Clin d’œil

Une vente aux enchères peu importante, de livres et autres petits objets, comportait un lot curieux : un mouchoir brodé,où était crayonné un autoportrait d’Alberto Giacometti.Notre collectionneur ne pouvait laisser passer pareille occasion, et il s’en porta acquéreur, pour un prix assez bas. L’ayant emporté chez lui il le montra à sa femme, qui prit la décision de repasser (très soigneusement !) le tissu, pour rendre la pièce plus présentable tout en permettant de la glisser dans une fourre protectrice. Or, quelle ne fut pas leur surprise de constater que ce qui semblait une tache à l’endroit de la pliure du mouchoir était en réalité un autre dessin, une de ces figures en pied très allongées, qui sont comme la marque de Giacometti. Elle avait passé inaperçue du commissaire-priseur.Le collectionneur qui date l’œuvre de 1946/50, époque où l’artiste n’avait pas encore atteint la notoriété, reconstitue les faitsainsi: une jeune fille rencontre Giacometti dans un café parisien. Ils entament la conversation; elle apprend que son interlocuteur est un artiste et veut en savoir plus; bon prince, Giacometti sort son crayon, mais il n’a pas de papier sur lui; alors la jeune fille prend dans son sac un mouchoir, un de ces mouchoirs ornés d’un coin de Suisse (chalet devant une montagne enneigée), qu’on trouve dans les échoppes à souvenirs. On imagine que Giacometti a souri devant une si charmante naïveté, mais il s’est exécuté. Et on croit l’entendre dire: «Vous voulez savoir ce qu’est un Giacometti. Eh bien voici !» En...

Une vente aux enchères peu importante, de livres et autres petits objets, comportait un lot curieux : un mouchoir brodé,où était crayonné un autoportrait d’Alberto Giacometti.Notre collectionneur ne pouvait laisser passer pareille occasion, et il s’en porta acquéreur, pour un prix assez bas. L’ayant emporté chez lui il le montra à sa femme, qui prit la décision de repasser (très soigneusement !) le tissu, pour rendre la pièce plus présentable tout en permettant de la glisser dans une fourre protectrice. Or, quelle ne fut pas leur surprise de constater que ce qui semblait une tache à l’endroit de la pliure du mouchoir était en réalité un autre dessin, une de ces figures en pied très allongées, qui sont comme la marque de Giacometti. Elle avait passé inaperçue du commissaire-priseur.Le collectionneur qui date l’œuvre de 1946/50, époque où l’artiste n’avait pas encore atteint la notoriété, reconstitue les faitsainsi: une jeune fille rencontre Giacometti dans un café parisien. Ils entament la conversation; elle apprend que son interlocuteur est un artiste et veut en savoir plus; bon prince, Giacometti sort son crayon, mais il n’a pas de papier sur lui; alors la jeune fille prend dans son sac un mouchoir, un de ces mouchoirs ornés d’un coin de Suisse (chalet devant une montagne enneigée), qu’on trouve dans les échoppes à souvenirs. On imagine que Giacometti a souri devant une si charmante naïveté, mais il s’est exécuté. Et on croit l’entendre dire: «Vous voulez savoir ce qu’est un Giacometti. Eh bien voici !» En trois coups de crayon, la représentation était faite.Sur le mouchoir en coton, outre la vignette brodée, on voit donc le visage de Giacometti, présenté de face et surmonté de sa signature. Dans la partie gauche du rectangle, l’autre dessin est celui d’un personnage debout, aussi de face, les bras plaqués sur les hanches et les pieds écartés. Cette figure se trouve inverséepar rapport au portrait.

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