Sam Keller un Bâlois International

À 45 ans, Sam Keller est à la fois président d’Art Basel et directeur de la Fondation Beyeler. Après quatre années de transition avec son mentor, cet homme libre et impatient de nature donne le tempo des deux institutions avec le sens de la mesure et le goût du large. Rencontre. Directeur de la Fondation Beyeler depuis quatre ans, vous demeurez le président de la foire internationale Art Basel. Quel est votre rôle exactement ? Sam Keller: Art Basel est dirigée par mes successeurs ; un comité supervisé par le CIO de l’entreprise MCH. Nous nous réunissons régulièrement pour discuter des questions conceptuelles et stratégiques de la foire: que faut-il développer, où investir, etc. Dans ce cadre, je tiens un rôle de conseiller mettant à disposition mes connaissances, mes relations, mon expérience. Mon contrat stipule qu’en tant que président je dois donner des conseils sur toutes les questions importantes. L’un des sujets qui nous occupent: comment réagir à la globalisation. Il faut examiner aussi ce que le président ne fait pas: il n’a aucun contact avec les exposants et ne représente pas la foire auprès des médias ni des sponsors. C’est donc un rôle purement stratégique. Ernst Beyeler avait une fonction similaire. Lorsque j’étais directeur d’Art Basel, je le consultais régulièrement. Il était le doyen de la foire, son soutien était précieux. Vous avez été l’artisan de la foire Art Basel Miami Beach. En quoi est-ce un nouveau modèle de foire ? La nouveauté a été de combiner un événement...

À 45 ans, Sam Keller est à la fois président d’Art Basel et directeur de la Fondation Beyeler. Après quatre années de transition avec son mentor, cet homme libre et impatient de nature donne le tempo des deux institutions avec le sens de la mesure et le goût du large. Rencontre.

Directeur de la Fondation Beyeler depuis quatre ans, vous demeurez le président de la foire internationale Art Basel. Quel est votre rôle exactement ? Sam Keller: Art Basel est dirigée par mes successeurs ; un comité supervisé par le CIO de l’entreprise MCH. Nous nous réunissons régulièrement pour discuter des questions conceptuelles et stratégiques de la foire: que faut-il développer, où investir, etc. Dans ce cadre, je tiens un rôle de conseiller mettant à disposition mes connaissances, mes relations, mon expérience. Mon contrat stipule qu’en tant que président je dois donner des conseils sur toutes les questions importantes. L’un des sujets qui nous occupent: comment réagir à la globalisation. Il faut examiner aussi ce que le président ne fait pas: il n’a aucun contact avec les exposants et ne représente pas la foire auprès des médias ni des sponsors. C’est donc un rôle purement stratégique. Ernst Beyeler avait une fonction similaire. Lorsque j’étais directeur d’Art Basel, je le consultais régulièrement. Il était le doyen de la foire, son soutien était précieux.

Vous avez été l’artisan de la foire Art Basel Miami Beach. En quoi est-ce un nouveau modèle de foire ? La nouveauté a été de combiner un événement culturel et un événement commercial. Aux États Unis, les foires sont toujours commerciales. Il n’y avait pas de biennales ou bien elles étaient organisées par les musées seulement. J’ai engagé des curateurs pour des secteurs comme la vidéo, la performance et l’art public. Ils apportent un concept qui dépasse la simple présentation commerciale.

Ensuite, la ville s’est considérablement impliquée pour décentraliser l’événement dans des lieux publics comme la plage, par exemple. D’autres organisateurs contribuent à cette réalisation comme le Design District ou le Jardin botanique. Et d’autres foires parallèles se sont greffées sur le projet et ont poussé comme des champignons après la pluie. On en compte une vingtaine désormais. C’est donc un énorme événement qui combine les arts plastiques avec d’autres domaines comme le cinéma, l’architecture, le design et la musique.

Pourquoi Miami ? Nous voulions étendre la foire de Bâle en Amérique. Nous cherchions à lier les scènes artistiques de l’Amérique du Nord, de l’Amérique latine et de l’Europe. Alors où aller ? D’abord, il nous fallait des infrastructures touristiques comme un aéroport international, des hôtels, des lieux d’accueil. New York ? C’était déjà le centre mondial de l’art moderne; on y aurait retrouvé nos principaux clients. Chicago ? Elle avait déjà sa foire, la plus grande à l’époque. Los Angeles ? La ville est trop décentralisée… Or, la Floride du Sud cherchait une identité culturelle qui ne soit pas seulement celle de Flipper le Dauphin. Là, pour la première fois, nous pouvions insérer dans le programme des visites de collections privées.

Nous avons regardé les réussites dans ce domaine. Il fallait éviter que l’événement soit dilué dans un lieu trop vaste mais, au contraire, qu’il rassemble la ville. À Venise, la Biennale attire le monde de l’art depuis un siècle. Art Basel fonctionne très bien depuis quarante ans. Il y a aussi Maastricht et Kassel pour la Documenta. Ces villes ne sont pas immenses. Miami Beach n’est pas Miami et pouvait devenir l’équivalent d’une petite Venise: une ville de biennale pour y multiplier les rencontres entre artistes, galeristes, curateurs, collectionneurs. Et puis, il y a eu le hasard, les collectionneurs nous soutenaient et les galeristes qui connaissaient bien la Floride nous encourageaient à y venir.

Allez-vous vous étendre en Asie ? Nous regardions vers l’Asie bien avant la réalisation de Miami et nous y avons engagé des contacts très importants. Nous y avons des collaborateurs depuis longtemps, chargés de préparer le terrain. On attendait la maturité du marché pour démarrer.

La foire de Hong Kong a obtenu le succès qu’on espérait. Art Basel l’a achetée et va contribuer à la développer par son savoir-faire. Il ne s’agit pas de cloner les foires d’art mais de développer en Asie la prochaine génération des foires d’art.

Quand Ernst Beyeler n’est pas parvenu à revendre la collection Thompson, il a dit «puisque je ne peux pas aller vers le monde, je vais faire venir le monde à Bâle». Il semble que vous faites l’inverse aujourd’hui. Les temps auraient-ils changé ? Les temps changent toujours. Nous sommes allés aux États-Unis pour rester en tête. Si les marchés se développent ailleurs, il faut y être. Art Basel est la première foire internationale du monde et fait venir des milliers de personnes. Avec la foire de Miami, on craignait que les Américains ne viennent plus à Bâle. Au contraire, ils se sont multipliés! Nous n’aurions jamais obtenu ce résultat même avec des millions de dollars en marketing. Nous espérons de la même manière nous implanter en Asie pour faire venir les grands artistes et galeristes et collectionneurs en Suisse.

Les exigences de qualité sont très précises. Pouvez-vous les définir ? Le choix d’une galerie relève de plusieurs critères: sa renommée, l’importance de ses artistes, la qualité de ses relations avec les artistes, de ses expositions, son travail de promotion des artistes, ses publications… Sait-elle, par exemple, placer des œuvres dans les bonnes collections et les bonnes institutions ? Le professionnalisme et le sérieux sont des critères incontournables. Une galerie doit avoir de l’originalité et de l’énergie. Pour nous, il ne s’agit pas de les normer; une bonne foire est comme un bouquet de fleurs ou un plat de fruits avec des couleurs et des saveurs différentes mais toutes de qualité. Nous sommes attentifs au mélange des perspectives de l’art moderne et contemporain; en termes historiques mais aussi géographiques. Les jurys d’Art Basel consacrent beaucoup de temps à visiter les galeries, les foires, les stands et, naturellement, à éplucher les dossiers.

La nouvelle crise financière vous inquiète-t-elle ? Comme tout citoyen du monde, j’éprouve des inquiétudes mais pas de panique. Je ne me fais pas de soucis pour l’art qui est apte à traverser les crises: toute crise joue un rôle dans l’art. En ce qui concerne le marché de l’art, on peut imaginer que des œuvres représentent des valeurs refuges pour des investisseurs. Toutefois, les inquiétudes sont bien réelles: les dettes des États impliquent des réductions drastiques des budgets. Les premiers postes qui subissent des érosions budgétaires sont souvent les postes touchant à la culture et à l’art. L’art passe alors pour superfétatoire. Or, les institutions culturelles manquent déjà de moyens. Elles se sont battues pour garder leur personnel au cours des précédentes crises comme celle de 2008. Une nouvelle tempête financière risque de faire fermer des musées, ou d’empêcher de nouvelles acquisitions, ou de les faire vivre au ralenti. L’une des fonctions d’un État est de maintenir la continuité quand le secteur privé va mal. Si les deux secteurs, privé et public, ont des problèmes de trésorerie, il y a un malaise.

Craignez-vous pour l’avenir du Musée de Riehen, la Fondation Beyeler ? Non. Ernst Beyeler regardait toujours l’avenir et prévoyait à long terme. Il envisageait ces sortes de tempêtes et a fait le maximum pour que l’œuvre de sa vie, ce grand cadeau qu’il nous a fait, puisse continuer très longtemps. Avec Hildy, son épouse, ils ont laissé un capital important pour la Fondation et ont fait cadeau de leurs biens. C’est très substantiel mais cela exige pour nous une efficacité et des supports nouveaux pour assurer la qualité qui fut leur marque et leur exigence.

Les coûts de fonctionnement d’un musée augmentent considérablement: les frais d’assurance, le transport des œuvres, la communication, Internet même, coûtent de plus en plus cher. C’est pourquoi nous avons besoin de sponsors et de mécènes comme, par exemple pour la Fondation, celui de notre Président HansJörg Wyss qui nous soutient généreusement.

En juin dernier, Christie’s à Londres a vendu des œuvres de la galerie Beyeler. En quoi était-ce nécessaire ? Ernst Beyeler voulait que sa galerie ferme et que les œuvres soient vendues au profit de sa Fondation. La vente lui a donné un coup de projecteur grâce à une communication aussi efficace que minutieuse. En termes financiers, elle a rapporté 56 millions de francs suisses. Ce qui nous permet d’assurer l’existence du musée à long terme. L’idée n’est pas de dépenser cet argent en un feu d’artifice spectaculaire mais de le transmettre pour soutenir la Fondation qui gère le musée. Notre budget annuel est de 25 millions de francs suisses. Nos expositions de premier rang coûtent cher malgré le succès.

Outre les expositions, vous prévoyez des acquisitions. Quelles sont-elles ? Ne comptez pas sur moi pour vous donner ici des noms d’artistes ou d’œuvres… ! Nous sommes actuellement dans la définition du projet. Oui, la Fondation Beyeler va continuer d’acheter car elle n’est pas le mausolée de la collection d’Ernst et d’Hildy qui est petite, très précise, de très haute qualité, concentrée sur des œuvres singulières. Cette collection n’a jamais cherché l’exhaustivité d’un artiste. Nous devons garder cet esprit.

Les Beyeler ont donné 166 œuvres pour ouvrir le musée. À leur mort, on en comptait 230. Cela montre qu’entre l’inauguration et sa disparition, Ernst a continué d’acheter non pas des quantités de pièces mais uniquement des chefs-d’œuvre. On connaît des œuvres, voire des collections entières, qu’il désirait acquérir. Nous les avons en ligne de mire. Et puis, il arrive que le musée reçoive des cadeaux, comme tous les grands musées qui dépendent des dons de mécènes. Il y aura donc des acquisitions mais aussi, espérons-le, des donations et des prêts à long terme. Compléter la collection d’une part, la prolonger d’autre part. Tel est notre but.

Quel répertoire envisagez-vous ? La collection donne une grande importance à la première moitié du XXe siècle. Un peu moins à la seconde. Ernst Beyeler a ouvert sa collection d’art moderne classique vers l’impressionisme abstrait, le Pop Art et la peinture allemande. Ça ouvre des portes. Nous voulons prolonger certaines voies. C’est sans doute dans cette direction que nous devons explorer les achats probables. J’ai la chance d’avoir à l’intérieur du musée comme à l’extérieur des personnes qui connaissaient Ernst Beyeler avec qui je peux discuter et réfléchir sur le développement de la collection future. Un comité artistique a été créé. Il est l’un des meilleurs du monde, constitué par le Professeur Gottfried Boehm (Université de Bâle), Alfred Pacquement (Musée Georges Pompidou, Paris), Udo Kittelmann (Nationalgalerie Berlin), Sir Nicholas Serota (Tate, Londres), Richard Amstrong (Guggenheim, New York).

Une deuxième source d’inspiration se trouve dans nos expositions. Nous montons chaque année trois expositions en lien avec la collection et deux ou trois expositions d’art contemporain, plus modestes, qui nous servent de laboratoire, d’expériences. Nous ouvrons en ce moment une exposition Louise Bourgeois. Elle a complètement sa place chez nous puisqu’elle est un lien fondamental entre l’art moderne et l’art contemporain. Pour les acquisitions, le processus intellectuel est défini, maintenant, nous passons à l’action. Il y aura des œuvres qu’Ernst Beyeler n’a pas pu obtenir et de nouveaux artistes contemporains aussi.

Comptez-vous étendre le regard du visiteur à des œuvres prêtées à long terme ? Ernst Beyeler l’a toujours fait. C’est un devoir qu’il m’a laissé. Actuellement, vous pouvez voir un Barret Newman qui est là pour longtemps. Nous ne voulons pas beaucoup d’œuvres, mais de qualité, notamment pour la collection Daros, car avec celle de Beyeler, elles se complètent merveilleusement. Trois fois par an, nous changeons l’accrochage de la collection permanente et nous complétons avec des prêts. Et puis, disons les choses, des collectionneurs rechignaient à prêter à un marchand d’art, ce qui est naturel. En général, les collectionneurs sont contents et fiers de voir leurs trésors ici, à la Fondation, ouverte aux visiteurs 365 jours par an, et qui bénéficieront d’un atelier de restauration avec quatre restaurateurs chevronnés. Ulla Dreyfus nous avait invités Ernst Beyeler et moi à déjeuner. À la fin, elle lui a demandé de choisir parmi ses toiles ce qu’il voulait «en signe de notre amitié et du soutien d’un collectionneur à votre musée», a-t-elle dit. Ainsi avons-nous acquis un très beau tableau de Max Ernst, Swamp Angel, 1940.

Comme Ernst Beyeler, vous vous effacez derrière ce que vous faites. Parlez-nous de vous car au fond, vous semblez un impatient… Je le suis en effet: impatient de nature, je me vois mal à la tête d’un musée archéologique dans un pays technocratique. Ernst était aussi impatient que déterminé. Je garde son modèle en moi. Le rythme de tout musée est lent par essence. Je pense qu’un tel musée a besoin de temps, de réflexion, de profondeur, de stabilité mais aussi, il lui est nécessaire d’être actif, agile et dynamique. Quand Ernst m’a demandé d’en prendre les rênes, j’ai beaucoup réfléchi: à la moitié de ma vie, au rais-je cette patience ? J’ai eu d’autres propositions pour diriger d’autres musées mais Ernst Beyeler avait amorcé le dynamisme du marchand dans l’économie d’un musée, de son musée; et ce challenge me convenait. Avec Art Basel, j’ai travaillé avec beaucoup de directeurs de musée. Un musée, pour moi, est lié à la vie, à la société, aux artistes vivants qui ont tant à nous transmettre. Depuis quatre ans que je dirige le musée Beyeler, je vois comment les cycles s’enchaînent. Je suis venu ici avec beaucoup de respect pour le travail effectué. J’ai encore beaucoup à apprendre et à développer. Je me régale. La transition s’est idéalement passée.

Que reste-t-il à faire ? Le musée n’a que dix ou douze ans, ce qui est encore jeune. Il n’a pas besoin de révolution mais d’évolution. Il tient une place internationalement reconnue par la qualité de son programme. Nos défis sont de continuer la collection et de proposer des expositions de même niveau. La Fondation s’est montrée excellente dans les classiques du moderne. Je voudrais autant de reconnaissance dans le contemporain établi. Et puis, trois points m’importent: l’éducation, le musée sur Internet et une forme de citoyenneté artistique.

L’éducation était au cœur du projet d’Ernst et Hildy Beyeler qui ont écrit, entre autres, qu’un des buts de la Fondation était d’intéresser le grand public et la jeune génération à l’art moderne. Nous avons un devoir de transmission envers la jeune génération. Cela passe par l’éveil à l’émerveillement, c’est-à-dire à la confrontation aux œuvres.

Pour notre présence on-line, nous venons de terminer un nouveau site où l’on a trois fois plus de visiteurs qu’au musée alors que nous avons déjà la plus grande fréquentation du pays. Désormais, nous jouons avec la vidéo pour mieux rendre témoignage. Ainsi, à l’occasion de l’exposition Serra-Brancusi, nous avons filmé Richard Serra qui parle de son travail et de sa vision du monde. C’est un beau document.

Enfin, ce que j’appelle une citoyenneté artistique revient à introduire l’art dans le domaine public. Dans les premières années du Musée, Christo et Jeanne-Claude ont empaqueté des arbres. Le public est venu en nombre. Parfois, c’est aussi à l’art d’aller vers les gens. Ainsi, l’Araignée de Louise Bourgeois s’est déplacée à Berne, à Zurich, à Genève, avant de venir ici. La presse est déjà en alerte et le public suit. Comme vous le constatez, le vrai travail commence pour créer le lien entre le passé et le présent. Tel était le testament et l’esprit d’Ernst Beyeler auxquels je tâche de répondre.

En quelques mots

Qu’est-ce qui vous émeut… …dans un objet ? L’amour qu’une personne y a mis à travers son travail. …dans une peinture ? Qu’il ouvre une fenêtre vers un monde inconnu et surprenant. …dans une sculpture ? Qu’elle matérialise une idée dans le temps et dans l’espace. …dans une photographie ? Qu’elle me permette de voir le monde à travers les yeux d’une autre personne. …dans un livre ? Qu’il me permette de vivre temporairement une vie imaginaire. …dans une musique ? C’est inexplicable, en dehors des mots. …dans une architecture ? D’organiser un environnement et les gens qui l’utilisent en harmonie.

Si vous deviez choisir une œuvre…

…dans la peinture ? Le Retable d’Issenheim, de Matthias Grünewald, pièce maîtresse des collections du Musée d’Unterlinden de Colmar. …dans la sculpture ? La Pietà de Michel-Ange, celle du Vatican, pas celle de Florence, fort belle au demeurant. …dans la musique ? Un CD de Devendra Banhart que j’ai depuis trois ans dans ma voiture et que j’écoute tous les matins en allant au musée. …dans l’architecture ? La Casa Barragan au Mexique. …dans la littérature ? Franz Kafka, la Métamorphose.

Parcours

1966 | Naissance à Bâle.

1985-1990 | Études d’Histoire de l’art et de philosophie à Bâle «que je n’ai pas terminées», avoue-t-il.

1994 | Responsable de la communication et du marketing d’Art Basel.

1998 | Directeur adjoint d’Art Basel.

2000 | Directeur d’Art Basel.

2005 | Élu Young Global Leader au Forum économique mondial de Davos.

2008 | Directeur de la Fondation Beyeler; membre du comité d’acquisitions du Musée d’Orsay (Paris).

2011 | Membre du Comité d’administration du Palais de Tokyo (Paris).

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