Olivier Gagnère Embellisseur de vie

Le décorateur du Café Marly continue, du meuble à l’objet, de dessiner l’élégance du geste, à coup de somptueuse modernité, dans la droite ligne de l’art de vivre à la française. Serena Ca d’Oro Laguna Verre de Murano, collection Suite de Venise, Mouvements Modernes, Paris Il mêle l’or avec le fer, l’ardoise avec le medium ou le bronze, il ressuscite le chêne arraché, oppose la toile de lin, le velours gratté à la richesse patricienne des cuirs fauves. Il utilise à contre-emploi la porcelaine pour des piètements de console, impose aux maîtres verriers de Murano d’appliquer les techniques les plus complexes, jouant davantage sur les qualités de la colorationde la lumière que sur la magie habituelle de la verrerie vénitienne.Olivier Gagnère n’est pas un simple designer. Il est d’abord l’homme de l’équilibre profond entre tradition et invention, le virtuose de conjonctions inattendues entre les savoir-faire traditionnels et l’expression la pluscontemporaine. Les verseuses de 1984 comme ses plus récents services pour Bernardaud en témoignent, les uns dans une certaine exacerbation de ses sources d’inspiration et le recours à de rares techniques de dinanderie, les autres déjà devenus des best-sellers par leur sensuelle simplicité, telles «Galerie Royale». Ou «Naxos» au décor «blanc sur blanc» inspiré par les plafonds décaissés de certains châteaux Renaissance. Une caresse tactile, un «plaisir d’aveugle» comme on disait des pâtes blanches de Picasso. Coll Fauteuil Daytnoa, Artelano Marly Artelano Ni révolutionnaire, ni nostalgique, il exploite les acquis de l’Histoire, en magnifie les réussites. Du constructivisme, il retient les...

Le décorateur du Café Marly continue, du meuble à l’objet, de dessiner l’élégance du geste, à coup de somptueuse modernité, dans la droite ligne de l’art de vivre à la française.


Il mêle l’or avec le fer, l’ardoise avec le medium ou le bronze, il ressuscite le chêne arraché, oppose la toile de lin, le velours gratté à la richesse patricienne des cuirs fauves. Il utilise à contre-emploi la porcelaine pour des piètements de console, impose aux maîtres verriers de Murano d’appliquer les techniques les plus complexes, jouant davantage sur les qualités de la colorationde la lumière que sur la magie habituelle de la verrerie vénitienne.Olivier Gagnère n’est pas un simple designer. Il est d’abord l’homme de l’équilibre profond entre tradition et invention, le virtuose de conjonctions inattendues entre les savoir-faire traditionnels et l’expression la pluscontemporaine. Les verseuses de 1984 comme ses plus récents services pour Bernardaud en témoignent, les uns dans une certaine exacerbation de ses sources d’inspiration et le recours à de rares techniques de dinanderie, les autres déjà devenus des best-sellers par leur sensuelle simplicité, telles «Galerie Royale». Ou «Naxos» au décor «blanc sur blanc» inspiré par les plafonds décaissés de certains châteaux Renaissance. Une caresse tactile, un «plaisir d’aveugle» comme on disait des pâtes blanches de Picasso.

Ni révolutionnaire, ni nostalgique, il exploite les acquis de l’Histoire, en magnifie les réussites. Du constructivisme, il retient les pans coupés d’une théière, interprète les jardins de Boboli dans un tapis aux couleurs fortes. Il reprend le confort des sièges baquets des années 30, de l’antiquité égyptienne, il tire le volume de la chaise Elustate.

«Qu’aurais-je choisi de faire d’autre dans la vie? Rien.» L’absolu de la réponse explique peut-être, si tant est que l’on puisse expliquer le talent, cette attitude originale qui le mène depuis les années 80 à côtoyer l’artisan pour une plus grande visibilité de l’art, loin du chant des sirènes de l’industrialisation à grande échelle, comme de l’expressionnisme outrancier du mobilier «d’artiste». C’est l’un des éléments qui donne à ses oeuvres, qu’elles soient pièce unique ou production de sériecette sérénité sensible, dont la présence entre en résonance immédiate avec notre histoire intime. Les proportions, les volumes, ses motifs récurrents, – croix, cercles, picots, gouttelettes – dont il joue avec autant de profusion que de rigueur sur un registre de formes simples, ne cessent d’introduire dans la banalité de l’usage quotidien la dimension d’une grandeur. Un sens de l’hédonisme qui résout volontiers la question de Mario Praz «Comment comprendre l’âme des hommes insoucieux des objets et de leur demeure…» («La Fisosofia dell’arredamento»). Comme chez les grands maîtres des années 30, ses meubles, ses objets, aspirent tous au classicisme, même s’ils sont complètement nouveaux.

Le décorateur du café Marly au Louvre est tombé dans le beau quand il était petit. «Mon père était antiquaire. Enfant, je l’accompagnais toujours chez les restaurateurs, ciseleurs, ferronniers, doreurs… Quand j’ai commencé à vouloir créer moi-même, ma démarche a été spontanément vers eux ou vers leurs successeurs.» Aujourd’hui, Olivier Gagnère descend la rue Royale en visitant ses clients; il garde cependant l’humilité des hommes d’esprit et c’est loin des violences de l’ego qu’il exprime son parcours. «J’aime travailler avec les grandes maisons. Elles ont une histoire: je prends plaisir à y ajouter un chaînon, sans m’approprier ce qui a été fait avant moi. J’appelle ça la transitivité.»

On pourrait appeler cela des «sésames» à de prestigieuses manufactures, tant ses créations revalorisent un passé que l’on croyait figé. Eloquente, sa collaboration dès 1998 avec le Cristal Saint Louis a fait exulter la technique de cristal doublé de couleur dans la collection de verres de table Cosmos, vendue à travers le monde entier.Ses différentes rencontres ont déterminé sa carrière. C’est ainsi qu’il exposera dès ses débuts à la renommée galerie Neotu devenue «Mouvements modernes» (y découvrir la superbe collection «Suite de Venise»), puis à la galerie Maeght, à Paris. Artelano commercialise avec Socca, les meubles et luminaires du Café Marly et présente régulièrement ses nouvelles collections.

Tandis que Veronese présentait lustres et objets au Designer’s Day 2003 à Paris, le flacon au col de vison créé pour Absolute Vodka est entré dans une installation «Absolut generations» à la Biennale de Venise 2003.Entrées au Musée d’Art moderne de San Francisco et au Centre Georges Pompidou, ses pièces s’inscrivent incontestablement dans l’histoire des arts décoratifs du XXIème siècle. A l’instar d’un Gallé ou d’un Poillerat, son vocabulaire formel permet clairement de l’identifier et d’affirmer: «C’est un Gagnère».

Bouteille Absolut

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