Nelson Monfort, grand reporter au service des sports sur France 2 et France 3, plus particulièrement sur les grands événements tels que patinage artistique, rugby, tennis, athlétisme et gymnastique, est également producteur et animateur de l’émission «Le club de l’art de vivre» sur les ondes de Radio Classique, tous les vendredi soirs de 19h00 à 20h00.Chaque semaine est développée l’actualité littéraire, musicale, artistique, touristique et gastronomique. Les émissions sont articulées autour d’un invité qui tout en déclinant son actualité, parle de ses passions dans l’art de vivre.Nelson Monfort, homme d’art, interviendra dans chaque numéro d’Art passions, où il présentera son coup de cœur, coup de griffe.
Coup de cœur
Le festival hivernal, les «Sommets Musicaux de Gstaad» dont la 5ème édition s’est tenue du 25 février au 5 mars 2005, correspond exactement à ce que j’apprécie, que se soit dans la musique, mais également dans la vie. Des concerts simples, presque acoustiques. Des concerts où le public est proche des musiciens et très à l’écoute. J’ai assisté en la petite chapelle de Gstaad, à un merveilleux récital le 28 février dernier où la «Arpeggione» D821 de Schubert qui n’est pas écrite pour la harpe et encore moins pour la flûte a été transcrite de manière magnifique.Même chose pour la «Moldau» de Smetana qui est sans doute la musique la plus emblématique de toute l’histoire de l’Europe de l’Est, retranscrite par le jeune harpiste Ladislav Papp, slovaque d’origine ce qui n’est sans doute pas un hasard, et qui a extrait des larmes de pratiquement tout le public de la chapelle.Ce concert donné par deux musiciens, correspond en tous points à ce que j’aime, simplicité, échange, gentillesse, regard, harmonie. Merci aux «Sommets» Musicaux de Gstaad.
Coup de griffe
Directement à l’inverse de mon Coup de cœur se situe le gigantisme prétentieux, arrogant, monstrueusement cher où des directeurs d’opéras se font des plaisirs personnels de «coterie», de «courtisanerie» en dénaturant complètement les plus belles œuvres du répertoire classique. «Offrant» bien qu’offrir ne soit vraiment pas le terme juste, en présentant des spectacles à un prix énorme, de production, de mise en scène, de présentation de chanteurs, d’artistes, de décorateurs qui n’ont pour moi, que le nom de décorateurs, de costumiers qui n’ont eux aussi que le nom de costumiers. On impose au public ses propres goûts.Je prends deux exemples qui ont été récemment joués à l’Opéra de Paris.Le Couronnement de Popée de Monteverdi, très bel opéra. Lorsque l’on voit Popée en la circonstance, habillée en «extraterrestre» avec des antennes sur la tête, une voiture se promener sur la scène… nous sommes assez loin du contexte. L’histoire alambiquée présente Néron comme un homme estimable alors qu’il a été un des plus grand tyran de l’histoire antique.Je trouve que l’on assiste là à une mise en scène catastrophique, insultante à l’égard du public, mais aussi des artistes qui chantent. Il y avait de très belles voix, qui malheureusement sont obligées de chanter lorsque le contrat est signé?!Mais… car il y a un «mais» ce n’était malheureusement pas le pire, le pire restait à venir…La Flûte enchantée de Mozart que je considère comme le plus bel opéra du monde, il est d’ailleurs l’un des trois opéras les plus joués dans le monde avec la Traviata de Verdi et Carmen de Bizet. La dimension de cet opéra écrit dans les trois derniers mois de la vie de Mozart, qui composaiten même temps, le requiem inachevé et le concerto pour clarinette, le fameux «KV622» une des plus belles œuvres de l’histoire de la musique classique. Lorsque l’on sait les circonstances de son écriture, les messages de paix, de tolérance et d’universalité qu’il véhicule… On ne peut pas imaginer une autre mise en scène que celle donnée en 1791 à Vienne dans les derniers mois de la vie de Mozart. Ce dernier appréciait entendre dans la rue les passants siffler les airs simples et connus. La Flûte enchantée possède ces airs, Pamino, Pamina, Papageno, Papagena, ainsi que l’air de la Reine de la nuit, l’un des plus beaux. Seulement là, la Reine arrive en costume de Martienne affublée de deux seins en forme de balles de tennis scintillantes, des antennes sur la tête et s’extrait d’une espèce de matelas gigantesque.De côté, deux récitants, en arbitres de tennis se renvoient la balle et déclament un récitatif d’un poète portugais du XXème siècle qui n’a strictement rien à voir avec la Flûte enchantée…Autant dans le «Couronnement de Popée» on assiste à une déviance de la mise en scène, dans la «Flûte enchantée», on assiste à une trahison de celle-ci.On se souvient que l’Opéra de Paris avait réalisé en2000 une magnifique représentation de la «Flûteenchantée» cet opéra tellement incontournable quemême Gérard Mortier qui a dirigé Salzbourg, ditqu’il est indispensable pour un directeur d’opérade placer celle-ci dans son premier mandat!Personnellement, j’ai rapidement «déchanté»devant les assauts «déjantés» de cette «Flûteenchantée».