Hermès vu par Lysippe

Artpassions vous fait découvrir un bronze antique d’une qualité exceptionnelle. Personne n’a pu l’admirer jusqu’ici, mis à part le propriétaire et ses familiers.Lysippe est le dernier grand nom de la sculpture classique et, on peut le dire, de la sculpture grecque en général. Il est né à Sicyone, en Achaïe, vers 390 avant J.-C. Issu d’une famille modeste, il dut à son seul mérite son ascension sociale et sa réussite matérielle. Admis à la cour de Philippe de Macédoine, il rencontra le philosophe Aristote, qui l’influença grandement, mais sans le détourner de sa vocation d’artisan, appliqué et travailleur. Lysippe a exercé son activité dans la plus grande partie du monde grec: la péninsule balkanique, les îles de la mer Égée, l’Asie Mineure, le Proche-Orient, peut-être Alexandrie d’Égypte et même la Grande Grèce (Tarente). Opportuniste, il se plia facilement aux directives de ses nombreux commanditaires, le plus célèbre étant le fils de Philippe, Alexandre le Grand, dont il fut le portraitiste attitré. La longévité exceptionnelle de sa carrière,achevée vers 306 avant J.-C., explique que les Anciens lui aient attribué 1500 œuvres ! Selon Pline, Lysippe se vantait de représenter les hommes tels qu’il les voyait et de n’avoir eu pour maître que la nature. Il auraitsurtout conçu un nouveau code de proportions (summetria), où la tête n’occupe que le huitième de la hauteur totale du corps, afin que celui-ci paraisse plus élancé. Spécialisé dans les représentations d’athlètes, Lysippe a aussi excellé dans les scènes historiques ànombreux personnages, certains montés sur des...

Artpassions vous fait découvrir un bronze antique d’une qualité exceptionnelle. Personne n’a pu l’admirer jusqu’ici, mis à part le propriétaire et ses familiers.
Lysippe est le dernier grand nom de la sculpture classique et, on peut le dire, de la sculpture grecque en général. Il est né à Sicyone, en Achaïe, vers 390 avant J.-C. Issu d’une famille modeste, il dut à son seul mérite son ascension sociale et sa réussite matérielle. Admis à la cour de Philippe de Macédoine, il rencontra le philosophe Aristote, qui l’influença grandement, mais sans le détourner de sa vocation d’artisan, appliqué et travailleur. Lysippe a exercé son activité dans la plus grande partie du monde grec: la péninsule balkanique, les îles de la mer Égée, l’Asie Mineure, le Proche-Orient, peut-être Alexandrie d’Égypte et même la Grande Grèce (Tarente). Opportuniste, il se plia facilement aux directives de ses nombreux commanditaires, le plus célèbre étant le fils de Philippe, Alexandre le Grand, dont il fut le portraitiste attitré. La longévité exceptionnelle de sa carrière,achevée vers 306 avant J.-C., explique que les Anciens lui aient attribué 1500 œuvres !

Selon Pline, Lysippe se vantait de représenter les hommes tels qu’il les voyait et de n’avoir eu pour maître que la nature. Il auraitsurtout conçu un nouveau code de proportions (summetria), où la tête n’occupe que le huitième de la hauteur totale du corps, afin que celui-ci paraisse plus élancé. Spécialisé dans les représentations d’athlètes, Lysippe a aussi excellé dans les scènes historiques ànombreux personnages, certains montés sur des chevaux et entourés de chiens.L’intérêt du sculpteur pour le mouvement et l’instant fugitif lui a inspiré une allégorie de l’Occasion (Kairos), véritable manifeste de son art, dont il fit trois versions, une pour sa ville natale, une pour le stade d’Olympie et une troisième, réservée à Alexandre. L’œuvrese présentait sous la formed’un garçonnet ailé, en équilibre instable sur une sphère. Il tenait une balance dans la main gauche, la droite équilibrant les plateaux. Sa chevelure était rasée par derrière, pour qu’on ne puisse pas le saisir par une mèche et l’empêcher de fuir… (manière de signifier qu’il faut toujours devancer la chance car, une fois passée, il est trop tard).On sait encore que Lysippe a eu ses fils comme collaborateurs, son atelier accueillant aussi de nombreux élèves.Cela dit, il en va de Lysippe comme de Phidias, Myron ou son contemporain Praxitèle: aucune œuvre signée par lui n’est parvenue jusqu’à nous. Donc pour se faire une idée un tant soit peu précise de son art, force est de se rabattre sur des œuvres qui, tout en n’appartenant pas à l’époque où vécut l’artiste, s’inspirent manifestement de ses créations, avec plus ou moins de fidélité.C’est le cas d’une statuette, propriété d’un important collectionneur américain. Elle représente Hermès, reconnaissable à la petite aile qui pousse dans sa chevelure (l’autre, fixée aussi par un tenon, a disparu). Cet attribut renvoie à sa fonction de messager des Olympiens, parcourant le monde à la vitesse de l’oiseau. Le dieu est assis sur un siège de fortune, un rocher, la jambe gauche étendue, l’autre repliée, de façon que le pied correspondant s’appuie sur le roc. Dans sa main droite, posée sur la cuisse, il tenait le caducée (Kérykéion, caduceus), sorte de sceptre symbolisant sa fonction de héraut. Fait à part, peut- être en argent comme les ailettes de la tête, cet accessoire a disparu, probablement dans l’Antiquité déjà. Quant à l’autre bras, brisé au coude, on suppose qu’il prenait appui sur le rocher. La tête du dieu et son torse sont tournés de ce même côté.

Comment interpréter cette attitude ? Hermès a-t-il interrompu sa course, pour prendre un moment de repos ? Ou se tient-il prêt à bondir, à la première injonction de Zeus, son maître ? Cette ambiguïté s’accorde avec la nature même d’Hermès, le dieu au double langage, à la fois lumineux et obscur, qui guide les hommes ou les égare, suivant les circonstances. Et l’expression de son visage entretient aussi l’équivoque. Car on croit y lire la lassitude, bien que ce regard vide puisse tout aussi bien signifier une sorte de résignation, propre à tout serviteur soumis à la volonté d’autrui.Alors que d’ordinaire Hermès a l’apparence d’un jeune homme mince et gracieux, il montre cette fois-ci une morphologie d’athlète: cou épais, épaules larges, pectoraux et abdominaux très développés, jambes nerveuses. C’est la raison pour laquelle on doit supposer que le dieu se présente ici en qualité d’Enagonios (littéralement qui préside à la lutte), le protecteur des palestres et des stades, rôle bien attesté par les textes.Dans cette statuette, le style de Lysippe se reconnaît facilement: composition ouverte, offrant plusieurs points de vue (au moins trois); suggestion du mouvement; allongement du corps. En outre, il y a cette absence de distance envers le modèle, qui nous rend le dieu presque familier, désacralisé en quelque sorte.La technique de la statuette, une fonte à cire perdue, renvoie elle aussi à Lysippe, qui privilégiait le bronze aux dépens du marbre. Et sa taille (27 cm) rappelle enfin que le génial artiste a introduit l’usage des sculptures en réduction, qu’on pouvait poser sur la table (épitrapèzios) et emporter avec soi en voyage.

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