Nos Blogs, Jacques Chamay nous parle du roman historique « Le Pas des Helvètes »

Le pas des Helvètes
Le roman historique est un genre qui plaît au plus grand nombre, mais satisfait rarement le lecteur qui s’intéresserait  d’un peu près au sujet traité. Le principal défaut tient à la psychologie des personnages, trop proche de celle d’aujourd’hui, c’est-à-dire anachronique. Voici un piège dans lequel ne tombe pas l’auteur, pourtant néophyte, d’un épais volume qui vient de sortir de presse. Intitulé Le pas des Helvètes, il porte sur la fameuse migration de ce peuple, contraint de quitter sa terre d’origine, le plateau suisse, sous la pression des Germains. Cet épisode, on le sait, ouvre le De Bello Gallico (Commentaires sur la Guerre des Gaules ) de Jules César. Celui-ci commence son récit par le passage des émigrés devant Genève (Genava), en 58 avant J.-C., faisant du même coup entrer cette ville dans l’histoire. L’auteur du roman, Louis Milliot, imagine un jeune homme natif de la ville en question, un allobroge latinisé du nom de Titus Gellius Ludius, qu’un concours de circonstances oblige à partager le sort des Helvètes. Ceux-ci se verront refuser le franchissement du Rhône et, dès lors, l’expédition vers une contrée plus hospitalière tournera au désastre, les contraignant à regagner finalement leurs foyers, non sans perdre au cours d’escarmouches et de terribles batailles deux tiers de leur effectif. Dans le roman, c’est le héros qui raconte les événements, prenant le contre-pied de la chronique de César en adoptant le point de vue des vaincus. Des vaincus dont le Romain a pourtant reconnu qu’ils surpassaient les Gaulois en...

Le roman historique est un genre qui plaît au plus grand nombre, mais satisfait rarement le lecteur qui s’intéresserait  d’un peu près au sujet traité. Le principal défaut tient à la psychologie des personnages, trop proche de celle d’aujourd’hui, c’est-à-dire anachronique.

Voici un piège dans lequel ne tombe pas l’auteur, pourtant néophyte, d’un épais volume qui vient de sortir de presse. Intitulé Le pas des Helvètes, il porte sur la fameuse migration de ce peuple, contraint de quitter sa terre d’origine, le plateau suisse, sous la pression des Germains. Cet épisode, on le sait, ouvre le De Bello Gallico (Commentaires sur la Guerre des Gaules ) de Jules César. Celui-ci commence son récit par le passage des émigrés devant Genève (Genava), en 58 avant J.-C., faisant du même coup entrer cette ville dans l’histoire.

L’auteur du roman, Louis Milliot, imagine un jeune homme natif de la ville en question, un allobroge latinisé du nom de Titus Gellius Ludius, qu’un concours de circonstances oblige à partager le sort des Helvètes. Ceux-ci se verront refuser le franchissement du Rhône et, dès lors, l’expédition vers une contrée plus hospitalière tournera au désastre, les contraignant à regagner finalement leurs foyers, non sans perdre au cours d’escarmouches et de terribles batailles deux tiers de leur effectif. Dans le roman, c’est le héros qui raconte les événements, prenant le contre-pied de la chronique de César en adoptant le point de vue des vaincus. Des vaincus dont le Romain a pourtant reconnu qu’ils surpassaient les Gaulois en courage.

L’un des morceaux de bravoure du livre est la rencontre en terrain neutre, un ilot du Rhône, entre César et la délégation helvète. Louis Milliot prête au consul – et c’est là où je voulais en venir, quand je parlais de psychologie- un comportement et des paroles que n’auraient pas démentis un Tacite ou un Plutarque, tant cela sonne juste. Il est vrai que Louis Milliot a des lettres et qu’il est familiarisé avec les auteurs classiques.

Quant à la documentation, sur laquelle doit reposer tout roman historique, elle fait honneur à Louis Milliot qui, bien que simple historien amateur, a fait un travail exemplaire de plusieurs années, portant notamment sur la topographie, nécessaire pour tenter de reconstituer l’itinéraire suivi par les tribus helvètes. Bien entendu, à cause du rôle décisif joué par Genève dans cette tragique épopée, c’est cette cité qui a retenu spécialement l’attention de l’auteur, d’autant plus qu’il y a longtemps vécu et la connait donc parfaitement. Et il a poussé le scrupule jusqu’à doter son ouvrage d’une postface  et de notes explicatives, très utiles au lecteur.

Bref, on ne saurait trop recommander ce roman, qui tombe au bon moment, le drame des migrants occupant régulièrement l’actualité.

Jacques Chamay

Le Pas des Helvètes, Éditions Pierre Philippe

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