Hiroshi Watanabe CARRÉS D’OMBRE ET DE LUMIÈRE

Partageant sa vie entre Tokyo et LosAngeles, Hiroshi Watanabe vient de voir son portfolio primé aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles. Diplômé du College of art de la Nihon University, et après s’être impliqué dans la réalisation de spots publicitaires, c’est l’obtention d’un MBA à l’université de Californie de Los Angeles (UCLA) qui le décide à se plonger totalement dans la photographie. Dès lors, il parcourt le monde pour «enregistrer visuellement l’objet de ses fascinations» (sic). De nombreux prix distinguent ses œuvres tandis que les expositions et les publications se succèdent tant aux États-Unis qu’au Japon.Hiroshi Watanabe peut donc apparaître comme un artiste installé mais ce n’est pas le cas. Il sait, tel Edouard Boubat, qu’il lui faut rester en éveil pour saisir les heureux hasards. Il affute sa curiosité, confronte sa sensibilité aux activités humaines avec la volonté de conserver les traditions qui pourraient disparaître. Il résiste à la tentation de se plagier; le style ne s’épanouit pas dans la répétition. Alors l’artiste se remet sans cesse en cause, et va jusqu’en Corée du Nord pour photographier en couleur Ideology in paradise, livre publié au Japon.Enregistrer le monde sensible ne peut se faire sans connaissance. Hiroshi Watanabe se documente avant de partir mais se garde bien de toute idée préconçue. La magie de l’image ne surgit que si l’on est prêt à laisser l’œuvre s’accomplir. Nous pourrions l’apparenter aux maîtres calligraphes japonais qui savent tant mais oublient tout au moment de la réalisation de leur sujet. Taire le...

Partageant sa vie entre Tokyo et LosAngeles, Hiroshi Watanabe vient de voir son portfolio primé aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles. Diplômé du College of art de la Nihon University, et après s’être impliqué dans la réalisation de spots publicitaires, c’est l’obtention d’un MBA à l’université de Californie de Los Angeles (UCLA) qui le décide à se plonger totalement dans la photographie. Dès lors, il parcourt le monde pour «enregistrer visuellement l’objet de ses fascinations» (sic). De nombreux prix distinguent ses œuvres tandis que les expositions et les publications se succèdent tant aux États-Unis qu’au Japon.Hiroshi Watanabe peut donc apparaître comme un artiste installé mais ce n’est pas le cas. Il sait, tel Edouard Boubat, qu’il lui faut rester en éveil pour saisir les heureux hasards. Il affute sa curiosité, confronte sa sensibilité aux activités humaines avec la volonté de conserver les traditions qui pourraient disparaître. Il résiste à la tentation de se plagier; le style ne s’épanouit pas dans la répétition. Alors l’artiste se remet sans cesse en cause, et va jusqu’en Corée du Nord pour photographier en couleur Ideology in paradise, livre publié au Japon.Enregistrer le monde sensible ne peut se faire sans connaissance. Hiroshi Watanabe se documente avant de partir mais se garde bien de toute idée préconçue. La magie de l’image ne surgit que si l’on est prêt à laisser l’œuvre s’accomplir. Nous pourrions l’apparenter aux maîtres calligraphes japonais qui savent tant mais oublient tout au moment de la réalisation de leur sujet. Taire le savoir pour ouvrir la sensibilité et l’esprit afin de laisser la main libre. Dans son geste, une dimension sacrée s’impose à lui. Il tient son boîtier 6×6 de ses deux mains placées au niveau de l’abdomen. Ainsi, il s’incline devant le sujet, pour composer le cadre sur leverre dépoli de l’appareil. Une attitude de révérence et d’intériorité qui conduit à la poésie et nous maintient dans l’essentiel.Nous pourrions surprendre Hiroshi Watanabe dans le laboratoire et ne serions pas étonnés d’y ressentir un mystère. C’est ici que les images se révèlent en larges gammes de blancs, de gris et de noirs; chaque tirage est unique, traité par la main de l’artiste. La photographie dépasse alors la représentation du sujet. Il y est transcendé par le regard, le long processus de développement et la permanence des sels d’argents. Hiroshi Watanabe est de ceux qui savent que cette alchimie de haute tradition contribue à l’expression de l’art.Quant aux sujets, ils paraissent infiniment respectés. Les gens, les bêtes ou les objets nous concernent et semblent nous regarder. Cela est particulièrement vrai pour les portraits de singes Suo Sarumawashi. Dans American Studies, des fragments d’Amérique, paysages et détails hautement symboliques, se conjuguent en évitant toute caricature. Nous sommes également face au sacré devant les végétaux de la suite Perennial Scenes. Le lotus y est majestueux et nous apaise. Et l’humanité du regard de l’artiste opère, sur les patients de l’Hôpital psychiatrique de San Lazaro, sur les acteurs de théâtre Kabuki, aussi bien que sur les marionnettes d’Ena Bunraku ou les masques Noh du Naito, qui semblent retenir leur souffle. Quel que soit le sujet, Hiroshi Watanabe en capte toute la profondeur, la force et la beauté dans l’émotion de l’instant. Il en est ainsi au fil des dix-sept portfolios et des huit livres édités à ce jour, dans une réalisation éditoriale exemplaire.Revenir à la photographie, au tirage original. Remarquons que le format choisi est homothétique au négatif dont les bords noirs cernent l’image. Ombre et lumière, rien n’est recadré. L’image jaillit toujours carrée, symbole d’humanité.

Artpassions Articles

E-Shop

Nos Blogs

Instagram Feed