L’art : L’art est un travail sur la mémoire. Il propose des formes communes qui rendent compte du monde et nous aident à penser. L’artiste apporte un point de vue esthétique, poétique, philosophique, qu’on n’avait pas encore envisagé, ou pas envisagé complètement. Tout à coup, il y a une adaptation entre les choses et l’idée, et cela grâce à un film, un tableau. L’art est une machine à penser plus loin, une machine à partager la pensée du monde.
Armand Pierre Fernandez est né à Nice le 17 novembre 1928 et vient de décéder à New-York le 22 octobre 2005.Il grandit au contact d’un père amateur d’art qui l’initiera à la peinture. Arman débute des études artistiques à l’école des Arts décoratifs de Nice puis poursuit sa formation à l’Ecole du Louvre.Sa rencontre avec Yves Klein sur un tatami de judo scellera une amitié où la recherche et les questionnements sur l’art alimentent leurs réflexions.Ce sportif accompli, ce brillant joueur d’échecs partenaire de Marcel Duchamp sera à l’origine du mouvement du Nouveau Réalisme.Dès 1954, sensible aux œuvres de Jackson Pollock (comme lui, il pratique l’Action Painting) et Kurt Schwitters, Arman, le devancier moderne, réalise ses premiers «cachets», constructions graphiques couvrantes réalisées à l’aide de tampons – encreurs et de pochoirs.Ensuite, l’aire des reconversions débute avec la série Poubelles, déchets véritables dans un réceptacle de plexiglas. On se demande s’ils sont en suspension suite à une habile manœuvre de l’artiste qui aurait tout organisé et agencé, ce qui témoignerai d’un nombre incalculable d’interventions, ou simplement jetés dans une poubelle. Il poursuit avec ses Coupes, Accumulations, Combustions, Inclusions et Colères. Les colères feintes de l’artiste resteront célèbres.Découpant, empilant, entassant et transformant les objets, il réalise sa plus grande sculpture à Beyrouth en 1995. Afin de symboliser le désastre d’une guerre qui ruinale pays durant une quinzaine d’années, il entasse sous la forme d’une accumulation, des tanks et des canons sur une hauteur de trente mètres pour un poids de six mille tonnes.Objecteur de nos consciences, lorsqu’il procède à des accumulations de dentiers, de cheveux, de lunettes et dont la gravité n’est pas sans rappeler l’interrogation d’Adorno: – Comment faire de l’art après Auschwitz?Au cours de sa vie, outre avoir malmené, cassé ou brûlé des objets aussi divers qu’un piano à queue, qu’une voiture ou un violon, Arman s’est imposé comme le témoin critique d’une société de surconsommation par la mise en valeur d’objets neufs, abîmés et détruits.
Rencontres: Peintres et poètes étaient comme des chevaliers de la table ronde. Le roi Arthur, c’était Marcel Duchamp. J’ai rencontré le roi Arthur, les principaux chevaliers: Man Ray, Max Ernst, Dali, André Breton, qui avait vu un de mes violons carbonisés chez un marchand d’art primitif, m’a dit: «J’aime beaucoup votre violon brûle, c’est comme ça que j’apprécie la musique»
Nouveau réalisme: Le nouveau réalisme est le mouvement qui dans l’histoire de l’art, a duré le moins longtemps. Vingt minutes après sa constitution, l’empoignade était générale.
