Le chat au pays du Nil

Chacun sait que la mythologie égyptienne accordait une large placeaux animaux, au point de prêter aux dieux leur forme, tête ou corps tout entier. Selon les époques, voire les lieux, beaucoup d’animaux ont fait l’objet d’un culte. Des villes ont même été nommées d’après certains d’entreeux. C’est le cas de Bubastis, traduction grecque de Per-Bastet, «la Maison de Bastet» en égyptien ancien.Bastet est donc la divinité tutélaire de Bubastis mais la représentation de cette lionne en tant que chatte n’apparaît que tardivement, c’est- à-dire au moment où les pharaons de la XXIIe dynastie (945 - 718) choisissent cette ville pour capitale. Ces pharaons libyens œuvrent à son développement et l’iconographie de la déesse se transforme du même coup: de dangereuse qu’elle était, elle devient bienfaisante. Déesse du foyer, elle protège les femmes enceintes et les enfants, elle incarne la joie, elle aime la danse et la musique. Bastet abandonne ainsi son état de fauve féroce pour devenir un animal domestique, une chatte douce, câline… mais toujours imprévisible, ainsi qu’en témoigne ce qui suit.Un récit connu grâce à un papyrus démotique (conservé au Musée de Leyde et daté de l’an 100 de notre ère), évoque une disputeentre Rê et Bastet, à l’issue de laquelle on voit celle-ci, redevenue lionne, s’enfuir furieuse dans le désert de Nubie. Sur la demande de Rê, contrarié par la réaction de l’offensée, le dieu Thot - métamorphosé en singe - lui est envoyé afin de la convaincre de rentrer. Usant de toute sa ruse et de...

Chacun sait que la mythologie égyptienne accordait une large placeaux animaux, au point de prêter aux dieux leur forme, tête ou corps tout entier.

Selon les époques, voire les lieux, beaucoup d’animaux ont fait l’objet d’un culte. Des villes ont même été nommées d’après certains d’entreeux. C’est le cas de Bubastis, traduction grecque de Per-Bastet, «la Maison de Bastet» en égyptien ancien.Bastet est donc la divinité tutélaire de Bubastis mais la représentation de cette lionne en tant que chatte n’apparaît que tardivement, c’est- à-dire au moment où les pharaons de la XXIIe dynastie (945 – 718) choisissent cette ville pour capitale. Ces pharaons libyens œuvrent à son développement et l’iconographie de la déesse se transforme du même coup: de dangereuse qu’elle était, elle devient bienfaisante. Déesse du foyer, elle protège les femmes enceintes et les enfants, elle incarne la joie, elle aime la danse et la musique. Bastet abandonne ainsi son état de fauve féroce pour devenir un animal domestique, une chatte douce, câline… mais toujours imprévisible, ainsi qu’en témoigne ce qui suit.Un récit connu grâce à un papyrus démotique (conservé au Musée de Leyde et daté de l’an 100 de notre ère), évoque une disputeentre Rê et Bastet, à l’issue de laquelle on voit celle-ci, redevenue lionne, s’enfuir furieuse dans le désert de Nubie. Sur la demande de Rê, contrarié par la réaction de l’offensée, le dieu Thot – métamorphosé en singe – lui est envoyé afin de la convaincre de rentrer. Usant de toute sa ruse et de son talent de conteur, il lui débite des fables que la déesse écoute avec attention. Thot lui rappelle les souvenirs heureux du temps où elle vivait en Égypte. Émue, elle se met à pleurer, mais, tout à coup, sa rage reprend de plus belle. Thot la calme en lui racontant d’autres fables, tant et si bien qu’apaisée, elle consent à suivre le singe jusqu’en Égypte.Notons que l’une de ces fables, «le Lion et la souris», sera reprise par le Grec Ésope et, plus tard, par Jean de La Fontaine, sous le titre «le Lion et le Rat».

Bastet jouissait d’une grande popularité à une époque où l’évolution du sentiment religieux des Égyptiens les poussait vers la multiplication des divinités tutélaires. Bien que vénérée partout en Égypte, c’est son sanctuaire principal, à Bubastis, qui attirait une fois par année des dévots issus de toutes les couches sociales.
L’historien grec Hérodote parle des fêtes mémorables qui s’y déroulaient et du vin qui y coulait à flots !Le chat, comme les autres animaux sacrés, jouissait d’un statut privilégié dans la société égyptienne, et il est aisé de concevoir le respect et l’attention qu’on lui portait.Par exemple, les textes nous disent que, lors d’un incendie, les Égyptiens sauvaient d’abord leur chat avant de penser à éteindre le feu ! Ou encore, qu’à la mort de ces bêtes, les maîtres se rasaient les sourcils avant d’emporter leurs cadavres chez les prêtres pour qu’ils les embaument. Le Grec Diodore de Sicile, qui vécut au dernier siècle avant notre ère, affirme que « les Égyptiens aiment tellement leurs chats qu’ils les emmènent en voyage, même si pour cela ils doivent abandonner dans leur maison des bagages indispensables»…La vie des animaux sacrés était aussi précieuse que celle des êtres humains, sinon plus. S’il s’agissait d’un chat, même tué par accident, le coupable devait mourir. Diodore cite à ce propos un exemple frappant du fanatisme avec lequel le peuple observait cette règle. Sans le vouloir, un Romain avait causé la mort d’un chat, écrasé par son char. Le peuple prit sa maison d’assaut et le battit jusqu’à ce que mort s’ensuive. Une autre version de ce récit attribue le meurtre du Romain à un soldat égyptien.Et pourtant, paradoxalement, une coutume bien établie voulait qu’on élevât des chats (ainsi que d’autres animaux, tels les crocodiles) dans le but d’en faire des momies. Au cours de cérémonies périodiques, les chats sacrifiés, souvent des chatons, étaient bénis avant leur momification, puis vendus comme reliques sacrées aux pèlerins qui voulaient s’attirer les faveurs divines.C’est pourquoi les archéologues ont découvert sur plusieurs sites, à Bubastis et ailleurs, des dizaines de milliers de chats momifiés. Il y a peu de temps encore, les paysans locaux s’en servaient comme engrais pour leurs cultures !Certains spécialistes l’affirment: le chat égyptien n’était pas tellement différent de notre chat de gouttière. Il en serait même le lointain ancêtre, parvenu en Europe en transitant par la Grèce.Pour la petite histoire, il faut savoir que lorsque, par des «miaou miaou», on imite compère le chat, c’est en égyptien ancien que l’on s’exprime, puisque le mot «chat» y est désigné par l’onomatopée «miou», souvent écrite seule, sans le signe représentant cet animal. Comme quoi, Monsieur Jourdain n’est jamais très loin !

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