Comme la grotte d’Ali Baba, comme un trésor soigneusement caché au fond d’un jardin ocre, briqueté, comme un monde parallèle, dense et diapré, auquel on accèderait par une porte basse dans un grenier ou un vieil atelier… J’arrive à la BRAFA ! De longues allées s’offrent à moi, rendues moelleuses par le talent d’Ani Bedrossian – qui a gagné le concours organisé avec La Cambre pour le design des tapis –, où fleurissent en rose shocking de beaux troncs tortueux : cette greffe, pour ainsi dire, du pommier sur l’olivier, de la jeunesse sur la tradition, ce fleurissement qui dit : the show must go on, c’est tout l’esprit de cette foire. À l’entrée, d’emblée deux des plus beaux stands, celui de Mermoz à gauche et un peu plus loin, à droite, celui de Phoenix Ancient Art.
Je ne me lasse pas d’admirer sur le premier cette statue mexicaine rouge et beige (Standing goddess), géométriquement décorée, jolis pieds, jolies cuisses, joli minois. Puis sur le second, ce casque étrusque ! C’est un des clous de la foire, daté du VIIIe siècle avant notre ère – quand la Grèce essaima et rayonna partout en Méditerranée –, une pièce si raffinée que je ne peux m’empêcher de l’imaginer protégeant de belles boucles blondes, sur un champ de bataille, oui, mais littéraire – le VIIIe siècle est aussi le siècle d’Homère –. Je m’enfonce maintenant dans ce monde artistique où (quasiment) tout est beau, où (quasiment) tout tente, où tout est à vendre. Dans l’allée centrale, le stand de la galerie Dutko m’enchante : puissant cercle en bronze de Bruno Romeda, et du même artiste six sièges parfaits ; joyeuse toile de Claude Viallat, lâche et plaisante comme une tapisserie ; stupéfiante boule de marbre évidée de Matthias Contzen ; merveilleuses toiles enfin, offrant l’or subtilement, de Béatrice Casadesus, dont les expositions de Brou, Port-Royal des Champs et Bar-le-Duc marquèrent les esthètes épris de spiritualité. Je continue…