Jardins de rue au Japon

Partir à la découverte du Japon peut réserver des surprises, au-delà de la tradition et du patrimoine ou d’une modernité spectaculaire. Des alignements de pots de fleurs nous attendent au détour d’une ruelle, ou le long d’une avenue. Modestement, ils nous signalent à la fois la présence humaine et son attachement au monde végétal. Les plantes sont toujours posées sur le sol; pas question de les suspendre de peur qu’un tremblement de terre ne les décroche. Nous sommes à Tokyo, Osaka et Kobé.Ces Jardins de rue peuvent prendre l’aspect d’une marque infime: un simple pot placé devant laporte, sur le trottoir, et que chaque passant s’appliquera à préserver. Parfois, ces plantes se multiplient de manière extravagante le long des avenues, au pied des panneaux indicateurs ou des rambardes de sécurité. Certaines semblent avoir pris racine dans le caniveau, malgré le pot qui les contient. Elles bravent les dangers du trafic qui les frôle. Elles ne sont ni belles, ni arrangées avec goût mais entretenues avec soin. Les outils laissés à proximité ne contribuent guère à les mettre en valeur: vieille bouteille d’eau minéralepour décanter de l’eau de pluie, cintre à vêtement pour éloigner les chats, bac de récupération en attente de plantation…Si ces plantes n’assurent aucun rôle décoratif, elles attestent d’un besoin ancestral: gratter un peu de terre, semer, planter, bouturer et communier avec les éléments de la nature. Ces jardins de rue permettent aussi de se retrouver entre voisins. Horticulteurs de peu, ils échangent conseils et matériel à l’occasion...

Partir à la découverte du Japon peut réserver des surprises, au-delà de la tradition et du patrimoine ou d’une modernité spectaculaire. Des alignements de pots de fleurs nous attendent au détour d’une ruelle, ou le long d’une avenue. Modestement, ils nous signalent à la fois la présence humaine et son attachement au monde végétal. Les plantes sont toujours posées sur le sol; pas question de les suspendre de peur qu’un tremblement de terre ne les décroche. Nous sommes à Tokyo, Osaka et Kobé.
Ces Jardins de rue peuvent prendre l’aspect d’une marque infime: un simple pot placé devant laporte, sur le trottoir, et que chaque passant s’appliquera à préserver. Parfois, ces plantes se multiplient de manière extravagante le long des avenues, au pied des panneaux indicateurs ou des rambardes de sécurité. Certaines semblent avoir pris racine dans le caniveau, malgré le pot qui les contient. Elles bravent les dangers du trafic qui les frôle. Elles ne sont ni belles, ni arrangées avec goût mais entretenues avec soin. Les outils laissés à proximité ne contribuent guère à les mettre en valeur: vieille bouteille d’eau minéralepour décanter de l’eau de pluie, cintre à vêtement pour éloigner les chats, bac de récupération en attente de plantation…Si ces plantes n’assurent aucun rôle décoratif, elles attestent d’un besoin ancestral: gratter un peu de terre, semer, planter, bouturer et communier avec les éléments de la nature. Ces jardins de rue permettent aussi de se retrouver entre voisins. Horticulteurs de peu, ils échangent conseils et matériel à l’occasion de ces rencontres quotidiennes. C’est ainsi que l’humanité surgit et que les liens de voisinage se tissent au cœur des grandes villes japonaises.

Ces pots et jardinières constituent des révélateurs sociologiques. Les plantes caractérisent leur propriétaire, qualifient l’habitat et manifestent l’esprit communautaire des habitants du quartier. Nous devinons les relations entre voisins, la discrétion d’un solitaire, la communion d’esprit d’un groupe qui s’accapare le domaine public. Et nous constatons le résultat: de véritables jardins de rue, dans lesquels s’engouffrent les passants.Ces installations végétales apparaissent comme l’expression d’une revendication collective: reprendre à la ville un territoire urbanisé et le redonner à ses habitants. Ici, les stratégies du quotidien l’emportent sur la pierre et l’adversaire n’y peut plus rien. Les services de la voirie laissent faire et les usagers bienveillants préservent ce bien commun.En plaçant ces pots de fleurs, tels des pions sur l’échiquier urbain, les gens modestes s’approprient de nouveaux espaces de liberté dans la cité. Dans les grandes villes japonaises où l’utile et le performant semblent l’emporter le plus souvent, ces jardins de rue, incarnant une activité gratuite, relationnelle et généreuse, parviennent à s’imposer parfois. Mais pour combien de temps encore ?

Fleurs sur les trottoirs d’Osakapour Olivier DelhoumeDans les fissures qui demeurent des derniers séismes voici un germe tentant l’aventure dans l’émerveillement de ceux qui n’ont pas encor retrouvé tout à fait leur stabilitéaprès la ruine des maisons où ils conservaient leurs trésorsUne feuille montre la voie aux plantations qui l’accompagnentsemées de seaux ou lavabos rescapés des écroulements jardinières improvisées soigneusement entretenues pour l’encouragement à vivre dans l’attente des floraisonsEt déjà les premiers boutons dans ces paradis miniatures interrogés chaque matin par leurs interprètes proposent d’étonnants pétalessous la pluie qui vient les baigner faisant chanter le macadam en évangiles de souriresMichel Butor

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