Textiles de l’Égypte ancienne de la collection Bouvier

L’une des plus importantes collections privées de textiles de l’Égypte ancienne est conservée dans une villa des environs de Neuchâtel. Le collectionneur Jean-François Bouvier, accompagné de son épouse, nous y accueille.Il sera beaucoup question de tissus coptes. Aussi rappelons que le terme copte dérive du mot grec Aiguptios qui signifie Égyptien. Ce terme nous est parvenu parle biais de l’arabe. Il évoque à la fois une langue, un système d’écriture et une branche du christianisme. Dans les textiles coptes s’entrecroisent des réminiscences de l’Égypte pharaonique, mâtinées d’influences gréco-romaines, sassanides et islamiques. Cette production artistique s’est échelonnée du IVe siècle jusqu’au XIIe, voire au XIIIe siècle.C’est d’Égypte que nous sont parvenus la quasi totalité des tissus de l’antiquité tardive et du début de l’ère chrétienne. Ceci s’explique par le fait que les fibres textiles dont ils sont constitués ne peuvent se conserver que dans des conditions climatiques particulières. C’est le cas dans la vallée du Nil, où de nombreux tissus ont pu garder toute la fraîcheur de leurs coloris parce que conservés dans un milieu sec, le sable du désert, à l’abri de la lumière, qui plus est. Et cela, contrairement aux tapisseries de laine aux riches motifs polychromes produits à la même époque par la Grèce, l’Asie mineure et toute la région de la Méditerranée orientale, dont nous n’avons pratiquement plus de témoignages.D’abord, qu’entend-on par tissus copte ?Jean-François Bouvier:Ce sont des ornements de tuniques, de tentures, ou de châles, tels qu’on peut les voir sur les mosaïques de Piazza Armerina,...

L’une des plus importantes collections privées de textiles de l’Égypte ancienne est conservée dans une villa des environs de Neuchâtel. Le collectionneur Jean-François Bouvier, accompagné de son épouse, nous y accueille.
Il sera beaucoup question de tissus coptes. Aussi rappelons que le terme copte dérive du mot grec Aiguptios qui signifie Égyptien. Ce terme nous est parvenu parle biais de l’arabe. Il évoque à la fois une langue, un système d’écriture et une branche du christianisme. Dans les textiles coptes s’entrecroisent des réminiscences de l’Égypte pharaonique, mâtinées d’influences gréco-romaines, sassanides et islamiques. Cette production artistique s’est échelonnée du IVe siècle jusqu’au XIIe, voire au XIIIe siècle.C’est d’Égypte que nous sont parvenus la quasi totalité des tissus de l’antiquité tardive et du début de l’ère chrétienne. Ceci s’explique par le fait que les fibres textiles dont ils sont constitués ne peuvent se conserver que dans des conditions climatiques particulières. C’est le cas dans la vallée du Nil, où de nombreux tissus ont pu garder toute la fraîcheur de leurs coloris parce que conservés dans un milieu sec, le sable du désert, à l’abri de la lumière, qui plus est. Et cela, contrairement aux tapisseries de laine aux riches motifs polychromes produits à la même époque par la Grèce, l’Asie mineure et toute la région de la Méditerranée orientale, dont nous n’avons pratiquement plus de témoignages.D’abord, qu’entend-on par tissus copte ?Jean-François Bouvier:Ce sont des ornements de tuniques, de tentures, ou de châles, tels qu’on peut les voir sur les mosaïques de Piazza Armerina, en Sicile, ou celles de Ravenne.C’est votre père, Maurice Bouvier, qui paraîtil, est à l’origine de la collection. Pouvez-vous nous en dire plus ? En quelles circonstances a t-il entrepris cette collection ?Pour l’essentiel, la collection a, en effet, été constituée par mon père. Il était professeur de droit à l’Université d’Alexandrie. C’est pendant son séjour en Égypte de 1930 à 1960 qu’il s’est intéressé aux tissus coptes et qu’il a patiemment constitué sa collection. Il se fournissait parfois chez les grands antiquaires locaux, mais surtout chez les marchands des villages qui venaient régulièrement à domicile lui présenter leurs découvertes. Ils apportaient des piles de fragments sales et fripés, glissés entre deux feuilles de papier journal. Mon père avait l’œil très sûr et, d’un seul regard, savait reconnaître la pièce intéressante. En plus de la beauté des motifs, il accordait une grande importance à l’état de conservation des textiles. Pour lui, c’était une sorte de chasse au trésor. À tout moment pouvait surgir le tissu exceptionnel que tout collectionneur rêve d’acquérir. D’achat en achat, il a ainsi constitué avec passion un ensemble de grande qualité, représentatif de l’évolution de cet art.

L’intérêt des enfants est rarement identique à celui de leurs parents. Faites vous partie des exceptions ?Mon père était collectionneur dans l’âme. Il m’a sans doute communiqué son amour de la collection car enfant j’étais déjà collectionneur et je le suis resté. À sa mort, nous avons hérité de ses collections. Il était pour moi tout à fait naturel de continuer à m’intéresser à ce qui avait fait sa joie, d’autant plus que Malou, mon épouse, partageait cet intérêt pour les tissus coptes.Vous dites que vous avez le virus du collectionneur. Vous intéressez-vous à un autre domaine que celui des textiles d’Égypte ?Les tissus coptes représentent une collection importante qu’il faut compléter quand la chose est possible, mais surtout conserver et faire connaître. Elle est source de joie mais aussi de contraintes.Aussi, à côté d’elle, nous collectionnons les médailles françaises de la Belle Epoque. C’est là un domaine peu exploré, caractérisé par une abondance d’objets, encore accessibles quant aux prix. C’est également une source de connaissances, tant historiques, techniques, qu’esthétiques. En fouinant dans les marchés aux puces, nous avons parfois la chance de tomber sur une médaille signée Rodin, Charpentier, Carabin ou Bourdelle ! Nous revivons là les momentsexaltants qu’a connus mon père quand il commençait la collection de tissus coptes.Lorsque vous en avez hérité, mesuriez-vous l’importance de la collection de tissus ?Non pas immédiatement. À l’époque où mon père collectait ces tissus il y en avait en abondance. Toutes les semaines des antiquaires venaient à la maison lui en proposer des dizaines. Pour quelques francs, il trouvait de magnifiques pièces. Mon père n’a jamais été habité par l’idée que ce qu’il achetait avait une valeur commerciale, seule la valeur esthétique l’intéressait. Après sa mort, les prix ont tellement augmenté que chaque objet est devenu précieux. Nous avons alors compris que nous étions les héritiers d’un patrimoine fabuleux, dont nous n’étions que les dépositaires.Vous avez vous-même décidé de compléter la collection. En fonction de quels critères le faites-vous ?C’est une question d’opportunité. Quand nous trouvons une pièce de qualité nous l’achetons. Il y a une vingtaine d’années, à Paris, les prix étaient encore relativement bas. Lors de certaines ventes à Drouot, les tissus étaient proposés en lots de vingt à trente pièces, parfois remarquables, adjugés pour presque rien. Je me souviens d’un grand fragment de tenture du IVe siècle que nous avons acheté pour moins de cent francs, sous le regard étonné de celui qui le présentait avec dédain. Pour nous, c’était l’occasion rêvée d’acquérir un tissu et d’enrichir la collection.Madame, pouvons-nous vous demander comment vous vivez avec la collection au quotidien ? Ne vous sentez-vous pas investie du rôle de conservatrice ?Malou Bouvier:Je crois pouvoir vous répondre que c’est effectivement le cas. La façon dont mon beau-père avait présenté les tissus n’était pas adéquate, car à la longue cette présentation aurait pu contribuer à leur destruction. Nous nous sommes donc approchés de la Fondation Abegg, qui a elle-même restauré les pièces présentées à l’exposition de Fribourg en 1991 – 1992. Par la suite, j’ai suivi des leçons auprès d’anciennes collaboratrices de cette Fondation pour pouvoir à mon tour entreprendre certains travaux de restauration. Ce qui ne nous empêche pas d’avoir fréquemment recours aux spécialistes.Jean-François Bouvier:Je tiens à ajouter que chaque fois qu’une pièce doit être restaurée, c’est avec une patience infinie que mon épouse redresse tous les fils de chaîne, perpendiculairement à tous les fils de trame, de manière à retrouver exactement la composition initiale.Une partie de votre collection a fait l’objet de différentes expositions dans des musées suisses et étrangers, le dernier en date étant celui de Clermont-Ferrand. Avez-vous été sollicités pour une prochaine exposition ?En effet il s’agit d’une exposition qui devrait avoir lieu en Roumanie, plus précisément au Musée National Cotroceni à Bucarest et ce, en collaboration avec le Musée Bargoin de Clermont-Ferrand. Des négociations sont actuellement en cours entre ces deux institutions.Avez-vous déjà envisagé l’avenir de la collection ? Est-il indiscret de connaître vos intentions à ce sujet ?En vérité, nous n’avons pris aucune décision. Ce sont nos héritiers qui décideront. Nous avons toutefois manifesté notre souhait de ne pas voir la collection dispersée, et dans l’hypothèse d’une vente, de privilégier un musée ou une fondation. Mais laissons nos enfants en décider…



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