Le poète latin Horace avait un ami cher entre tous, auquel il a décerné les éloges les plus émouvants, louant «la pureté de sa vie et de son cœur». Cet ami puissant, proche de l’empereur Octave, avait occupé plusieurs charges politiques, mais se refusait aux honneurs, et préférait une vie de retraite et de poésie. Il s’appelait Caius Maecenas, c’est-à-dire Caius Mécène. Son amour des poètes et sa générosité furent telles que son nom désigne encore, après deux millénaires, toute personne et toute institution qui soutient les artistes.
Lorsqu’on aime les arts à la folie, il est bien rare qu’on n’essaie pas de les pratiquer soi-même. C’est bien ce qu’a fait Caius Maecenas, dont il nous reste des fragments de prose et de poésie. En particulier quelques vers d’un Banquet charmant, plein d’amour des plaisirs et de la vie, mais de mélancolie aussi. L’auteur y donne la parole, et c’est bien significatif, à ses amis Horace et Virgile.
L’Italie, après Caius Maecenas, a connu bien d’autres «mécènes». Le plus célèbre d’entre eux fut bien sûr le Florentin Laurent le Magnifique, protecteur aussi bien des poètes que des peintres ou des sculpteurs. Et comme par hasard, Laurent, à son tour, s’est essayé à la poésie. On lui doit entre autres une œuvre fort plaisante, où surgit le fantôme de Virgile, avec celui de Dante et de Pétrarque. Cette œuvre s’intitule… le Banquet.Il y a de quoi méditer sur pareille coïncidence. Le hasard ? Peut-être. Mais ce qui n’est pas un hasard, c’est que ces deux fameux «mécènes» aient aimé l’art avec passion. Ils n’ont pu résister au désir d’écrire, mais sans parvenir à égaler les poètes qu’ils admiraient. Dès lors, ils ont mis toute leur énergie poétique à soutenir ces frères inaccessibles. Ils les ont préservés du quotidien qui tue. Ils ne furent pas des poètes manqués, mais des chercheurs de poésie. Exigeants, orgueilleux dans leur humilité, mais habités par la certitude que l’art est nécessaire.Bien sûr, tous les «mécènes» n’ont pas été à ce point amoureux de l’art et des artistes. Tous ne sont sont pas essayé à la poésie. On peut même penser que le plus souvent, lorsqu’ils aidaient les poètes ou les peintres, les souverains servaient d’abord leur propre gloire: quand le pharaon Ptolémée fit construire la Bibliothèque et le Musée d’Alexandrie, il songeait sans doute à perpétuer les œuvres de la Grèce antique, mais aussi – et peut-être d’abord – son propre nom. Quand François Ier faisait venir à sa cour les artistes florentins (et d’abord Léonard de Vinci), c’était certes pour les admirer de près, mais aussi pour dévier vers la France le cours giboyeux du génie italien. Quand Louis XIV aida Molière ou Lully, quand il fonda l’Académie royale de peinture et de sculpture, ce fut assurémentparce qu’il savait que la gloire des batailles est éphémère, et que les arts de la paix sont les seuls à garantir de durables victoires.On raconte que Charles Quint, plein d’humilité, s’est baissé pour ramasser un pinceau que le Titien venait de laisser tomber à terre. Mais c’est peut-être une légende ; et même si l’anecdote est authentique, cela ne signifie pas encore que ce prince aurait donné sa place pour celle du peintre vénitien. De nos jours, quand tel souverain républicain fait bâtir un musée ou crée une bibliothèque, ce n’est pas sans escompter que sa générosité lui vaudra quelque gloire.
C’est sûr, le mécénat n’est jamais totalement désintéressé. En revanche, il n’existe pas de mécène qui soit indifférent aux arts qu’il promeut, aux artistes qu’il soutient. Pas de mécène pour qui le beau ne signifie rien. Les grands princes qu’on a cités, auxquels on pourrait ajouter les princes de l’Église (au premier chef Jules II, le protecteur de MichelAnge), étaient vraiment amoureux de l’art, assoiffés de beauté, pleins de sollicitude et d’affection pour les artistes. À cet égard, ils ressemblaient tous à Laurent le Magnifique ou Caius Maecenas : animés par la passion, pleins de cette inquietudo animi (inquiétude de l’esprit) que ses contemporains admiraient chez Laurent. On n’est pas mécène sans désir de connaître et d’accueillir. Sans doute, à la différence de Caius Maecenas et de Laurent le Magnifique, tous les mécènes n’ont pas été des créateurs. Tous n’ont pas écrit un Banquet où conversent des poètes. Mais que font-ils d’autre, tous tant qu’ils sont, que de tenir table ouverte pour les Muses ?
La Banque Privée Edmond de Rothschild et les Sommets Musicaux de Gstaad: UN fructueux partenariat
En 2000, la Banque Privée Edmond de Rothschild rencontrait les organisateurs d’un festival de musique classique dont la volonté était de proposer, en période hivernale, des concerts dans les églises de Gstaad et Saanen avec des artistes de renommée internationale et de jeunes talents prometteurs. Ceci, afin de créer un échange bénéfique entre musiciens.La Banque Privée Edmond de Rothschild s’est reconnue dans les valeurs préconisées par le festival et s’est engagée dès la première heure à le soutenir financièrement en tant que partenaire principal. À ce sujet, citons les proposde Claude Messulam, directeur général de la Banque Privée Edmond de Rothschild: «Ce Festival rejoignait ainsi la philosophie de la Banque qui a toujours cultivé le goût de l’excellence, tout en privilégiant tant une tradition et un savoir-faire, que l’innovation, gage d’ouverture au monde et de découverte.»Une fructueuse collaboration est née de cette rencontre. Dès 2001, la première édition remporta un franc succès, aussi bien auprès des artistes qu’auprès d’un large public de mélomanes. En 2003, pour développer cette action en faveur de la promotion des jeunes talents, la Banque et les organisateurs décidèrent d’offrir la possibilité à l’un d’entre eux d’enregistrer un CD avec orchestre sous le label Claves. Cette distinction porte aujourd’hui le nom de «Prix Marguerite Dütschler»; elle a déjà récompensé sept lauréats.Pour ce dixième anniversaire, les organisateurs ont souhaité programmer une nouvelle fois les jeunes artistes qui ont séduit le public par leur talent, tout au long de ces années. Leur volonté est de mettre en valeur ce réseau, patiemment tissé d’année en année, qui a permis la découverte de musiciens du monde entier. Ils se produiront en l’église de Saanen avec orchestre ou en la chapelle de Gstaad en solistes.Au long de ces dix années, les Sommets Musicaux de Gstaad fidèlement accompagnés de la Banque Privée Edmond de Rothschild ont réussi à créer cette alchimie magique entre les grands interprètes d’aujourd’hui, les jeunes talents dont la notoriété ne fait que grandir et un public de mélomanes avertis conquis par ce modèle de rencontres musicales.Aujourd’hui, le festival a gagné ses lettres de noblesse et s’inscrit désormais dans la durée. MR