencent à acheter des œuvres de l’artiste. Hélas ! De retour à Paris, celui-ci est emporté par la tuberculose, le 24 janvier 1920.Le grand nu, qui accompagne dans cet article le document autographe, est certainement antérieur à 1917. En effet, passé cette date, Modigliani a délaissé presque complètement ce sujet.

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