Biennale de Lyon 2007: Le marécage et la lagune

Archéologie du présent»: c’est autour de cet oxymore que la Biennale d’art contemporain de Lyon entendait s’articuler pour cette neuvième édition, dont le titre: «00s – L’histoire d’une décennie qui n’est pas encore nommée», un peu abscons et un rien emphatique avec son italique, posait d’entrée l’ambition. C’était le pari d’une anticipation, sur ce travail de décantation du temps, qui fabrique ce qu’on appelle bon gré mal gré l’histoire de l’art: dégager dès à présent ce qui restera demain. Dans un paysage mondial foisonnant, hanté par plus de 110 biennales d’art contemporain, l’intention était, sinon louable, du moins compréhensible.Malheureusement, le but est manqué. Il faut dire que la méthode employée avait de quoi laisser dubitatif: inviter une soixantaine de commissaires, et leur proposer soit de présenter un artiste jugé central de la décennie, soit de réaliser un travail visant à caractériser cette décennie. Et il devait en sortir la postérité, ou quelque chose d’approchant… Si l’essence du travail intellectuel peut être considérée comme la résolution du chaos en la relative simplicité d’un monde ordonné, force est d’avouer que cela ressemblait plutôt à un tour de passe-passe. Sur cette pauvreté conceptuelle était encore appliquée une rhétorique absurde autour du jeu (la Biennale était un jeu, les commissaires des joueurs…), comme un vernis que seule la charité permettait de faire tenir. Mais le hasard faisant parfois bien les choses, cette manifestation réunit tout de même quelques travaux dignes d’intérêt.À l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, l’un des quatre lieux d’exposition, l’Américain David Hullfish...

Archéologie du présent»: c’est autour de cet oxymore que la Biennale d’art contemporain de Lyon entendait s’articuler pour cette neuvième édition, dont le titre: «00s – L’histoire d’une décennie qui n’est pas encore nommée», un peu abscons et un rien emphatique avec son italique, posait d’entrée l’ambition. C’était le pari d’une anticipation, sur ce travail de décantation du temps, qui fabrique ce qu’on appelle bon gré mal gré l’histoire de l’art: dégager dès à présent ce qui restera demain. Dans un paysage mondial foisonnant, hanté par plus de 110 biennales d’art contemporain, l’intention était, sinon louable, du moins compréhensible.Malheureusement, le but est manqué. Il faut dire que la méthode employée avait de quoi laisser dubitatif: inviter une soixantaine de commissaires, et leur proposer soit de présenter un artiste jugé central de la décennie, soit de réaliser un travail visant à caractériser cette décennie. Et il devait en sortir la postérité, ou quelque chose d’approchant… Si l’essence du travail intellectuel peut être considérée comme la résolution du chaos en la relative simplicité d’un monde ordonné, force est d’avouer que cela ressemblait plutôt à un tour de passe-passe. Sur cette pauvreté conceptuelle était encore appliquée une rhétorique absurde autour du jeu (la Biennale était un jeu, les commissaires des joueurs…), comme un vernis que seule la charité permettait de faire tenir.

Mais le hasard faisant parfois bien les choses, cette manifestation réunit tout de même quelques travaux dignes d’intérêt.À l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, l’un des quatre lieux d’exposition, l’Américain David Hullfish Bailey propose un ensemble de modélisations des structures sociales, avec les événements comme points nodaux, par le biais de maquettes ou de petites installations. La pièce centrale propose, à la lettre, une lecture spatiale du temps et des choses qui (se) passent, assez stimulante pour s’y perdre un bon moment.À Villeurbanne toujours, le collectif Claire Fontaine présente un ensemble de réalisations, à la fois graphiquement très convaincantes et bruissant de l’intellectualisme corrosif qui fonde le duo. Cette très réjouissante entreprise de «terrorisme existentiel», comme elle s’intitule elle-même avec une extrême justesse, lui évitera-t-elle d’être l’artiste de la décennie ? On ne peut que le souhaiter, dans la mesure où la revendication de l’appellation «artiste readymade» constitue le moyen de préserver la fragile dialectique entre la création et ce qu’elle appelle «grève humaine» de l’effondrement.Avec les X-Events 2, Anne Vigier & Franck Apertet proposaient une suite de protocoles chorégraphiques visant, au gré d’un thème, (les courses; les corps morts; le goût; la vague; les Kama Sutra; les chutes; Salives) à expérimenter les conditions d’émergence et de reflux de la sensualité. Ainsi mises en scène comme peut l’être une performance, ces chorégraphies rappelaient de belle manière, si besoin était, l’identité absolue de la danse avec les arts plastiques.On pourrait encore citer deux œuvres solides de Urs Fischer, une bonne vidéo de la Brésilienne Cynthia Marcelle, intitulée Fountain 193, fascinante et quasi hypnotique, ou le travail de Thomas Bayrle, qui, avec quelques autres, permettent malgré tout que cette Biennale, privée des moyens de ses ambitions, mérite un –petit – détour.


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