Hermès design en Selle

Milan 2011. En pleine Foire internationale du meuble, l’expression de la griffe Hermès dans ce qu’elle révèle de plus contemporain. En s’alliant à des protagonistes italiens emblématiques, sa première collection «La maison» est une réussite. Exemplaire. Exceptionnelle. C’est un de ces rendez-vous qui marquent. Le lieu de l’exposition d’abord. Au cœur de Milan, La Pelota, un ancien gymnase avec sa cour de jeu et son foyer, qui évoque inévitablement le nouveau magasin parisien d’Hermès, ouvert en novembre dernier dans l’ancienne piscine de l’hôtel Lutetia: un espace immense, inattendu, qui invite à plonger dans le bassin offert aux collections abritées par des «huttes» en lames de frêne entrelacées. Le même esprit nomade nous rattrape dans ce volume majestueux au centre duquel Shigeru Ban, grand poète japonais d’architectures éthérées, et son associé européen Jean de Gastines ont installé des structures modulaires faites de tubes de carton et de papier tissé. Autant de lieux intimistes qui mettent en scène l’entrée d’Hermès dans le monde du meuble contemporain. Une première qui, aux côtés des créateurs français Denis Montel et Éric Benqué, intègre deux grands maîtres du design italien, Antonio Citterio et Enzo Mari. Des pièces impeccables conjuguant la modernité des formes et la virtuosité du prestigieux sellier parisien, en partenariat avec le fabricant B&B Italia, l’une des firmes puissamment engagées dans la qualité et l’innovation qui sont devenues les leaders du secteur au niveau international. Il s’est également associé avec Dedar, le spécialiste milanais du textile, pour ses tapis, tissus d’ameublement et papiers peints....

Milan 2011. En pleine Foire internationale du meuble, l’expression de la griffe Hermès dans ce qu’elle révèle de plus contemporain. En s’alliant à des protagonistes italiens emblématiques, sa première collection «La maison» est une réussite. Exemplaire. Exceptionnelle.

C’est un de ces rendez-vous qui marquent. Le lieu de l’exposition d’abord. Au cœur de Milan, La Pelota, un ancien gymnase avec sa cour de jeu et son foyer, qui évoque inévitablement le nouveau magasin parisien d’Hermès, ouvert en novembre dernier dans l’ancienne piscine de l’hôtel Lutetia: un espace immense, inattendu, qui invite à plonger dans le bassin offert aux collections abritées par des «huttes» en lames de frêne entrelacées. Le même esprit nomade nous rattrape dans ce volume majestueux au centre duquel Shigeru Ban, grand poète japonais d’architectures éthérées, et son associé européen Jean de Gastines ont installé des structures modulaires faites de tubes de carton et de papier tissé. Autant de lieux intimistes qui mettent en scène l’entrée d’Hermès dans le monde du meuble contemporain. Une première qui, aux côtés des créateurs français Denis Montel et Éric Benqué, intègre deux grands maîtres du design italien, Antonio Citterio et Enzo Mari. Des pièces impeccables conjuguant la modernité des formes et la virtuosité du prestigieux sellier parisien, en partenariat avec le fabricant B&B Italia, l’une des firmes puissamment engagées dans la qualité et l’innovation qui sont devenues les leaders du secteur au niveau international. Il s’est également associé avec Dedar, le spécialiste milanais du textile, pour ses tapis, tissus d’ameublement et papiers peints.

Sublime cohérence

Chez Hermès, rien n’arrive par hasard. Même à Pantin, en périphérie parisienne, les fenêtres des ateliers mesurent quatre-vingt-dix centimètres carrés, comme ses fameux foulards de soie. L’avènement du meuble design ne pouvait faire exception à cette méticuleuse cohérence qui dote chaque création de la maison d’une empreinte unique, immédiatement reconnaissable. Plus qu’une césure avec le monde équestre et celui de la mode, «La maison» apparaît en effet comme une évolution logique dans l’histoire du célèbre label. Directeur artistique et membre de la sixième génération de la maison familiale, Pierre-Alexis Dumas a vu sa mère, Réna Dumas, développer la collection Pippa, dans les années quatre-vingt: des créations pliables et transportables, portées par l’esprit du voyage. Il y a vingt ans, son père, Jean-Louis Dumas, lançait le concept de l’art de vivre avec des boîtes, des cadres et les premiers services de table. «Aujourd’hui, dit-il, s’est imposé le besoin de penser aux objets, mais aussi à leur présence dans l’espace, avec des meubles capables de vivre séparément, mais aussi d’engendrer un dialogue entre eux.»

D’où cette collection dont les divers chapitres dessinent les nouvelles expressions d’un luxe discret, caractéristique de la marque. Réunies sous le titre «Métiers», quatre pièces ont été projetées par l’incontournable artiste et designer Enzo Mari, choisi pour sa capacité à visualiser une idée sans céder aux sirènes du marketing et à la transmettre à sa manière en lignes essentielles, jusqu’à rejoindre une élégance intemporelle. Née d’une rencontre avec Pierre-Alexis Dumas lors du premier Prix Émile Hermès en 2008, la collaboration offre l’envol à cette série dont la table de bureau, simple plan gainé de cuir lisse monté sur une structure en chêne Canaletto au fini soyeux, synthétise les éminentes compétences artisanales qui président à la réalisation de l’ensemble.

Composant la série «Matières», les cinq créations dessinées par Antonio Citterio – méridienne, canapé, étagère, petite table, fauteuil avec son accoudoir sur lequel on peut s’asseoir comme sur une selle – sont autant de figures qui font valoir l’harmonie des proportions et l’extrême attention aux détails. Clin d’œil aux tabourets pliants de Pippa, inspirés par les origines nomades des civilisations égyptienne et grecque, ces pièces, remarquables fusions entre tradition et pure modernité, semblent également fascinées par la luxueuse sobriété du décorateur français des années 1920-1930, le légendaire Jean-Michel Frank. Maître de l’euphémisme avec ses surprenants mélanges de matières riches et pauvres, le voici, du reste, présent dans la collection, exactement soixante-dix ans après sa mort, à travers des pièces saillantes dont la réédition n’a rien de fortuit. En son temps, c’est Émile Hermès, son ami, qui avait contribué à les produire en les habillant de cuir souple comme un gant. Aujourd’hui, ce sont autant de meubles d’une troublante actualité qui nous sont à nouveau offerts. Certains en palissandre ou, tel le paravent, en paille marquetée et cirée; d’autres revêtus de cuir aux coutures «piqué sellier» (un fil et deux aiguilles comme pour les sacs Kelly et Birkin), tous touchant à l’étrange union du néo-classicisme, de l’abstraction et des arts primitifs.

La chaise iconiqueSi deux figures du design italien ont intégré les valeurs d’Hermès avec leur personnalité singulière, c’est à Denis Montel, successeur de Réna Dumas à la tête de RDAI, bureau parisien d’architecture et de design, qu’a été confié le défi de représenter l’identité de la maison dans la pièce la plus banale mais la plus significative de toute collection: la chaise. Une vraie «chaise-signature» que celle-ci, créée en collaboration avec Éric Benqué dans la retenue la plus absolue. Totalement gainée de cuir, déhoussable comme pour rappeler qu’Émile Hermès, en 1915, fut le premier à importer des États-Unis la fermeture à glissière pour ses sacs, elle porte dans son classicisme décomplexé tout l’art du raffinement propre au sellier. Si l’on y ajoute les textiles et les papiers peints dont certains évoquent le monde du cheval, cette diversification apparaît comme le nouvel éloge d’un luxe authentique, rare de nos jours, fondé depuis la création de la maison parisienne sur la force de l’idée et l’excellence des savoir-faire.

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