Il y a aussi des artistes à Bâle

Une fois de plus, Art Basel a tenu ses promesses. Cette foire internationale de l’art qui en est à sa 42e édition s’est imposée comme «la» foire par excellence. Il suffisait de voir les mines réjouies des acteurs de cette manifestation qui bénéficie d’un retentissement considérable dans les médias rendant compte de ce pèlerinage. À chaque fois, on voit affluer, dans la ville d’Érasme et d’Holbein, tous les collectionneurs de la planète, les fortunés à qui sont destinés les grands trophées, et les moins fortunés à qui les galeristes destinent ce qu’ils appellent les nouveaux talents, les valeurs montantes, sans oublier ni les conservateurs de musées ni finalement tous ceux qui s’intéressent à l’art contemporain. Dans la section Art Unlimited qui se veut, depuis l’an 2000, une exposition innovante, comblant le fossé traditionnel entre les foires d’art et les grandes expositions institutionnelles, plus de 60 œuvres étaient présentées sur quelque 10 000 mètres carrés, sous la supervision du Genevois Simon Lamunière qui avait choisi, comme fil conducteur, la construction et la déconstruction. Des projets artistiques de grand format, qui ne trouveraient donc pas leur place dans l’enceinte dévolue aux galeries classiques, et qui sont représentatifs de tous les médias: installations, sculptures, photographies, peintures, vidéos, performances. Pour la première fois, la galerie Skopia de Genève avait les honneurs d’Art Unlimited. Pierre-Henri Jaccaud, son directeur, qui fut l’un des pionniers de l’installation de galeries d’art contemporain dans le quartier des Bains au début des années 1990, a présenté l’artiste Alain Huck, né...

Une fois de plus, Art Basel a tenu ses promesses. Cette foire internationale de l’art qui en est à sa 42e édition s’est imposée comme «la» foire par excellence. Il suffisait de voir les mines réjouies des acteurs de cette manifestation qui bénéficie d’un retentissement considérable dans les médias rendant compte de ce pèlerinage. À chaque fois, on voit affluer, dans la ville d’Érasme et d’Holbein, tous les collectionneurs de la planète, les fortunés à qui sont destinés les grands trophées, et les moins fortunés à qui les galeristes destinent ce qu’ils appellent les nouveaux talents, les valeurs montantes, sans oublier ni les conservateurs de musées ni finalement tous ceux qui s’intéressent à l’art contemporain.

Dans la section Art Unlimited qui se veut, depuis l’an 2000, une exposition innovante, comblant le fossé traditionnel entre les foires d’art et les grandes expositions institutionnelles, plus de 60 œuvres étaient présentées sur quelque 10 000 mètres carrés, sous la supervision du Genevois Simon Lamunière qui avait choisi, comme fil conducteur, la construction et la déconstruction. Des projets artistiques de grand format, qui ne trouveraient donc pas leur place dans l’enceinte dévolue aux galeries classiques, et qui sont représentatifs de tous les médias: installations, sculptures, photographies, peintures, vidéos, performances.

Pour la première fois, la galerie Skopia de Genève avait les honneurs d’Art Unlimited. Pierre-Henri Jaccaud, son directeur, qui fut l’un des pionniers de l’installation de galeries d’art contemporain dans le quartier des Bains au début des années 1990, a présenté l’artiste Alain Huck, né à Vevey en 1957. Quatre dessins de très grandes dimensions, réalisés au fusain et regroupés sous l’appellation de Tragedy or Position. Un autre Suisse a eu les honneurs de cette même section. Daniel-Robert Hunziker, né en 1965 à Walenstadt, dans le canton de Saint-Gall, exposait des panneaux laqués représentant des sortes de paysages abstraits. Comme une exploration du lien entre le naturel et l’artificiel, le statique et le dynamique.

De son côté, la jeune Genevoise Hania Bailly estime que désormais toute galerie qui compte se doit d’être à Bâle. «Nous avons exposé à Scope Basel et nous en sommes extrêmement satisfaits car, en plus de nos clients habituels, nous en avons rencontré des nouveaux. Nous avons attiré l’attention de plusieurs collectionneurs internationaux et nous sommes parvenus à vendre 90% des pièces de nos artistes comme Alexandre et John Gailla, Mandril et Ebru Dosekci, dont 70% au cours des quatre premières heures après l’ouverture.» Ce qui fait que, depuis le 22 septembre, la galerie Hania Bailly Contemporary expose à Genève des artistes émergents comme Ruggero Rosfer, Grace Kim et Kye Hee Yoon. Précisons que Scope, qui se tient depuis cinq ans à quelques pas d’Art Basel, n’a pas peur de se présenter comme une manifestation concurrente, donc stimulante.

Mais Art Basel qui accueillait quelque trois cents exposants qui avaient payé plus de 500 francs le mètre carré de stand, a dû faire face pour la première fois de son histoire à ce que le Journal des Arts appelle la «bronca des refusés». Elle était le fait parfois de personnalités qui, bien loin de faire profil bas dans l’espoir d’être admis l’année suivante, n’ont pas hésité à alerter les médias. Parmi les recours, il faut signaler celui de Marc Blondeau, à l’autorité incontestée.

Dans ce vaste et multiple programme que constitue Art Basel, dans lequel on se perd parfois, Design Miami/Basel a su tirer son épingle du jeu. La petite sœur d’Art Basel Miami Beach, qui se tiendra du 1er au 4 octobre dans le quartier Art Deco de Miami, se veut un marché du design, bénéficiant de la participation des galeries les plus influentes en ce domaine. Comme la Genevoise Mitterrand + Cramer/design qui présentait une sélection des travaux de ces trois dernières années ainsi que de toutes nouvelles pièces jamais encore exposées. Comme GT2, du designer de pointe Arik Levy, ou Magnet Lamp, du jeune collectif britannique Freshwest. Patrick Seguin, de Paris, présentait un projet ambitieux sous la forme d’une maison modulable que l’on peut monter et démonter en une journée, alors que Pierre-Marie Giraud, de Bruxelles, déployait un ensemble de céramiques toutes contemporaines. Ceci dans un panorama général où c’est le design des années 1930 à 1950 qui dominait. Dans les couloirs, on évoquait aussi régulièrement une éventuelle création, à Hong Kong, d’une branche de Design Miami, propriété à 50%, rappelons-le, de Messe Schweiz.

Mais Design Miami/Basel, c’est aussi l’émergence de belles personnalités. Parmi les incontournables, on peut signaler Nacho Carbonell, qui, dans Playground Closes at Dusk, sa première installation à grande échelle, a créé des pièces interactives sur lesquelles les visiteurs peuvent grimper et même s’asseoir au sein de la galerie Rossana Orlandi. «Une occasion de diversion et un moment d’introspection» dans le brouhaha de la Foire. Autre présence: né de l’imagination de l’architecte Zaha Hadid, un bâtiment de quatre étages, le Dongdae mun Design Plaza, était entièrement consacré au design avec musée, exposition et bibliothèque.

Plus originale, présentée par Phaidon Press, l’artiste Hella Jongerius a créé toute une série de beaux vases, Coloured Vases Series 3, en collaboration avec le plus ancien fabricant de céramiques aux Pays-Bas, Royal Tichelaar Makkum. Plus de 300 pièces polychromes, rappelant les intensités lumineuses des peintures anciennes, sont autant d’observations des mélanges optiques de couleurs.

Née aux Pays-Bas en 1963, cette designer néerlandaise a fait de brillantes études à l’Académie de design d’Eindhoven, avant de rejoindre le célèbre collectif de designers Droog Design et d’enseigner par la suite le design industriel. Dans son agence, créée en 2000 à Rotterdam sous le nom de JongeriusLab, elle crée et commercialise de nombreux objets, vaisselle, vases, textiles, meubles. «J’essaie de faire des produits, déclare-t-elle, que l’on veut aimer et posséder toute sa vie pour les transmettre à sa propre famille.» Pour la Manufacture de porcelaine de Nymphenburg, par exemple, elle a conçu un service de vaisselle, Esquisses de Nymphenburg et la collection Les Quatre Saisons avec miroir, théière, carafe à vin et chandelier.

Dans sa recherche incessante d’une plus grande perception des couleurs, elle a notamment créé toute une palette spéciale avec laquelle elle travaille, pour Vitra notamment. D’où, en 2010, ses séries de vases colorés et, en 2011, la table, si sensible aux variations de la lumière, qu’elle vient de présenter elle aussi à Bâle. Composée de blocs de résine multicolores montés sur une structure en bois, ce meuble unique explore la manière dont la lumière du jour influence et change notre perception des couleurs; il est comme l’aboutissement d’une recherche qui a débuté à la fin des années 1990.

Des classiques du début du XXe siècle aux nouvelles créations, Art Basel/Miami sait aussi faire leur part aux artistes émergents. Que de chemin parcouru depuis juin 2006 quand, pour la première fois en Europe, dix-sept galeries de design parmi les plus renommées au monde, s’établissaient à Bâle, dans l’église Sainte-Elisabeth et au Foyer du Théâtre…

Artpassions Articles

E-Shop

Nos Blogs

Instagram Feed