Michel-Angea inspiré Matisse

Matisse avait un maître à penser aussi exigeant que secret: Michel- Ange. Une exposition unique, à Brescia, démêle les fils mystérieux qui unissaient le fondateur du fauvisme au plus grand génie de la Renaissance.Je suis redevenu étudiant, je dessine la Nuit, j’étudie le Laurent de Médicis. J’essaie de maîtriser la conception, àla fois claire et complexe, qui est à la base des constructions de Michel-Ange.» Chef de file du fauvisme lancé au Salon d’automne de Paris en 1905 et qui fit scandale par ses couleurs pures et violentes, comme Michel-Ange déjà, Matisse a admiré le plus grand artiste de la Renaissance tout au long de sa vie. Comme Michel-Ange, dont on vient d’ailleurs de publier pour la première fois en français, le Carteggio, sa correspondance privée, comprenant 518 lettres de sa prime jeunesse à sa mort, aux éditions Les Belles Lettres, Matisse ne s’est pas réfugié dans une tour d’ivoire. Il s’est très souvent exprimé, dans un langage clair et précis, sur ses choix artistiques tout au long de ses quelque soixante années de création, conscient d’ouvrir de nouvelles voies artistiques dans toutes les directions. Mais jusqu’à sa mort en 1954, Matisse a partagé cette sorte d’insatisfaction, voilée certes mais toujours présente, pour cette quête jamais aboutie, de la force et de la tension qui animent les corps. «Si on pouvait faire rouler une statue de Michel-Ange du haut d’une colline jusqu’à ce que disparaissent la plupart des éléments de superficie», a aussi écrit notre peintre, «la forme en resterait...

Matisse avait un maître à penser aussi exigeant que secret: Michel- Ange. Une exposition unique, à Brescia, démêle les fils mystérieux qui unissaient le fondateur du fauvisme au plus grand génie de la Renaissance.
Je suis redevenu étudiant, je dessine la Nuit, j’étudie le Laurent de Médicis. J’essaie de maîtriser la conception, àla fois claire et complexe, qui est à la base des constructions de Michel-Ange.» Chef de file du fauvisme lancé au Salon d’automne de Paris en 1905 et qui fit scandale par ses couleurs pures et violentes, comme Michel-Ange déjà, Matisse a admiré le plus grand artiste de la Renaissance tout au long de sa vie. Comme Michel-Ange, dont on vient d’ailleurs de publier pour la première fois en français, le Carteggio, sa correspondance privée, comprenant 518 lettres de sa prime jeunesse à sa mort, aux éditions Les Belles Lettres, Matisse ne s’est pas réfugié dans une tour d’ivoire. Il s’est très souvent exprimé, dans un langage clair et précis, sur ses choix artistiques tout au long de ses quelque soixante années de création, conscient d’ouvrir de nouvelles voies artistiques dans toutes les directions. Mais jusqu’à sa mort en 1954, Matisse a partagé cette sorte d’insatisfaction, voilée certes mais toujours présente, pour cette quête jamais aboutie, de la force et de la tension qui animent les corps. «Si on pouvait faire rouler une statue de Michel-Ange du haut d’une colline jusqu’à ce que disparaissent la plupart des éléments de superficie», a aussi écrit notre peintre, «la forme en resterait cependant intacte.»

Matisse, qui a beaucoup voyagé dans le monde entier, a visité par deux fois l’Italie. En 1907, soit trois ans après sa première exposition à la galerie Ambroise Vollard, à Paris, et en 1925, une année importante dans l’histoire de l’art, celle des Demoiselles d’Avignon, de Picasso. Il n’avait pas pu ne pas être frappé, à Florence, dans la Sagrestia Nuova de la basilique Saint-Laurent, par les figures du Jour et de la Nuit, du sépulcre de Julien, duc de Nemours, troisième fils de Laurent le Magnifique. Comme un symbole éloquent du temps qui vient à bout de tout. La plus célèbre et la plus admirée étant bien sûr la Nuit, sculptée après la chute de Florence sous la seconde dynastie des Médicis. Elle suggéra des vers célèbres au poète Giovanni Battista Strozzi, auxquels Michel-Ange répondit par des allusions à la liberté perdue.On retrouve ce chef-d’œuvre absolu transposé, à plusieurs reprises, dans l’exposition de Brescia, en Lombardie, intitulée «Matisse. La séductionde Michel-Ange». Et notamment, de façon très immédiate, dans Le Rapt d’Europe, provenant de la National Gallery de Canberra, en Australie. À signaler aussi le Grand Nu Assis, une sculpture modelée et remodelée par Matisse, jamais satisfait. Une référence explicite à l’autre tombeau de Michel-Ange dans cette même sacristie, celui de Laurent II, duc d’Urbin, surnommé Le Penseur, et en particulier à L’Aurore qui fait pendant au Crépuscule. Comme une allégorie de la Pensée qui s’éveille à l’aurore et se repose au crépuscule.Ce sont au total près de deux cents œuvres en tout genre qui sont présentées au Museo di Santa Giulia. Elles couvrent tout le parcours artistique de Matisse et témoignent chacune à leur façon, jusque dans les couleurs, d’une influence constante de Buonarotti sur la production diversifiée du peintre. Huiles, dessins, incisions, gouaches, papiers découpés témoignent de sa fascination pour l’art antique, revisité par Michel-Ange. Il en tirait force et suggestion dans sa recherche pour exprimer toujours mieux l’essence de l’absolu. Un parcours qui s’étend des premières œuvres de la période fauve jusqu’à la découverte poétique de livres, de la revue «Verve» et à l’invention révolutionnaire des gouaches découpées.Mais la confrontation finale a lieu entre les deux grandes œuvres de Matisse prêtées par la National Gallery de Washington, Pianiste et Joueurs de dames, et une très grande gouache découpée intitulée Vénus. Celle-ci est accompagnée d’un dessin original de Michel-Ange, Les Deux Vénus, tandis que de grands calques de ses plus importantes œuvres, datant du XVIIIe siècle, rythment cette exposition. C’est une grande première qui vient après une confrontation, en 2009 à Paris, entre Matisse et Rodin, considéré comme le plus grand sculpteur après Michel-Ange.«Matisse a été attiré par d’innombrables formes expressives, explique Claudia Beltramo Ceppi, la curatrice, comme les arts orientaux, le style japonais, les étoffes mauresques, les céramiques de Perse, l’art africain, mais, tout au long de cette approche, Michel-Ange apparaît, dans sa production, comme le phare absolu dont le peintre tirait une force et une énergie incroyables dans sa quête incessante pour atteindre l’essence même de la peinture.»Détail piquant: Michel-Ange, qui avait inspiré deux biographies de son vivant déjà, va désormais cohabiter avec Matisse, dans les Musées du Vatican. Sous l’impulsion d’Antonio Paolucci, le directeur, une salle entière sera consacrée à Matisse. On y verra, selon Art Newspaper, trois dessins de plus de quinze mètres de haut qui sont des croquis préparatoires pour des vitraux de la chapelle du Rosaire de Vence et donnés par le fils du peintre en 1980.

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