Pierre-Auguste Renoir Son modèle préféré prend la plume

Depuis 1898, Renoir souffre d’un rhumatisme aigu, l’obligeant à passer ses hivers au soleil de la Côte d’Azur. Et c’est à Cagnes, où il se fixe définitivement en 1905, qu’il rencontre les Thurneyssen, en villégiature dans la région. Cinq ans plus tard, en été 1910, il profite d’une rémission passagère de la maladie pour répondre à leur invitation. Les Thurneyssen habitent à Wessling, près de Munich. Renoir s’y rend en famille. Son modèle, Gabrielle Renard, est du voyage.La lettre reproduite est de la main de la jeune fille. On déchiffre les lignes aisément, malgré une ponctuation déficiente (ici corrigée):«Le patron va mieux. Il a bien avancé son portrait. Je voudrais que vous voyiez comme c’est joli. Mme Thurneyssen en robe blanche et rose, beaucoup ouverte, et sa petite fille sur ses genoux. La petite est blonde et toute frisée. Elle n’est pas jolie mais le patron en a fait quelque chose de beau.»Plus loin, Gabrielle fait allusion à la bière, que Renoir semble mal supporter et au climat, particulièrement humide, à cause de la présence toute proche d’un lac.La lettre est adressée à Maurice Gangnat, père du jeune Philippe, cité dans le même courrier. Présenté à Renoir par Gallimard, et enthousiasmé par son art, il s’était mis à collectionner ses tableaux, devenant du même coup un familier de la villa de Cagnes, «Les Colettes». Renoir jugeait que son client et ami jouissait d’un œil extraordinaire et il lui réservait le meilleur de sa production. Il en fit aussi le portrait.Dans...

Depuis 1898, Renoir souffre d’un rhumatisme aigu, l’obligeant à passer ses hivers au soleil de la Côte d’Azur. Et c’est à Cagnes, où il se fixe définitivement en 1905, qu’il rencontre les Thurneyssen, en villégiature dans la région. Cinq ans plus tard, en été 1910, il profite d’une rémission passagère de la maladie pour répondre à leur invitation. Les Thurneyssen habitent à Wessling, près de Munich. Renoir s’y rend en famille. Son modèle, Gabrielle Renard, est du voyage.La lettre reproduite est de la main de la jeune fille. On déchiffre les lignes aisément, malgré une ponctuation déficiente (ici corrigée):«Le patron va mieux. Il a bien avancé son portrait. Je voudrais que vous voyiez comme c’est joli. Mme Thurneyssen en robe blanche et rose, beaucoup ouverte, et sa petite fille sur ses genoux. La petite est blonde et toute frisée. Elle n’est pas jolie mais le patron en a fait quelque chose de beau.»Plus loin, Gabrielle fait allusion à la bière, que Renoir semble mal supporter et au climat, particulièrement humide, à cause de la présence toute proche d’un lac.La lettre est adressée à Maurice Gangnat, père du jeune Philippe, cité dans le même courrier. Présenté à Renoir par Gallimard, et enthousiasmé par son art, il s’était mis à collectionner ses tableaux, devenant du même coup un familier de la villa de Cagnes, «Les Colettes». Renoir jugeait que son client et ami jouissait d’un œil extraordinaire et il lui réservait le meilleur de sa production. Il en fit aussi le portrait.Dans la lettre, on vient de le voir, Gabrielle use du mot «patron». Façon de faire qui s’accorde avec son style familier et naïf. Il faut dire qu’avant de devenir modèle attitré, Gabrielle est entrée au service du peintre en tant que bonne d’enfant (1894), engagement rendu nécessaire par la naissance d’un second fils, Jean, le futur cinéaste. Madame Renoir, née Aline Charigot,n’avait pas eu à chercher bien loin, car Gabrielle était sa cousine. Celle-ci quitta la famille en 1914, pour se marier.Pour connaître l’écriture du maître, le lecteur se reportera à la seconde lettre, écrite à Cagnes, qui commence par «Cher ami». Il y est question de l’atelier du peintre Jérôme (bvd de Clichy), que Renoir renonce à louer, s’étant rabattu entre-temps sur un hôtel de la rue Caulaincourt.

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