HELMUT NEWTON BON CHIC MAUVAIS GENRE

Au début de l’année 2004, le photographe disparaissait dans l’accident de sa Cadillac qui avait percuté le mur du «Château Marmont», un palace hollywoodien légendaire: image toute newtonienne, où la camarde se serait finalement invitée en lieu et place d’une ou deux beautés plus ou moins dénudées… Helmut Newton fait l’objet, ce printemps, d’une rétrospective, sise dans la galerie sud-est du Grand Palais et supervisée par sa femme June Newton – elle-même connue sous le nom de photographe d’Alice Springs. D’Helmut Newton, tout le monde a vu, un jour ou l’autre, les photos au style devenu iconique, même si sa photographie est plus diverse qu’on ne le croit généralement. Frank Horvat le décrivait comme «le photographe qui a battu le système», entendant par là qu’il avait réussi à imposer son style et ses recherches personnelles dans le monde de la mode où les audaces sont soigneusement mesurées. Pourtant, dans un entretien avec Horvat, Newton évoquait encore la photo de mode et ses codes comme un carcan intérieur, qu’il n’était pas par venu à briser tout à fait, malgré toutes les provocations que contiennent ses images. Pas dupe, celui dont on a parfois qualifié la photo de porno-chic, évoquait même la possibilité d’incursions dans la pornographie hard, comme pour ruer une bonne fois pour toute dans les brancards. On ne peut, hélas, raisonnablement espérer que le Grand Palais nous fasse profiter de ces quelques images, réalisées un peu avant 1986. Dommage, la pornographie, sinon l’art y aurait certainement gagné ce que...

Au début de l’année 2004, le photographe disparaissait dans l’accident de sa Cadillac qui avait percuté le mur du «Château Marmont», un palace hollywoodien légendaire: image toute newtonienne, où la camarde se serait finalement invitée en lieu et place d’une ou deux beautés plus ou moins dénudées… Helmut Newton fait l’objet, ce printemps, d’une rétrospective, sise dans la galerie sud-est du Grand Palais et supervisée par sa femme June Newton – elle-même connue sous le nom de photographe d’Alice Springs.

D’Helmut Newton, tout le monde a vu, un jour ou l’autre, les photos au style devenu iconique, même si sa photographie est plus diverse qu’on ne le croit généralement. Frank Horvat le décrivait comme «le photographe qui a battu le système», entendant par là qu’il avait réussi à imposer son style et ses recherches personnelles dans le monde de la mode où les audaces sont soigneusement mesurées.

Pourtant, dans un entretien avec Horvat, Newton évoquait encore la photo de mode et ses codes comme un carcan intérieur, qu’il n’était pas par venu à briser tout à fait, malgré toutes les provocations que contiennent ses images. Pas dupe, celui dont on a parfois qualifié la photo de porno-chic, évoquait même la possibilité d’incursions dans la pornographie hard, comme pour ruer une bonne fois pour toute dans les brancards. On ne peut, hélas, raisonnablement espérer que le Grand Palais nous fasse profiter de ces quelques images, réalisées un peu avant 1986. Dommage, la pornographie, sinon l’art y aurait certainement gagné ce que le bon goût, que Newton abhorrait, y aurait perdu.

En effet, la nudité chez ce photographe australien d’origine allemande est le plus souvent, paradoxalement, anti-érotique. Le monde glamour qu’il photographie semble souvent glacé, figé dans une posture qui lui ôte toute vie; seule transparaît une sorte de force brute, exacerbée tant par le choix du modèle et du sujet que par la composition et la mise en scène du photographe.

La photo est toute en tensions: tension narrative, figée dans un instant hors du temps, mais au-delà ou en deçà duquel le spectateur peut laisser vagabonder son imagination; tension psychologique usant de contrastes forts: le masculin et le féminin, le nu et l’habillé, le chic de la mode et la banalité d’une rue, l’exhibition de l’intime, enfin la beauté parfaite, inaccessible par essence, pliée au caprice d’une mise en scène plus ou moins fantasmatique.

Dans la photo de Newton, on ne trouve guère d’attention portée à la couleur, en revanche, signe revendiqué – il choisit d’abandonner le kodachrome à cause de son grain trop professionnel – de la primauté de l’idée sur la matière et la manière. Encore un paradoxe pour un photographe peu porté sur la théorie et doté d’un sens inné de la composition contre lequel il semble parfois se battre.

Helmut Newton, sans doute le photographe de mode le plus connu du monde, se rêvait photo- reporter dans sa prime jeunesse à Singapour, confiait des échecs douloureux dans ses tentatives de traque de «l’instant décisif» cher à Cartier Bresson et avouait son impuissance à imiter des photographes comme Penn ou Avedon, capables de «faire une belle photo devant un fond blanc».

Faut-il y voir la source de cette petite note grinçante qui fait le sel des photos d’Helmut Newton ? Peut être, mais lorsqu’il réalise de – fort beaux – portraits, que ce soit celui de Fred, le taureau écossais, ou celui d’un Salvador Dalí mourant, cette note persiste, pour notre plus grande satisfaction.

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