Philip Trager photographe et maître du temps La galerie d’Artpassions

C’est avec sa chambre photographique de grand format que ce photographe nous offre, depuis plus de cinquante ans, un nouveau regard sur l’architecture. Il nous fait partager sa vision par une rigueur et une audace qui en font l’un des plus grands maîtres américains. À partir de ses photographies nous redécouvrons qu’un seul regard peut changer notre vision du monde. Regarder une image de Philip Trager, c’est comme se pencher à la fenêtre: point de vue unique, surprise d’une perfection inattendue du paysage et des personnages. Il nous rend spectateurs de nos villes et donne vie aux figures de bronze et de marbre qui habitent nos parcs. Mais il faut de la maîtrise et un certain sens de l’académie pour mettre en scène ces spectacles glorieux. Partant de la réalité du sujet, Philip Trager nous emmène en poésie, à la conquête d’un imaginaire qu’il compose dans la plus grande rigueur de cadre et de lumière. Le choix des sujets désarçonne car, si au premier coup d’œil, nous ne découvrons rien de nouveau, les objets prennent vie: l’aigle de pierre va s’envoler et restera immobile en plein ciel guettant les proies de la ville. L’oiseau en majesté va se projeter tel un Noureev dont on disait qu’il semblait rester en suspension. Il en est de même pour le bronze de la fontaine qui va se mouvoir et celui du pont de fer qui sonne le couronnement. Le photographe devient maître du temps. Le rideau de scène va s’ouvrir; nous sommes au...

C’est avec sa chambre photographique de grand format que ce photographe nous offre, depuis plus de cinquante ans, un nouveau regard sur l’architecture. Il nous fait partager sa vision par une rigueur et une audace qui en font l’un des plus grands maîtres américains. À partir de ses photographies nous redécouvrons qu’un seul regard peut changer notre vision du monde.

Regarder une image de Philip Trager, c’est comme se pencher à la fenêtre: point de vue unique, surprise d’une perfection inattendue du paysage et des personnages. Il nous rend spectateurs de nos villes et donne vie aux figures de bronze et de marbre qui habitent nos parcs. Mais il faut de la maîtrise et un certain sens de l’académie pour mettre en scène ces spectacles glorieux. Partant de la réalité du sujet, Philip Trager nous emmène en poésie, à la conquête d’un imaginaire qu’il compose dans la plus grande rigueur de cadre et de lumière.

Le choix des sujets désarçonne car, si au premier coup d’œil, nous ne découvrons rien de nouveau, les objets prennent vie: l’aigle de pierre va s’envoler et restera immobile en plein ciel guettant les proies de la ville. L’oiseau en majesté va se projeter tel un Noureev dont on disait qu’il semblait rester en suspension. Il en est de même pour le bronze de la fontaine qui va se mouvoir et celui du pont de fer qui sonne le couronnement. Le photographe devient maître du temps. Le rideau de scène va s’ouvrir; nous sommes au spectacle !

Dans ses portraits, la main cache une partie du visage, l’expression est figée et l’âme mise à nu comme a pu le faire Rodin pour ses Bourgeois de Calais. Ainsi, il est étonnant de voir le dialogue qui s’instaure dans l’œuvre de l’artiste entre le vivant et la représentation du vivant. Nos repères s’évanouissent et l’art s’accomplit pleinement.

L’architecture, dans le Connecticut, au nord de l’Italie, à New York ou à Paris, surgit comme les structures de nos rêves; des villes reconstruites en cités idéales. Quand la photographie saisit la ville et ses immeubles, Trager nous les propose en scénographies, écrins des personnages. Il est aussi réjouissant de voir que le format de l’image est adapté au sujet. Cela devient rare; les photographes voulant affirmer leur style par un cadre systématique. Philip Trager choisit la hauteur, la largeur ou le carré pour servir au mieux son propos.

La lumière, aussi, joue un rôle majeur. Elle constitue, parfois, le sujet même de l’image. C’est le cas de la voûte d’un temple ou dans le quartier des théâtres. Quelques silhouettes au loin accrochent la fumée des eaux usées et les derniers rayons du jour tombant.

L’art de Philip Trager se révèle donc agissant sur nous, harmonieux dans l’intention et au plus droit sur le chemin d’une quête de perfection et d’évidence révélée. Ce qui traîne dans le sillage de ses photographies, c’est la présence. Présence de la lumière, des sujets et de la scénographie des lieux, concourent à nous mettre en état de redécouverte. Nous sommes propulsés dans l’image, mis en scène à notre tour, pris au piège !

L’œuvre considérable de cet artiste est présentée en de nombreuses expositions: beaux tirages sobres et figures toisant les visiteurs. Mais, avec lui, le livre d’images est un exercice parfait; les photographies s’harmonisant dans un propos dense, tonique et élégant. Plus de dix monographies lui ont été consacrées avec, à chaque fois, la haute tenue de la pensée et des visions de l’artiste. Les plus fascinants sont les ouvrages façonnés par Steidl, l’éditeur-complice et révélateur des photographes.

En prenant le temps d’habiter ses photographies, Philip Trager nous invite à la découverte d’un monde que nous avions oublié de regarder. La Bibliothèque du Congrès américain est dépositaire de la collection complète de ses tirages et des archives. Un véritable trésor pour l’humanité !

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