ENTRETIEN AVEC FRANÇOISE CACHIN

Gilles Hertzog: Directeur des Musées de France jusqu’en 2001, vous jouissez toujours d’une autorité morale de fait, dont témoigne en filigranele Livre blanc des Conservateurs sur l’état des musées en France qui va paraître dans quelques jours, et qui est la raison de cet entretien.Françoise Cachin: Je ne sais pas si ce cri d’alarme dont j’ai eu vent me doit quelque chose, ou alors de très loin, mais pour ce que j’en sais, il met en lumière la dérive des musées de France, dont quelques-uns d’entre nous se sont faits l’écho ces dernières années tant, petits ou grands, tous ces lieux d’exception, dépositaires du patrimoine français, et tous ceux qui les font vivre, sont conviés désormais à adopter une logique entrepreneuriale, pour ne pas dire mercantile, et non plus de service public. Ou alors voués peu à peu à disparaître, faute de moyens. Cet état des lieux est un événement dans le monde de l’art, car ce sont les 1000 conservateurs français qui signent collectivement ce Livre blanc à l’attention des pouvoirs publics mais surtout de l’opinion.Commençons par le début. Vous étiez, presque de naissance, prédestinée à devenir un jour une Grande Dame des musées, comme vous ont baptisée vos homologues et amis…Le moi est haïssable, disait Pascal. Ma vie ou plutôt ma carrière, si elle présente le moindre intérêt pour autrui, c’est uniquement d’avoir été au service d’une conception de l’art et du patrimoine comme appartenant à tous. Un principe aujourd’hui battu en brèche. Rétrospectivement, les choses semblent avoir...

Gilles Hertzog: Directeur des Musées de France jusqu’en 2001, vous jouissez toujours d’une autorité morale de fait, dont témoigne en filigranele Livre blanc des Conservateurs sur l’état des musées en France qui va paraître dans quelques jours, et qui est la raison de cet entretien.Françoise Cachin: Je ne sais pas si ce cri d’alarme dont j’ai eu vent me doit quelque chose, ou alors de très loin, mais pour ce que j’en sais, il met en lumière la dérive des musées de France, dont quelques-uns d’entre nous se sont faits l’écho ces dernières années tant, petits ou grands, tous ces lieux d’exception, dépositaires du patrimoine français, et tous ceux qui les font vivre, sont conviés désormais à adopter une logique entrepreneuriale, pour ne pas dire mercantile, et non plus de service public. Ou alors voués peu à peu à disparaître, faute de moyens. Cet état des lieux est un événement dans le monde de l’art, car ce sont les 1000 conservateurs français qui signent collectivement ce Livre blanc à l’attention des pouvoirs publics mais surtout de l’opinion.Commençons par le début. Vous étiez, presque de naissance, prédestinée à devenir un jour une Grande Dame des musées, comme vous ont baptisée vos homologues et amis…Le moi est haïssable, disait Pascal. Ma vie ou plutôt ma carrière, si elle présente le moindre intérêt pour autrui, c’est uniquement d’avoir été au service d’une conception de l’art et du patrimoine comme appartenant à tous. Un principe aujourd’hui battu en brèche. Rétrospectivement, les choses semblent avoir eu cette logique que vous dites. Comme le commun des mortels, je suis, peu ou prou, le produit de mes origines. Ma grand-mère était peintre, ses ancêtres étaient miniaturistes, ma mère était peintre. Et son père, mon grand-père, était Paul Signac. J’ai vécu mon enfance dans l’odeur de la térébenthine. Les murs étaient couverts de tableaux. C’était comme si les post-impressionnistes et d’abord Signac,mort un an avant ma naissance, étaient encore là. Sa bibliothèque était là, tout Stendhal, tout Balzac. C’était un bourgeois libertaire, anarchiste, comme son maître Pissarro, et toute sa bande d’amis peintres, Luce, Steinlen, Cross, Van Rysselberghe. Il avait connu Van Gogh, qu’il était allé voir à l’asile de Saint Rémy. Il avait dirigé le Salon des Indépendants jusqu’à sa mort en 1935. Il avait été le mentor de Matisse, qui peignit son célèbre Luxe, calme et volupté après un séjour dans sa maisonvigie de la Hune, au-dessus de Saint-Tropez. C’est Signac qui, à bord de son voilier l’Olympia,avait, le premier, découvert ce «charmant petit port» comme il le décrivit, un jour de 1896. Tout enfant, j’ai eu de la sympathie pour ce grand-père invisible et si présent, puis de l’admiration pour ce virtuose, après Seurat, du pointillisme – les «ripipoints», dont se moquait Gauguin – et du divisionnisme. Une toile de Signac, ce sont des milliers et des milliers de touches minuscules, toutes chromatiques. Un travail à n’en plus finir, complètement fou. On comprend qu’il soit devenu plus tard, pour se reposer et se détendre, et parce qu’il était marin lui-même, cet aquarelliste de génie des ports français et des derniers grands voiliers au long cours, que présente en ce moment même, après celui du Havre, le musée de Roubaix. Ma mère me faisait poser, et cela m’ennuyait à mourir. Pour m’échapper, si je puis dire, je me suis, adolescente, intéressée à la peinture dans sa relation à la littérature, et lorsque j’étais élève d’André Chastel, le grand historien de l’art de la Renaissance, j’ai fait ma thèse sur le critique et théoricien de la couleur Félix Fénéon et l’impressionnisme. Après, cela a continué……Et n’a plus cessé. Vous avez passé, la première, le concours extérieur des conservateurs, et êtes entrée dans le monde des musées. Ni Orsay ni Beaubourg ni le Grand Louvre ni le musée des Arts premiers du quai Branly n’existaient alors…On a peine, en effet, à le croire. Le musée d’Art moderne, où j’ai débuté avec une exposition sur le Futurisme puis sur Klee, après des stages à l’Orangerie, au Louvre, à la Malmaison, et à Ajaccio où j’apprenais le métier – les réserves, les accrochages, les restaurations, les attributions – étaitencore quai de Tokyo. Les musées n’étaient pas du tout ces lieux-stars qu’ils sont devenus sous François Mitterrand et Jack Lang, et qu’ils sont plus encore aujourd’hui. Avec Jean Leymarie, je vais procéder à des acquisitions d’œuvres et à l’installation des collections du Musée d’Art moderne à Beaubourg. Mais tout va véritablement commencer avec l’exposition Manet, que j’organise au Grand Palais en 1983 et qui connaît une affluence record. Puis c’est l’ouverture d’Orsay en 1986, dont on me confie les rênes. Accrocher des tableaux dans le décor de Gae Aulenti et ses murs monumentaux n’était pas évident, pas plus que faire cohabiter l’impressionnisme et ses ennemis jurés, les grands peintres pompiers du XIXe siècle (ils dormaient au purgatoire, dans les réserves du Louvre), le tout dans une gare de chemin de fer. Les impressionnistes, jusque-là, logeaient au Jeu de Paume, aux Tuileries, totalement à l’étroit. La plupart des Degas étaient dans des réserves ! Quant aux sculpteurs, on ne montrait pratiquement rien. Là, «on déballe», si je puis dire. Cela a été une redécouverte. Et polémiques à l’appui sur la présence, iconoclaste ou pas, des peintres académiques, cela a marché au-delà de toute espérance. En parallèle, je vais pouvoir monter au Grand Palais les expositions monographiques Gauguin en 1988, Seurat en 1991, Cézanne en 1995 et, pour finir, Signac en 2001, ainsi qu’à Orsay, la Collection Barnes, en 1993, jamais sortie de Philadelphie et qui était jusque-là restée invisible pour le grand public. Toutes les grandes expositions sont des coproductions avec l’étranger. La décision se prend à la Réunion des Musées nationaux, qui réunit à intervalles réguliers tous les conservateurs, la Direction des Musées de France tranche, et la RNM en est l’organisateur et le bras financier. On se met d’accord avec les grands musées prêteurs, pour les échanges et la tournée internationale de l’exposition. Le jour venu, les conservateurs du monde entier arrivent avec les tableaux sous le bras ou presque, assistent à l’accrochage, font leurs commentaires. Le moment est grave, parfois magique, toujours enrichissant. Organiser ces expositions en majesté est un travail de chef d’orchestre jouant une œuvre majeure du répertoire avec une philharmonie au grand complet. Travail scientifique, écriture des catalogues, monographies, achats d’œuvres – Berthe Morisot par Manet, l’Autoportrait au Christ jaune de Gauguin, L’Origine du monde de Courbet –, collaboration et échanges avec les grands musées étrangers, américains en tête, cela aura été une période bénie pour la conservatrice amoureuse de l’impressionnisme que je suis.Pour le public aussi, qui vient en masse. Suite à ces expositionsphare, vous êtes nommée Directeur des Musées de France en 1994. Fin de la période bénie ?J’étais plutôt, par nature, un électron libre. Cette nomination à un poste de gestionnaire m’a paru une bizarrerie. À la guerre comme à la guerre: je l’ai prise comme un défi. La vogue des musées bat alors son plein. Outre Paris, avec le Grand Louvre, il s’en ouvre partout. Ce sont, plus que jamais, des instruments de prestige. Les villes de province les rénovent à tout va. Les grands musées nationaux, le Louvre, Orsay, Versailles, conquièrent –, quoi que j’en aie et que je fasse – leur autonomie, d’où aujourd’hui, d’emblée prévisibles, ces dérives et se détachent de la Réunion des Musées Nationaux qui les coiffait pour fonctionner comme des entreprises culturelles. C’est aux musées de province, en priorité, que je vais m’attacher, y faire multiplier les œuvres en dépôts du Louvre et d’ailleurs. Tout en faisant voter au Parlement la même loi d’inaliénabilité des œuvres et des collections, à l’encontre des municipalités tentées ici ou là, comme, par exemple, à Rennes, de combler leur déficit budgétaire en vendant – elles en avaient le droit jusquelà ! – tel chef-d’œuvre… Dans le même esprit de mise en valeur du patrimoine français où qu’il soit, avec l’épouse de l’ambassadeur américain à Paris, nous montons une structure d’échange, le FRAME, entre ces musées de province français, qui regorgent de trésors mal connus, et leurs homologues américains. Quelques expositions retentissantes aux États-Unis sont les choses dont je suis la plus fière.Vous avez dû régler la question, beaucoup moins drôle, des œuvres spoliées durant l’Occupation par les Nazis, et, faute de provenance connue, laissées en garde dans les collections publiques.J’ai fait organiser, en collaboration avec de grandes institutions juives américaines et les pouvoirs publics français, des recherches, des expositions, des colloques, et les restitutions, en parallèle avec la commission Matteoli sur l’indemnisation des biens juifs spoliés durant la guerre, furent menées à bien. Lors de l’ouverture du Musée des Arts premiers, cher à Jacques Chirac – qui le voulait au Louvre tel une revanche des Arts Primitifs sur les Arts occidentaux, et que je persuadai de leur consacrer un musée en propre – des pièces pillées au Nigéria avaient été acquises. «Pas d’œuvre volée dans les Musées», déclarais-je alors, et elles retournèrent toutes au Nigéria. Autre affaire pénible: Van Gogh, qui, avec Léonard de Vinci et sa Joconde et avec Vermeer, est l’artiste qui agite le plus les faiseurs d’énigme. Toute une campagne se développe un beau jour sur le thème toujours payant: les musées sont pleins de faux Van Gogh. J’ai fait passer au laboratoire toutes les toiles d’Orsay. La polémique s’est éteinte comme elle était née. Toujours Van Gogh, mais, cette fois, un tableau classé, donc interdit de vente à l’étranger, pour lequel son propriétaire fit condamner l’État français à lui verser 150 millions de francs de dommages et intérêts. Une bataille perdue. J’en rage encore.Venonsen à de tout autres batailles, après votre départ de la Direction des Musées de France…Elles aussi perdues.Pour toujours ?J’en ai peur. Avec d’autres, à commencer par Jean Clair, premier conservateur du musée Picasso à l’Hôtel Salé et aujourd’hui académicien, avec Michel Laclotte, ex-directeur du Louvre, Roland Recht, du Collège de France, Didier Rykner de La Tribune de l’Art et quelques autres, nous avons joué en vain les gardiens du Temple.Ce fut l’affaire du Louvre d’Abou Dhabi, en 2007.Nous l’avons appelé Le Louvre des sables, voire le Las Vegas. Mais revenons quelques années plus tôt. Il y a déjà un musée, le Guggenheim, pour ne pas le nommer, musée privé (comme tous les musées américains sauf la National Gallery de Washington) qui, depuis toujours, loue ses œuvres, alors que pour toutes les autres institutions, l’échange est la règle. Sauf que le coût des expositions de prestige explosant, puisque l’on passe de 80 œuvres en moyenne à 200 pour en mettre à chaque fois un peu plus «plein les yeux» et attirer un public toujours plus nombreux, les musées se mettent peu à peu à facturer l’emballage, tel frais d’expédition, puis d’exposition; d’autant que les frais d’assurance explosent à leur tour, avec la multiplication par deux voire par trois, du nombre d’œuvres et l’explosion de leur valeur sur le marché de l’art. Du coup, le mécénat devient de plus en plus une nécessité. Au Louvre, on passe en quelques années de trois à dix-huit personnes pour la recherche de mécènes. Bref, le cercle vicieux est engagé. Une logique économique et commerciale supplante une logique de service public, et, plus encore, une démarche avant tout de connaissance et de culture. Le succès coûtant de plus en plus cher, il faut qu’il soit toujours plus grand et donc toujours encore plus cher. L’argent devient le nerf de la guerre, dans le monde jusque-là à l’abri du marché et vivant sur les fonds publics des Musées français. De prêteurs, certains vont devenir des loueurs. À commencer par le Louvre, qui, en 2006, va louer le Et in Arcadia ego de Poussin, le Portrait de Castiglione par Raphaël et le Jeune mendiant de Murillo, au musée d’Atlanta pour la modique somme de 13 millions d’euros. Bref, la recherche de l’argent devient chez maints conservateurs une obsession, d’autant qu’avec la crise, l’État réduit ses budgets à la Culture. Une chose en entraînant une autre, les gestionnaires, énarques et consorts, prennent de plus en plus le pas sur les conservateurs. Et le sommet est atteint un beau jour de 2007, quand, sans le moindre préalable et à la stupéfaction générale, le Louvre annonce tout de go qu’il va prêter, contre plusieurs centaines de millions d’euros, ses compétences et son savoirfaire et qu’il va louer pour trente ans une quantité d’œuvres (lesquelles ne sont pas précisées) en vue de la création d’un musée, à Abou Dhabi, un émirat financier et balnéaire de 700 000 habitants dans le Golfe Persique, non loin des côtes iraniennes. Où la France, conjointement, crée une base militaire… Comme, en outre, on s’imagine aisément que le nouveau banquier du Louvre n’entend pas, pour ce prix, se faire prêter des œuvres de second rayon, ou sorties des réserves, l’inquiétude est à son comble.Le loup étant dans la bergerie, vous sortez du bois.Mal nous en a pris. Jean Clair, Roland Recht et moi-même publions dans Le Monde une tribune intitulée Les musées ne sont pas à vendre, qui se conclut sur ces mots: «Que l’on puisse rêver d’un monde où circuleraient librement les hommes et les biens de consommation est légitime. Mais les objets du patrimoine ne sont pas des biens de consommation, et préserver leur avenir, c’est garantir pour demain leur valeur universelle.» Quelque temps plus tard, sur ordre du Ministre de la Culture d’alors, Michel Laclotte et moimême sommes exclus de la Commission des Musées Nationaux, qui, sous la houlette de Michel David-Weill, grand donateur et mécène, décide des acquisitions d’œuvres convoitées par tel ou tel musée de France. Peu après, sur injonction du conseiller diplomatique de l’Elysée, ex-ambassadeur à Washington, je serai «virée» du FRAME. Pierre Rosenberg, ex-directeur du Louvre, quittera la Commission, par solidarité avec Laclotte.Et nous en revenons à ce Livre blanc des conservateurs de musée français.Son contenu, pour autant que je sache, me met du baume au cœur. Il dit plusieurs choses, de pure évidence.D’abord, il décrit la situation tragique de certains musées de province, loin des vitrines que sont le Louvre ou Versailles, et où tout pose problème, personnel insuffisant, réserves en péril, surchargées ou mal préservées, collections en caisses faute de place ou de protection sûre, locaux dégradés, aménagements reportés faute de crédits, etc… En un mot, après une période faste de trente ans, nous sommes entrés dans l’ère de la grande misère des musées français, stars exceptées. Ce manifeste ajoute que tous les musées ne peuvent pas faire du Monet et remplir leurs caisses avec des expositions rentables. Il est illusoire de penser que les musées pourraient s’autofinancer. Si rien n’est fait, prédit ce Livre blanc, les fermetures de musée se multiplieront. Il faut savoir que le Louvre, avec ses dix millions de visiteurs annuels – un «record du monde» qui laisse parfois perplexe sur sa signification – et quelques autres «locomotives» sont les arbres qui cachent la forêt. Enfin, les conservateurs se voient de plus en plus supplantés par des administrateurs-gestionnaires; ainsi à Versailles, à Fontainebleau, au Quai Branly, ailleurs encore.La tendance est-elle irréversible, la lutte sans espoir ?Non. On a, je l’espère, atteint un point limite. Et cela commence à bouger. L’Hôtel de la Marine, sur la place de la Concorde, qui devait être privatisé, est en passe, sous la pression de personnalités politiques et du monde de la culture, de rester dans le patrimoine national. C’est un symbole et peut-être un début. Mais tout reste à faire. En ce moment, le Kunsthaus, le musée d’Art moderne de Zurich présent une rétrospective des œuvres de Picasso exposées en grande pompe à Zurichen 1932, première exposition internationale de l’artiste. Ce fut un triomphe. Pour l’anniversaire de l’événement, tous les grands musées du monde ont prêté les mêmes œuvres, passées en leur possession, qui y figuraient il y a quatre-vingts ans. Tous. Sauf le musée Picasso, à Paris, qui s’y est refusé. Pendant ce temps, ce même musée Picasso, fermé jusqu’en 2014 pour des travaux d’agrandissement, fait circuler ses collections de Madrid à Tokyo contre plusieurs millions d’euros de location chaque année. L’œuvre d’art, les collections publiques, les musées sont assimilés purement et simplement à des marchandises.Restent l’art et votre amour des peintres, qui est celui de millions de gens qui doivent aux artistes ainsi qu’à vous et vos homologues de grands moments de félicité tout au long de l’existence. Dernier de ces moments en date, l’exposition Images d’une capitale, les Impressionnistes à Paris, qui vient de se clore à Essen, dont vous êtes le commissaire.Je ne voudrais pas employer de mots ronflants, mais cette exposition est un peu mon testament artistique. J’y ai réuni la plupart des artistes que j’aime, peintres français et étrangers autant que photographes, qui nous ont légué l’image du Paris de la deuxième moitié du XIXe siècle, de Baudelaire et Zola jusqu’à la Belle Époque, en plein bouleversement haussmannien, se modernisant intramuros et s’industrialisant en banlieue à marche forcée, la Ville-Lumière en proie à un progrès formidable, le Paris, oui, de la Belle Époque, mais tout cela au prix de destructions, de révolutions sanglantes, dont la Commune, de misères de toutes sortes, que tous ces artistes ont su magnifiquement exprimer et traduire. Il y a là Caillebotte et son pont de l’Europe, Monet et ses gares, Pissarro et les Grands Boulevards, Signac avec Les Gazomètres deClichy, L’Omnibus Panthéon-Courcelles de Bonnard, le Louvre et le Pont du Carrousel la nuit de Luce, une Rue Lafayette de Munch, Le Bal du moulin de la Galette de Renoir évidemment, venu de mon cher Orsay, et 120 photographies d’époque de la Tour Eiffel, du Sacré-Cœur en construction, venues pour beaucoup du musée Carnavalet. Tout est venu de France, des musées américains et européens, de Russie, de collections privées. Tout a été prêté. Gratuitement. Un regret toutefois: non qu’aucun représentant de Paris n’ait daigné honorer de sa présence l’inauguration de cette exposition, mais que celle-ci, faute d’intérêt officiel, ne vienne pas sur les bords de la Seine.

En quelques mots
Qu’est-ce qui vous émeut……

dans un objet ?Son utilité

.…dans une peinture ?Sa force.

…dans une sculpture ?Son réalisme

.…dans une photographie ?Son humour

.…dans un livre ?Ce sont les meilleurs compagnons.Si vous deviez choisir une œuvre

……dans la peinture ?Le Portrait de Berthe Morisot au chapeau noir, par Manet

.…dans la sculpture ?La Danse de Carpeaux

.…dans la musique ?Le premier nocturne de Chopin

.…dans l’architecture ?L’église du Panthéon de Rome

.…dans la littérature ?Les nouvelles de Tchékhov

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