PORTRAIT IMPÉRIAL

L’art romain du portrait accorde aux femmes une place considérable, sans équivalent avant l’époque moderne. Témoin ce bronze superbe, qui représente une contemporaine de Constantin, probablement son auguste mère, une personnalité hors norme.De la fange à l’EmpireNée vers 255, à Drepanum, aujourd’hui Yalova, petit port de la mer de Marmara, Hélène fut remarquée par l’empereur Constance Chlore qui en fit sa concubine en titre, sous le nom de Flavia Julia Helena. Elle était de basse extraction, si l’on en croit Ambroise de Milan. Constance l’aurait rencontrée en un lieu mal famé, une taverne (stabulum), dont elle était tenancière ou simple servante. Et Ambroise s’émerveille de sa promotion sociale fulgurante, qui la fit passer sans transition «de la fange à l’Empire». Cette mésalliance parut d’abord sans conséquence, car Constance débutait alors dans la carrière militaire. Mais en 289, quand Maximien le prit à son côté en qualité de César (c’était le temps de la Tétrarchie ou pouvoir à quatre têtes, deux Augustes régnant avec deux Césars), il l’obligea à se séparer d’Hélène pour épouser Flavia Maximiana Theodora, sa belle-fille.De Constance, Hélène avait eu un fils, Flavius Valerius Constantinus, qu’elle mit au monde à Naïssus (Nish), dans l’actuelle Serbie, le 22 mars 280 (l’année n’est pas certaine). Elle veilla sur son éducation, jusqu’au jour où il fut appelé à la cour de Dioclétien.Hélène mena donc la vie effacée d’une veuve, mais quand Constance mourut, en juillet 306, Constantin, devenu César entre-temps, reprit sa mère auprès de lui. Et, dès ce moment, il...

L’art romain du portrait accorde aux femmes une place considérable, sans équivalent avant l’époque moderne. Témoin ce bronze superbe, qui représente une contemporaine de Constantin, probablement son auguste mère, une personnalité hors norme.
De la fange à l’EmpireNée vers 255, à Drepanum, aujourd’hui Yalova, petit port de la mer de Marmara, Hélène fut remarquée par l’empereur Constance Chlore qui en fit sa concubine en titre, sous le nom de Flavia Julia Helena.

Elle était de basse extraction, si l’on en croit Ambroise de Milan. Constance l’aurait rencontrée en un lieu mal famé, une taverne (stabulum), dont elle était tenancière ou simple servante. Et Ambroise s’émerveille de sa promotion sociale fulgurante, qui la fit passer sans transition «de la fange à l’Empire». Cette mésalliance parut d’abord sans conséquence, car Constance débutait alors dans la carrière militaire. Mais en 289, quand Maximien le prit à son côté en qualité de César (c’était le temps de la Tétrarchie ou pouvoir à quatre têtes, deux Augustes régnant avec deux Césars), il l’obligea à se séparer d’Hélène pour épouser Flavia Maximiana Theodora, sa belle-fille.De Constance, Hélène avait eu un fils, Flavius Valerius Constantinus, qu’elle mit au monde à Naïssus (Nish), dans l’actuelle Serbie, le 22 mars 280 (l’année n’est pas certaine). Elle veilla sur son éducation, jusqu’au jour où il fut appelé à la cour de Dioclétien.Hélène mena donc la vie effacée d’une veuve, mais quand Constance mourut, en juillet 306, Constantin, devenu César entre-temps, reprit sa mère auprès de lui. Et, dès ce moment, il l’entoura de son affection et la combla d’honneurs, allant même jusqu’à falsifier son origine, en la déclarant fille de roi (Claude le Gothique, un barbare, mais un roi tout de même !). Il changea aussi le nom de sa ville natale en Hélénopolis (le titre d’Augusta, qu’il décerna en 325, servit aussi à dénommer la place de Constantinople – l’Augustéon – où fut érigée sa statue).

Pèlerinage épuisantTous les historiens, antiques et modernes, s’accordent à penser qu’Hélène était une personnalité exceptionnelle, qui exerça une grande influence sur son fils. Mais ils divergent sur la question de savoir si elle joua un rôle dans la «conversion» de Constantin, laquelle a changé la face du monde.Quoi qu’il en soit, devenue une chrétienne fervente, Hélène ne pouvait que déplorer le caractère orgueilleux et violent de son fils, qui fit mettre à mort pour raison d’État deux membres de sa propre famille, son fils Crispus, puis sa femme Fausta. Et certains auteurs ont avancé l’hypothèse que c’est pour expier ces crimes qu’elle prit la décision d’accomplir son fameux pèlerinage en Terre Sainte (départ en été 326). La mention de ce pèlerinage se trouve dans la Vie de Constantin d’Eusèbe de Césarée. Il y est dit qu’Hélène visita Jérusalem et Bethléem. On y apprend aussi qu’elle ne se contenta pas de prier sur les lieux qui furent le théâtre des événements relatés par les Évangiles. Elle voulut assurer leur conservation, tout en les mettant en valeur. Et c’est ainsi qu’elle édifia deux églises, avec les fonds accordés par son fils, l’une à Jérusalem sur le mont des Oliviers, dite de l’Ascension, l’autre à Bethléem, dite de la Nativité et aussi dédiée à la Vierge. L’église de la Nativité est la seule basilique constantinienne parvenue presque intacte jusqu’à nous. Elle se présente sous la forme d’une grande salle rectangulaire (70 x 16 m), divisée en cinq nefs par des rangées de colonnes. Au fond, une abside prolongeait la nef centrale, car c’est à cette place que se tenait le clergé pendant l’office. Au VIe siècle, l’empereur Justinien restaura l’édifice, refaisant les plafonds incendiés et modifiant le chevet. Quant au décor en mosaïque, il fut détruit au siècle suivant par les Perses de Chosroês, qui n’épargnèrent qu’un seul panneau, celui desRois Mages (à cause de leur costume, bonnet phrygien et pantalon collant, ils avaient pris ces personnages pour des gens de leur race !).Pour en revenir à Hélène, elle mourut à Nicomédie, capitale de la Bithynie et résidence impériale, en 327. Elle avait 72 ans et son pèlerinage lointain l’avait sans doute épuisée. Son fils bienaimé se trouvait présent, pour recueillir son dernier soupir. Le corps d’Hélène fut transporté à Rome et déposé dans un somptueux mausolée à coupole, sur la via Lavicana. Son sarcophage en porphyre, destiné originellement à Constance et récupéré pour elle, se trouve actuellement au Musée Pio-Clementino du Vatican.Les églises romaine et grecque vénèrent Hélène comme une grande sainte.

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