Palmyre, site martyr

Jacques Chamay, resp rubrique archéologie à Artpassions
Jacques Chamay
Jacques Chamay, resp de la rubrique archéologie d'Artpassions Palmyre, site martyr Le 23 août 20015, les djihadistes de l’Etat Islamique dynamitaient un monument  majeur de Palmyre, le temple de Baalshamin. On  se souvient de l’indignation que cet acte de vandalisme (je ne dirais pas « aveugle », car les profanateurs savaient bien ce qu’ils faisaient) a suscité dans l’opinion. Tous les journaux du monde s’en sont fait l’écho, multipliant les commentaires. Mais aucun, à ma connaissance, y compris en Suisse, dont il est pourtant originaire, n’a mentionné, sinon en deux lignes,  celui qui a mis en lumière ledit monument. Je veux parler de l’archéologue Paul Collart (Genève 1902-1981). Je le connaissais particulièrement bien, puisqu’il fut mon directeur quand j’accomplissais un séjour de trois années à l’Institut suisse de Rome. Après une licence à l’université de sa ville natale, Paul Collart est allé parfaire ses études à la Sorbonne. Ce qui, en 1926, lui  ouvrit les portes de l’Ecole française d’Athènes, en qualité de membre étranger. Il y  préparera sa thèse de doctorat, qui paraîtra en 1938, sous le titre : Philippe, ville de Macédoine. C’est alors qu’Henri Seyrig , directeur des Antiquités du Haut-Commissariat de France en Syrie l’appelle à Beyrouth pour lui confier l’étude du Grand Autel de Baalbeck, en collaboration avec l’architecte Paul Coupel. Paul Collart s’acquitta de cette tâche (1938-1940) à la satisfaction générale. Ce qui lui valut l’honneur, en 1953, d’être officiellement chargé de l’inventaire des biens culturels de Syrie et du Liban pour le compte de l’UNESCO....
Jacques Chamay, resp de la rubrique archéologie d'Artpassions
Jacques Chamay, resp de la rubrique archéologie d’Artpassions

Palmyre, site martyr

Le 23 août 20015, les djihadistes de l’Etat Islamique dynamitaient un monument  majeur de Palmyre, le temple de Baalshamin. On  se souvient de l’indignation que cet acte de vandalisme (je ne dirais pas « aveugle », car les profanateurs savaient bien ce qu’ils faisaient) a suscité dans l’opinion. Tous les journaux du monde s’en sont fait l’écho, multipliant les commentaires. Mais aucun, à ma connaissance, y compris en Suisse, dont il est pourtant originaire, n’a

mentionné, sinon en deux lignes,  celui qui a mis en lumière ledit monument. Je veux parler de l’archéologue Paul Collart (Genève 1902-1981). Je le connaissais particulièrement bien, puisqu’il fut mon directeur quand j’accomplissais un séjour de trois années à l’Institut suisse de Rome. Après une licence

à l’université de sa ville natale, Paul Collart est allé parfaire ses études à la Sorbonne. Ce qui, en 1926, lui  ouvrit les portes de l’Ecole française d’Athènes, en qualité de membre étranger. Il y  préparera sa thèse de doctorat, qui paraîtra en 1938, sous le titre : Philippe, ville de Macédoine. C’est alors qu’Henri Seyrig , directeur des Antiquités du HautCommissariat de France en Syrie l’appelle à Beyrouth pour lui confier l’étude du Grand Autel de Baalbeck, en collaboration avec l’architecte Paul Coupel. Paul Collart s’acquitta de cette tâche (1938-1940) à la satisfaction générale. Ce qui lui valut l’honneur, en 1953, d’être officiellement chargé de l’inventaire des biens culturels de Syrie et du Liban pour le compte de l’UNESCO. Et c’est dans cette circonstance qu’il en vint à s’occuper de l’autel de Palmyre. La fouille du monument, son étude, sa restauration  seront menées sans traîner et de main de maître. Parmi les membres de son  équipe, il y avait une genevoise, spécialiste en épigraphie, Christiane Dunant ( + 1991), que je connaissais bien elle aussi pour lui avoir succédé en 1981 au Département d’archéologie du Musée d’art et d’histoire. Il y avait aussi l’architecte genevois Jacques Vicari (+2012),  qui se fera bientôt  connaître du public par la construction d’Uni-Dufour.

Au cours de cette campagne archéologique à Palmyre,  qui  aboutit à une publication en 1971, Paul Collart a photographié systématiquement, en grand format, le site tout  entier. Et sur l’initiative du professeur Pierre Ducrey, auquel me lie une amitié  de longue date, ces photos sont aujourd’hui conservées à l’Université de Lausanne, où Paul Collart a enseigné (1950-1963). Ces documents, accessibles à tous, sont devenus extrêmement précieux, car ils perpétuent la mémoire du site.

Dans leurs  commentaires repris en boucle, voilà ce que les journalistes auraient pu dire. La cause  du patrimoine y aurait gagné.

Jacques Chamay

Vient de paraître: Antiquité, 180 article de presse, coédité par Hellas et Roma et Slatkine

 

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