Le Monde de l’autographe NADAR UN BALLON D’ESSAI

Nadar (Gaspard Félix Tournachon, dit) appartient à l’histoire de la photographie. Ses portraits de gens illustres, Nerval, Balzac, Hugo, Offenbach, George Sand, Sarah Bernhardt, sont dans toutes les mémoires. Mais on sait moins que son intérêt pour les techniques nouvelles s’étendait à ce qu’il appelait «la navigation aérienne au moyen du plus lourd que l’air». Sa première expérience dans ce domaine, qui remonte à 1858, se fait à bord d’un ballon captif, mis à disposition par les frères Louis et Jules Godard, aérostiers confirmés. Nadar peut ainsi, d’une altitude de 80 m, prendre la première vue aérienne de Paris. Mais l’homme a de grandes ambitions, qui vont prendre corps en 1863, quand il fait construire un gigantesque aérostat à hélice, justement appelé par lui Le Géant: haut de 45 m, il contient 6000 m3 de gaz, soit douze fois plus qu’un ballon ordinaire. La fabrication en revient à ceux qui sont devenus depuis ses associés, les frères Godard. La première ascension eut lieu à Paris, le 4 octobre de la même année, devant deux mille personnes, rassemblées au Champ de Mars. À bord de la nacelle, se serrent treize passagers, qui ont payé chacun 1000 francs. Le ballon vient se poser à Meaux, en pleine nuit. Quatorze jours plus tard, c’est le voyage au long cours: 18 heures de vol, 600 km parcourus. Mais l’atterrissage tourne au drame. Le ballon est traîné sur 16 km, Nadar a les deux jambes fracturées, sa femme le torse enfoncé. Cet accident, dont la...

Nadar (Gaspard Félix Tournachon, dit) appartient à l’histoire de la photographie. Ses portraits de gens illustres, Nerval, Balzac, Hugo, Offenbach, George Sand, Sarah Bernhardt, sont dans toutes les mémoires. Mais on sait moins que son intérêt pour les techniques nouvelles s’étendait à ce qu’il appelait «la navigation aérienne au moyen du plus lourd que l’air».

Sa première expérience dans ce domaine, qui remonte à 1858, se fait à bord d’un ballon captif, mis à disposition par les frères Louis et Jules Godard, aérostiers confirmés. Nadar peut ainsi, d’une altitude de 80 m, prendre la première vue aérienne de Paris.

Mais l’homme a de grandes ambitions, qui vont prendre corps en 1863, quand il fait construire un gigantesque aérostat à hélice, justement appelé par lui Le Géant: haut de 45 m, il contient 6000 m3 de gaz, soit douze fois plus qu’un ballon ordinaire. La fabrication en revient à ceux qui sont devenus depuis ses associés, les frères Godard.

La première ascension eut lieu à Paris, le 4 octobre de la même année, devant deux mille personnes, rassemblées au Champ de Mars. À bord de la nacelle, se serrent treize passagers, qui ont payé chacun 1000 francs. Le ballon vient se poser à Meaux, en pleine nuit. Quatorze jours plus tard, c’est le voyage au long cours: 18 heures de vol, 600 km parcourus. Mais l’atterrissage tourne au drame. Le ballon est traîné sur 16 km, Nadar a les deux jambes fracturées, sa femme le torse enfoncé.

Cet accident, dont la presse internationale se fait l’écho, met à mal la réputation de Nadar. Il y aura bien quelques autres tentatives, à partir de Bruxelles et de Lyon, mais le public ne suit plus. Impossible de rentabiliser l’investissement initial, colossal, d’autant plus qu’il faut soutenir un procès contre les constructeurs, accusés d’abus de confiance. Nadar se voit donc contraint de tourner la page.

Entre-temps, en 1864, il fait paraître Mémoires du Géant, chez l’éditeur Dentu. La bonne réception de l’ouvrage entraînera une seconde édition, l’année suivante.

On possède une feuille, arrachée d’un carnet, où Nadar présente l’ébauche de la reliure de son livre, soit le premier plat et le dos. L’éditeur pressenti à cette date est Jules Hetzel, qui vient de publier le roman de Jules Verne, Cinq semaines en ballon.

La grande signature est probablement l’esquisse de celle qui sera retenue pour être gravée et imprimée au dos du livre. Sous la vignette, Nadar a écrit: «Rien que la vérité», on ne sait trop pourquoi. Quant à la tache orangée, au coin supérieur gauche de la feuille, elle ne paraît pas accidentelle, mais devait servir d’échantillon pour la couleur définitive de la reliure.

Le revers de ladite feuille contient le brouillon d’une lettre, inachevée, qui concerne le procès opposant Nadar au «Sieur Godard». On y lit ainsi: «Qui a raison des deux, de la facture in extremis ou du devis primitif ?». Puis, plus bas, cette sentence: «Toute rupture de convention réciproque est justement payée par celui qui rompt». Et enfin, à la dernière ligne: «Je m’engage à prouver…»L’écriture employée, fine et régulière, est plutôt inattendue chez une personnalité exubérante comme l’était Nadar, que ses contemporains prenaient volontiers pour un amuseur.

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