LE DESIGN SELON ROLF SACHS

Ses «impeccables imperfections» soumettent les objets du quotidien au devoir d’émancipation.Ses créations ont non seulement le sens de l’humour, mais aussi celui d’une douce folie qui se marie pourtant fort bien avec la raison. Rolf Sachs choisit des objets archétypiques avec lesquels il entretient une relation affective et leur invente un autre langage, de nouveaux dialogues. Il plonge un néon dans un flacon de laboratoire, il surligne les défauts de sa chaise en fibres synthétiques plutôt que de les dissimuler, macule ses fauteuils d’éclats de peinture et laisse piétiner ses tapis par des centaines de personnes avant de les exposer. Rolf Sachs ou l’art de la récupération. Tout y est, tout est lié. L’optimisme, la nostalgie, l’anachronisme, la surprise. À l’heure où le design d’après crise pâlit sous couvert de sagesse et de courtoisie, Rolf Sachs, plus que jamais, s’insurge contre l’idée du sans-faute qui hante les processus de fabrication industrielle. «Impeccables imperfections», titre de sa récente exposition à Milan, au Salon international du meuble, porte le sceau de sa fascination pour les objets du quotidien qui alimentent une œuvre provocatrice et délicieusement dérangeante. Dans sa nouvelle série de luminaires, il ajoute les notions un peu magiques d’apparition et de disparition au moyen de formes qui, telles des cabinets de curiosités, ne révèlent leur contenu que lorsqu’elles sont allumées. Bousculant l’immobilisme du regard, combattant les habitudes perceptives qui tuent la dimension festive de l’objet usuel, son virus décapant de la création rejette l’anecdotique. Pas de design échevelé ni de surenchère...

Ses «impeccables imperfections» soumettent les objets du quotidien au devoir d’émancipation.
Ses créations ont non seulement le sens de l’humour, mais aussi celui d’une douce folie qui se marie pourtant fort bien avec la raison. Rolf Sachs choisit des objets archétypiques avec lesquels il entretient une relation affective et leur invente un autre langage, de nouveaux dialogues. Il plonge un néon dans un flacon de laboratoire, il surligne les défauts de sa chaise en fibres synthétiques plutôt que de les dissimuler, macule ses fauteuils d’éclats de peinture et laisse piétiner ses tapis par des centaines de personnes avant de les exposer. Rolf Sachs ou l’art de la récupération. Tout y est, tout est lié. L’optimisme, la nostalgie, l’anachronisme, la surprise. À l’heure où le design d’après crise pâlit sous couvert de sagesse et de courtoisie, Rolf Sachs, plus que jamais, s’insurge contre l’idée du sans-faute qui hante les processus de fabrication industrielle. «Impeccables imperfections», titre de sa récente exposition à Milan, au Salon international du meuble, porte le sceau de sa fascination pour les objets du quotidien qui alimentent une œuvre provocatrice et délicieusement dérangeante. Dans sa nouvelle série de luminaires, il ajoute les notions un peu magiques d’apparition et de disparition au moyen de formes qui, telles des cabinets de curiosités, ne révèlent leur contenu que lorsqu’elles sont allumées. Bousculant l’immobilisme du regard, combattant les habitudes perceptives qui tuent la dimension festive de l’objet usuel, son virus décapant de la création rejette l’anecdotique. Pas de design échevelé ni de surenchère baroque. Plus influencé par le Bauhaus que par la culture française de l’ornement, Sachs oriente son travail vers le détournement et la citation, avec la pureté formelle inhérente à la fonction de chaque pièce et le luxe sans vanité du fait main. Un principe qu’il exalte dans ce qu’il appelle «fun c’tion».

Aux mathématiques et à la finance auxquelles le destinaient ses études en Californie, Rolf Sachs a préféré l’art et le design en créant dans son studio londonien un univers volontairement décalé.Né à Lausanne, fils du célèbre homme d’affaires allemand Gunter Sachs, il a fait le choix d’éprouver les choses par lui-même et de les maîtriser, tout en développant une collaboration avec des maîtres artisans. Composé de pièces uniques ou en éditions limitées, son monde d’émotions fait écho au nôtre et le voilà exposé par d’influentes galeries internationales. Parallèlement, ses architectures d’intérieur montent aussi sur la scène; celle, notamment, du Théâtre de Wiesbaden, pour le Faust de Gounod en 2007, ou celle de l’Opéra de Monte-Carlo, pour Norma de Bellini, l’an dernier. Une Norma visuellement très brillante, dans ses propres décors et les costumes de Karl Lagerfeld, sur une mise en scène de Jean-Christophe Maillet. Rolf Sachs appartient à cette mouvance de créateurs qui non seulement ont trouvé un style, mais racontent des histoires, consacrant la porosité de la frontière entre art et design. S’il aime Malevitch et la déferlante des courants de la rupture avec l’impressionnisme, du dadaïsme au surréalisme ou au minimalisme de Donald Judd, il ne refuse pas la parenté avec les surprenants jeux de la mémoire qui inspirent le design néerlandais. Maarten Baas, Studio Job, Kiki van Eijk, Piet Hein Eek ou Jurgen Bey, tous s’arriment au recyclage de matériaux ou de formes standard revivifiées par des expressions singulières. Comme eux, Rolf Sachs refuse toute concession dans le message que porte en lui l’objet, aussi complexe que soit la matière à utiliser, «pourvu, dit-il, qu’elle ait de l’âme et du caractère». C’est avec du Kevlar®, de la résine en polyuréthane, du bois, du jute, des tissus qu’il peint; c’est avec du verre soufflé, du métal façonné en fonderie ou encore de la pierre que, pour lui, le passé se cuivre d’une nouvelle définition, ludique et sensuelle. Une œuvre vouée à l’émancipation de l’objet. Un plaisir pour l’usager, qui se paie du sacrifice de quelque vieille routine. Y compris au volant de la Smart peinte par le créateur. Inspirée du slogan de la marque «open your mind» (une autre idée de la vie), la micro-citadine «Fortwo» s’est présentée au dernier Salon de l’automobile de Genève couverte de giclures de couleurs jusque sur les jantes.



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