Luxe & raffinement

Artpassions vous entraîne au cœur d’un quartier résidentiel de Genève, chez un collectionneur à vocation multiculturelle, qui a réuni, en l’espace de quelque 30 ans un ensemble d’objets digne d’un grand musée.Dans ce bel hôtel particulier, toutes les pièces, celles de réception comme les chambres, sont dévolues à l’art:meubles d’époque, tableaux, sculptures, objets précieux. Mais cette surabondance ne crée pas un sentiment d’étouffement, car le maître de maison, responsable de l’arrangement, a recherché les cohabitations harmonieuses et subtiles, sans tenir compte de l’origine ni de la date des œuvres exposées. L’éclairage, très doux n’est pas focalisé sur les objets, priorité étant donnée à l’atmosphère générale, chaleureuse et somme toute paisible. Toutes ces richesses accumulées sont traitées avec une sorte de désinvolture aristocratique, très éloignée de l’esprit didactique et parfois pesant des musées. Nulle pédanterie, nulle ostentation.Cette aimable simplicité, on la retrouve dans la conversation du collectionneur, qui se présente comme un amateur, modeste devant la science des autres, mais sûr de son œil exercé, un œil qu’il a extrêmement vif et pétillant. C’est très volontiers qu’il se prête à l’interview.Artpassions: Vous vous définissez comme un collectionneur polyvalent, qui s’intéresse à beaucoup de cultures différentes…Oui, effectivement. Celles de l’Egypte, de la Grèce, de Rome, de la Chine, du Japon, de l’Amérique précolombienne sont représentées chez moi.Qu’est-ce qui vous attire particulièrement dans les cultures que nous venons d’entrevoir sous votre conduite ?Mon dénominateur commun à tout cela est la beauté. La beauté des objets et leur originalité. Je n’affectionne pas particulièrement les...

Artpassions vous entraîne au cœur d’un quartier résidentiel de Genève, chez un collectionneur à vocation multiculturelle, qui a réuni, en l’espace de quelque 30 ans un ensemble d’objets digne d’un grand musée.
Dans ce bel hôtel particulier, toutes les pièces, celles de réception comme les chambres, sont dévolues à l’art:meubles d’époque, tableaux, sculptures, objets précieux. Mais cette surabondance ne crée pas un sentiment d’étouffement, car le maître de maison, responsable de l’arrangement, a recherché les cohabitations harmonieuses et subtiles, sans tenir compte de l’origine ni de la date des œuvres exposées. L’éclairage, très doux n’est pas focalisé sur les objets, priorité étant donnée à l’atmosphère générale, chaleureuse et somme toute paisible. Toutes ces richesses accumulées sont traitées avec une sorte de désinvolture aristocratique, très éloignée de l’esprit didactique et parfois pesant des musées. Nulle pédanterie, nulle ostentation.Cette aimable simplicité, on la retrouve dans la conversation du collectionneur, qui se présente comme un amateur, modeste devant la science des autres, mais sûr de son œil exercé, un œil qu’il a extrêmement vif et pétillant. C’est très volontiers qu’il se prête à l’interview.Artpassions: Vous vous définissez comme un collectionneur polyvalent, qui s’intéresse à beaucoup de cultures différentes…Oui, effectivement. Celles de l’Egypte, de la Grèce, de Rome, de la Chine, du Japon, de l’Amérique précolombienne sont représentées chez moi.Qu’est-ce qui vous attire particulièrement dans les cultures que nous venons d’entrevoir sous votre conduite ?Mon dénominateur commun à tout cela est la beauté. La beauté des objets et leur originalité. Je n’affectionne pas particulièrement les objets traditionnels, communs. Il faut qu’ils sortent de l’ordinaire.Une autre de vos particularités, sans aucun doute, est que vous aimez être entouré de vos objets. Votre méthode n’est pas la classification de type «musée»…Chez moi, je vis avec mes objets. Il y en a jusque dans ma salle de bain, sur mon lavabo ! J’ai condamné des penderies de la maison pour en faire des vitrines, dans lesquelles je place mes pièces. Je n’ai malheureusent pas assez de mètres linéaires, c’est donc un peu entassé. J’appelle ça mon capharnaüm de luxe.Vous employez le mot «luxe», mais vous pourriez aussi bien employer celui de «précieux»…Tous mes objets sont précieux et originaux !On trouve bien sûr de toutes les matières…Il y a de tout, du bronze, du bois, de l’argent, de l’or, et beaucoup de terre cuite, soit à l’état brut soit vernissée.Parlons de l’art chinois, si vous le voulez bien…J’aime en effet les vieilles civilisations, et j’ai des œuvres chinoises du IVe siècle avant notre ère…Le téléphone se met à sonner. Notre hôte répond à une de ses collaboratrice avec la même amabilité et attention que celles dont il fait preuve pour nous parler de son monde, de ses «petits», de tous ses objets qu’il aime tant.Vous déplacez-vous dans les pays qui vous intéressent en tant que collectionneur ?Oui, bien sûr. Je me suis rendu plusieurs fois en Egypte, à Athènes, à Rome, au Mexique et au Guatemala, en Inde et enChine. En revanche, je n’achète jamais dans les pays en question, sinon de petites choses originales, sans grande valeur.Pour rester dans l’art chinois, où vous êtesvous procuré vos objets ?Dans des galeries, chez des marchands…Avez-vous des réseaux de personnes qui vous préviennent lorsqu’un objet pouvant vous intéresser se trouve sur le marché ? Oui, tout à fait. Les principaux marchands savent ce que je collectionne et lorsqu’ils ont des pièces de grande qualité, susceptibles de me plaire, ils me préviennent par téléphone et, ensuite, ils viennent chez moi. Il est très rare que je n’achète pas ce qu’ils me présentent, sauf si c’est beaucoup trop cher.Avez-vous besoin d’avoir les objets en main pour vous décider ? Ou vous arrive-t-il d’acheter sur photo ? Il me faut toujours le contact direct avec l’objet. Mais il y a eu quelques exceptions. Cette œuvre, par exemple je l’ai achetée sur photo (il montre un vase blanc et or exposé sur une commode).Je peux donc acheter sur photo, car j’ai entière confiance dans les personnes avec qui je négocie.Bénéficiez-vous des conseils de spécialistes particuliers ?Ah, oui. Je ne me détermine jamais sans conseil. Il y a tellement de faux qui circulent à travers le monde. J’estime qu’à moins d’avoir touché des milliers objets, on ne peut pas avoir la prétention de connaître à fond une culture et je constate avec une certaine fierté que, dans ma collection, il y a eu très peu de déchets, moins de 10%.Qui sont vos spécialistes ?Les galeristes, le plus souvent, qui sont généralement de fins connaisseurs. En ce qui concerne le marchand qui me fournit en art chinois, il est lui-même un expert dans les bronzes. J’ai d’ailleurs fait quelques voyages en Chine en sa compagnie.

Avez-vous déjà été confronté à un faux que vous avez acheté ?Oui, dans le cadre du précolombien. J’ai donc rendu l’objet et pris un autre. La même mésaventure m’est arrivée en art chinois.Votre œil a dû se former avec le temps et l’expérience…Oui, ça fait 30 ans que je collectionne.Quels conseils donneriez-vous à un novice qui voudrait commencer une collection en art chinois ?Le plus important, c’est d’avoir une ou deux personnes de confiance et de ne pas s’éparpiller. Ensuite rester fidèle à ces personnes. Pour le précolombien, j’ai eu deux personnes et une troisième très ponctuellement. Pour l’art chinois, une seule personne, de même pour l’Egypte et le monde classique. Deuxième conseil: ne jamais acheter un objet pour faire un «investissement», mais toujours par coup de cœur. Toute ma collection a été faite ainsi ! Il faut vraiment tomber amoureux de l’objet qu’on vous présente.Vous qui vivez en permanence avec ces œuvres, constatez-vous des changements dans vos goûts ? Vous lassez-vous de certaines pièces ?Non, je les aime toutes, mais j’ai évolué avec le temps et ma perception s’affine.Vendez-vous certains objets ou procédezvous à des échanges ? Jamais ! Ce sont tous mes enfants et je ne peux pas m’en séparer. Je suis comme tous les collectionneurs qui achètent et vendent des objets, à la différence près que je ne vends ni n’échange jamais…(petit sourire amusé)A quel âge avez-vous commencé votre collection ?A 35 ans.Vous n’aviez jamais collectionné avant ?(en riant…) Plein de choses, dont les porcelaines. Par exemple, j’ai la plus importante collection de pots à crème du monde, soit 1500 pièces ! Pas dans ce salon, car je ne vis pas seul et suis bien obligé de tenir compte de l’avis des autres membres de ma famille (c’est pour cela que vous voyez très peu de précolombien ici, ma femme n’aime pas beaucoup).Un fait saute aux yeux: vos objets sont les acteurs d’un véritable scénario. Vous êtes un homme raffiné et on le ressent très fort devant vos «mises en scènes». A l’image de ce tableau de Egon Schiele, sous lequel est déposé un chamelier d’époque Tang.C’est vrai. Tout a une raison d’être dans la présentation et je change très rarement les objets de place. D’abord je suis très maladroit et à chaque fois que je touche une pièce il y a un risque énorme. J’assure d’ailleurs une «rente» importante au meilleur restaurateur que nous ayons à Genève, Loren White, à qui je rends hommage. A la maison, j’ai une personne qui a pour tâche de nettoyer mes objets et elle ne m’a jamais rien cassé ! Elle s’isole dans la pièce pour faire ce travail très minutieux. Malheureusement après 30 ans de bons et loyaux services, elle s’en va et j’espère que j’aurai autant de chance avec la prochaine.Vous savez qu’aujourd’hui, il y a de plus en plus de richissimes chinois qui s’intéressent à retrouver leur culture, imitant en cela les Japonais. L’un d’entre eux vous a-t-il déjà contacté ? C’est trop récent, ça ne m’est pas encore arrivé. Mais d’autres l’on fait, comme le représentant d’un émirat, qui voulait créer un musée. Il est venu ici, a trouvé tout magnifique et puis plus rien. Entretemps, les choses ont mal tourné pour lui…Dans l’art chinois, avez-vous une période de prédilection ?Oui, j’aime beaucoup l’art Tang. C’est un art raffiné. A cette époque, les empereurs étaient des gens très cultivés, ils étaient de grands sages.Aimeriez-vous un jour présenter au public une de vos collections ?(Il soupire…) Mon Dieu, pourquoi pas ? Mais alors dans l’anonymat le plus complet.Comment intégrez-vous ce goût des vieilles cultures dans une philosophie de vie? Que vous apporte cette démarche de collectionneur ?Premièrement, ça m’a cultivé, car il m’a fallut apprendre tout ce qui s’est passé dans ces temps reculés (avec la Mésopotamie, je remonte jusqu’au troisième millénaire avant notre ère) et, enfin, ça adoucit mon environnement direct.L’entretien se termine sur une anecdote qui en dit long sur la passion animant le collectionneur:Un jour, comme je roulais dans une contreallée des Champs-Elysées, mon regard s’est arrêté sur un objet magnifique, exposé dans la vitrine d’un antiquaire. Comme foudroyé, j’ai embouti la voiture qui me précédait… Tout s’est réglé à l’amiable et, pas dégoûté, j’ai acquis l’œuvre en question…

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